Les populations d’animaux étudiées par le WWF accusent un recul de 69% à l’échelle de la planète

Communiqué, WWF

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Les causes principales du déclin de la faune sauvage sont la perte d’habitat, l’exploitation à outrance de la nature, la pollution, la crise climatique, les maladies et la propagation d’espèces invasives.

Le WWF aurait préféré donner un autre titre à ce communiqué de presse, mais la lecture du 14e «Rapport Planète Vivante 2022» publié aujourd’hui est dramatique: depuis 1970, 69% de toutes les populations examinées de mammifères, oiseaux, poissons et reptiles ont rétréci. Les causes principales du déclin de la faune sauvage sont la perte d’habitat, l’exploitation à outrance de la nature, la pollution, la crise climatique, les maladies et la propagation d’espèces invasives. Le WWF lance un appel urgent aux gouvernements, aux entreprises et au public: il faut prendre des mesures contraignantes pour mettre un terme à la destruction de la biodiversité.

  • Le «Living Planet Report» révèle un recul des populations d’animaux sauvages de 69% en moyenne ces 50 dernières années.
  • Avec une diminution de 83% de toutes les populations examinées, les espèces vivant en eau douce sont les plus touchées par la crise.
  • Géographiquement parlant, l’Amérique du Sud et centrale est au cœur de la disparition des espèces: 94% des populations d’animaux étudiées y ont subi un recul brutal de 94%.
  • Le WWF et la Société zoologique de Londres ont évalué plus de données que jamais pour ce nouveau «Living Planet Report», soit en tout 32'000 populations de 5230 espèces tout autour du globe.

«Notre santé, notre économie et toute notre existence dépendent de la nature», a commenté Thomas Vellacott, directeur général du WWF Suisse. «Elle est comme une tour: chaque élément qui la constitue représente une espèce animale ou végétale. Plus nous supprimons d’éléments, moins il y a d’espèces, et plus la nature est instable. Le rapport actuel montre que nous ne devons pas perdre de temps pour changer de cap si nous voulons laisser à nos enfants une planète où il fera bon vivre.»

Un accord similaire à celui de Paris est nécessaire

La Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15) qui se tiendra en décembre à Montréal est l’occasion de stopper la disparition des espèces. Les discussions porteront notamment sur un nouveau traité mondial visant à préserver la biodiversité. L’objectif est de stopper la disparition des espèces et des écosystèmes d’ici 2030. Le WWF compte sur la délégation suisse pour qu’elle s’engage en faveur d’objectifs ambitieux à Montréal.

Dans son rapport le plus important, le WWF est d’avis que des efforts plus poussés en faveur de la protection et de la restauration de la nature, une production et une consommation de denrées alimentaires plus durable. ainsi qu’une décarbonisation rapide et profonde de tous les secteurs peuvent freiner l’évolution actuelle. Les auteurs estiment qu’il est de la responsabilité des décideurs de transformer l’économie de manière à donner aux ressources naturelles la valeur qu’elles méritent.

L’effet de ping-pong entre la disparition des espèces et la crise climatique est pour la première fois au centre du «Rapport Planète Vivante». D’après le Conseil mondial de la biodiversité IPBES, le réchauffement terrestre va devenir la cause principale de l’extinction d’espèces ces prochaines années. A son tour, cet amenuisement de la biodiversité accélère la crise climatique. Des forêts tropicales en feu, des espèces en voie d’extinction et des monocultures toujours plus étendues diminuent la capacité des écosystèmes à stocker le carbone. Pour Thomas Vellacott: «Si nous continuons ainsi, nous risquons de perdre notre alliée dans la lutte contre la crise climatique, à savoir la nature.»

Faut-il bientôt rayer «vivante» du titre du rapport?

Selon le WWF, les crises jumelles de la biodiversité et du climat frappent de plein fouet de nombreux animaux sauvages, comme les éléphants de forêt d’Afrique. Dans certaines régions, leur population a déjà reculé de plus de 90%. Les conséquences sont fatales: sans ces éléphants, la composition de la forêt se transforme et sa capacité à stocker du carbone diminue nettement. La crise climatique accroît par ailleurs le risque de périodes de sécheresse, de sorte que l’approvisionnement des éléphants en eau est de moins en moins certain.

Un revirement est possible

Des populations en train de progresser, telles celle du grand aigle de mer ou du tigre, montrent que les pertes naturelles peuvent être stoppées. Thomas Vellacott détaille: «En multipliant les zones protégées, en transformant l’exploitation des terres et en consommant de manière plus durable, nous pouvons arrêter la perte de biodiversité. Pour y parvenir, la Suisse doit s’engager, à la COP 15, pour un accord qui réduira massivement l’empreinte écologique de nos sociétés, qui protégera nos écosystèmes, et qui garantira également à tout moment la participation et les droits des communautés locales et des peuples indigènes.»

Succès enregistrés:

  • Tigre: croissance de la population de 91%, de 121 tigres en 2009 à 235 tigres en 2018 au Népal. En 2022, 355 tigres ont été recensés.
  • Grand aigle de mer: croissance dans le territoire observé d’un couple en 1945, à 57 en 2010 dans le Schleswig-Holstein
  • Phoque gris: croissance de la population de 139% entre 2013 et 2019 en mer Baltique.
  • Gypaète barbu (CH): depuis sa réintroduction en 1991 avec trois jeunes, la population de gypaètes barbus a augmenté pour atteindre environ 250 oiseaux aujourd’hui en Suisse.
  • Castor (CH): depuis le dernier recensement de 2008, la population helvétique de castors a doublé pour atteindre environ 3500 spécimens.
Espèces animales particulièrement vulnérables:
  • Gorille des plaines de l’Ouest: recul de la population de 69% entre 2005 et 2019 dans le parc national camerounais de Nki
  • Dauphin rose de l’Amazone: diminution de 67% entre 1994 et 2016 au Brésil
  • Lion de mer australien: diminution de 64% entre 1977 et 2019
  • Alouette des champs: recul de la population de 56% entre 1980 et 2019 en Europe
  • Hérisson (CH): au cours des 25 dernières années, la population de hérissons a fortement diminué en Suisse, par exemple de 40% en ville de Zurich.
  • Lièvre brun (CH): de 1990 à 2019, la densité de lièvres bruns en Suisse est passée d'un peu plus de 4,5 lièvres/100 ha à 2,5 lièvres/100 ha.
  • Grand Tétras (CH): entre 1990 et 2017, 35% de la population suisse de grands tétras a disparu.

 

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