France: la croissance a marqué le pas au deuxième trimestre

AWP

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Ce résultat s’explique par la faible consommation des ménages, qui n’a progressé que de 0,2% (contre +0,4% entre janvier et mars).

La croissance économique a marqué le pas en France au deuxième trimestre, en raison d’un ralentissement inattendu de la consommation des ménages. Une situation qui fragilise le scénario budgétaire du gouvernement, menacé par le ralentissement de l’activité au sein de la zone euro.

Selon une première estimation publiée mardi par l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee), le produit intérieur brut (PIB) hexagonal a progressé de 0,2% entre avril et mai, contre +0,4% au dernier trimestre 2018 et +0,3% au premier trimestre 2019.

Ce chiffre est inférieur à la prévision publiée le 20 juin par l’organisme public, qui tablait sur une croissance de 0,3%. Il est en revanche conforme à la dernière estimation de la Banque de France, qui s’était inquiétée de perspectives décevantes en matière industrielle.

Selon l’Insee, ce résultat s’explique par la faible consommation des ménages, qui n’a progressé que de 0,2% au cours du deuxième trimestre, malgré les gains de pouvoir d’achat liés aux mesures d’urgence votées en réponse au mouvement des «gilets jaunes».

La consommation de services a ainsi décéléré (+0,3% après +0,6%), tandis que la consommation de biens est restée atone (0% après +0,1%). L’organisme public fait notamment état d’un recul des achats alimentaires (-0,2%) et des «biens fabriqués» (-0,3%) «lié à la baisse des ventes de voitures».

Le ralentissement de la consommation, considérée comme le principal moteur de l’économie française, constitue une surprise au vu des derniers indicateurs publiés par l’Insee, mais aussi de la hausse du pouvoir d’achat, qui devrait augmenter de 2% cette année, soit son plus haut niveau depuis 2007.

D’après la Banque de France, 8,5 milliards d’euros ont été rendus aux ménages entre le dernier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019, notamment grâce aux baisses d’impôts et aux dépenses sociales annoncées en décembre pour le gouvernement.

Mais cette politique budgétaire expansionniste peine jusqu’à présent à produire ses effets sur l’activité, les ménages français préférant orienter leurs gains de pouvoir d’achat vers l’épargne, dont le taux -- proche de 15% -- est actuellement situé à un niveau record.

Contexte «pas porteur»

Selon l’Insee, la croissance économique du deuxième trimestre a également été pénalisée par les «variations de stocks», c’est-à-dire les marchandises stockées par les entreprises: ces dernières ont pesé sur la croissance à hauteur de 0,2 point, après l’avoir dopé de 0,3 point au trimestre précédent

L’investissement, à l’inverse, a soutenu l’activité. Selon l’institut de statistiques, il a accéléré de 0,9% après avoir augmenté de 0,5% au premier trimestre, grâce à l’investissement des entreprises, de nouveau très dynamique (+1,2% après +0,7%).

Le commerce extérieur, enfin, est resté neutre sur la croissance, alors qu’il l’avait pénalisée de 0,3 point au premier trimestre: les exportations ont ainsi progressé de 0,2%, tandis que les importations ont marqué le pas (+0,1% après +1,1%).

Avec ces résultats, qui surviennent dans un contexte de ralentissement généralisé de l’activité au niveau mondial, l’«acquis de croissance» – c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait à la fin de l’année si la croissance restait nulle au cours du prochain semestre – est actuellement de 1%.

Ce niveau rend incertains les objectifs fixés par le gouvernement, qui a prévu une croissance de 1,4% en 2019, en repli de 0,3 point par rapport à son scénario initial.

Le ralentissement européen, lié aux tensions commerciales provoquées par Donald Trump, aura-t-il raison de la capacité de résistance tricolore? «Le contexte global n’est pas porteur. Cela pèse forcément sur le climat conjoncturel français», souligne Emmanuel Jessua, économiste chez Rexecode.

«Le contexte mondial n’est pas bon, c’est clair. Mais il y a des ressorts internes en France» qui permettent à l’économie hexagonale de «résister», estime de son côté Eric Heyer, chercheur à l’OFCE, qui rappelle que la confiance des ménages et le climat des affaires restent bien orientés.

Selon la Banque de France, mais aussi selon le FMI et la Commission européenne, la croissance française devrait s’élever à 1,3% cette année, contre 1,7% en 2018. Ce chiffre est légèrement supérieur à la moyenne de la zone euro, où elle ne devrait pas dépasser 1,2%, selon la Commission européenne.

 

La consommation des ménages français en biens a reculé de 0,1% en juin
Les dépenses de consommation des ménages français en biens ont reculé de 0,1% en juin, après avoir augmenté de 0,3% en mai, en raison principalement d’une forte baisse des achats alimentaires, a annoncé mardi l’Insee dans un communiqué.
Sur l’ensemble du deuxième trimestre, la consommation de biens est restée atone (0%), selon des chiffres publiés un peu plus tôt par l’institut de statistiques. En incluant les achats de service, la consommation a augmenté de 0,2%, contre +0,4% au premier trimestre.
Selon l’Insee, le recul de la consommation en juin est dû principalement à la baisse des achats alimentaires: ces derniers ont chuté de 1,1%, alors qu’ils avaient augmenté de 0,2% entre janvier et mars.
«Cette baisse porte sur la consommation de biens directement issus de l’agriculture (fruits et légumes frais) mais aussi sur les achats d’aliments transformés de l’industrie agroalimentaire», détaille l’Insee.
Les achats de biens fabriqués ont quant à eux de nouveau augmenté (+0,7% après +0,5% en mai), soutenus notamment par les achats de biens durables (+0,8% après +0,4%).
D’après l’organisme public, les ventes de matériels de transport ont ainsi progressé de 2,5% et les achats d’habillement-textile de 0,7%. La consommation en biens d’équipement du logement, à l’inverse, a reculé de 1,6%.
Les dépenses d’énergie, enfin, n’ont que légèrement augmenté (+0,2%), la hausse des dépenses en carburants (+2,9%) ayant été partiellement compensée par la diminution de la consommation de gaz et d’électricité (-2,1%).
Les chiffres de la consommation sont une donnée importante pour la croissance française, traditionnellement stimulée par les achats des ménages.

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