L’euro dévisse, la parité euro-dollar revient dans les têtes, 20 ans après

AWP

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En baisse de 0,77% à 1,0556 dollar vers 21h30, l’euro a perdu 7% depuis le début de l’année.

L’euro a plongé mercredi à son plus bas niveau en cinq ans face au dollar, ravivant la possibilité d’une parité entre les deux devises, une première depuis 20 ans, après la suspension des livraisons de gaz russe à la Pologne et à la Bulgarie.

Cette interruption est de nature à faire encore monter les prix de l’énergie et limiter la croissance, ce qui a poussé les cambistes à délaisser l’euro, qui est descendu jusqu’à 1,0515 dollar, au plus bas depuis mars 2017.

En chute de 0,77% à 1,0556 dollar vers 19H30 GMT, l’euro a perdu 7% depuis le début de l’année.

Torpillé par la décision unilatérale de la Russie, le lev, la devise bulgare, a exploré des profondeurs plus connues depuis mars 2017, et frôlé un plus bas de 19 ans.

Outre la suspension des livraisons de gaz russe, le marché s’inquiète d’une possible extension du conflit ukrainien à la région moldave séparatiste et prorusse de Transdniestrie, frappée par des explosions.

Derrière cette dégradation du conflit et l’aggravation de ses conséquences économiques, la tâche de la Banque centrale européenne (BCE) devient de plus en plus ardue.

«Est-ce que (la BCE) maintiendrait une hausse des taux en raison de l’inflation, qui risquerait de s’aggraver, comme elle l’a indiqué, ou est-ce qu’elle attendrait pour soulager l’économie?», se demande Ulrich Leuchtmann, analyste de Commerzbank.

La semaine dernière, la présidente de la BCE Christine Lagarde avait affirmé voir une «forte possibilité» que l’institution relève ses taux directeurs avant la fin de l’année.

«La chute de l’euro ne fait qu’ajouter au problème d’inflation de la BCE en augmentant les prix des importations de biens en Europe», a relevé, dans une note, Joe Manimbo, de Western Union.

Autre inquiétude qui profite au dollar, valeur refuge: une partie de l’activité chinoise est paralysée par les confinements, en plein retour du Covid-19 au sein de la deuxième économie mondiale.

Ces coups d’arrêt à l’activité rendent de plus en plus hypothétique l’objectif de croissance de 5,5% PIB que le pays s’est fixé pour 2022.

Après avoir frôlé le seuil psychologique de 1,05 dollar, l’euro a fini par rebondir en fin de journée mercredi.

Une inflexion due à des achats d’opérateurs qui avaient parié à la baisse sur la monnaie unique et ont décidé de se couvrir, selon Mazen Issa, de TD Securities.

De manière générale, le dollar, qui avait tout enfoncé sur son passage depuis le début de la semaine, a cédé un peu de terrain, au diapason du rebond des marchés actions et d’une légère baisse de la volatilité.

Parité redoutée

Pour M. Leuchtmann, «les choses ne pourraient pas être pires» pour la BCE, et il n’exclut pas que le dollar atteigne la parité face à l’euro dans un tel scénario.

«Si l’Allemagne trouve des sources d’énergie, si la récession est évitée et si le marché peut continuer d’espérer que la BCE resserrera sa politique monétaire, alors le risque de parité sera évité», énumère Jane Foley, responsable des devises de Rabobank, interrogée par l’AFP.

Dans une note lundi, elle avait souligné que l’euro n’aurait pas profité, comme en 2017, de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence française.

Au contraire, «maintenant que l’élection est passée, un embargo européen est plus probable», estime Chris Beauchamp, analyste chez IG.

Les cambistes se focalisent plutôt sur la divergence de politique monétaire des deux côtés de l’Atlantique.

En effet, le billet vert profite de la détermination de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui veut contenir l’inflation en remontant ses taux rapidement.

Les marchés s’attendent à ce que l’institution monétaire, qui se réunira les 3 et 4 mai, remonte au cours des prochains mois ses taux à un rythme plus vu depuis octobre 1980.

«Je ne pense pas qu’on s’emballe en commençant à parler» de la parité, qui n’a plus été atteinte depuis près de vingt ans (décembre 2002), considère Mazen Issa.

L’euro n’est pas la seule devise en difficulté par rapport au billet vert: la livre britannique a reculé mercredi à 1,2503 dollar, au plus bas depuis juillet 2020.

Le franc est lui allé jusqu’à 0,9701 franc suisse pour un dollar, son plus bas niveau depuis mai 2020.

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