Donald Trump, en procès à New York, s’offre une nouvelle tribune politique

AWP

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Ce mardi, avant d’entrer dans le prétoire, l’ex-président s’en est de nouveau pris à la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James, selon lui «très corrompue» et «extrêmement incompétente».

Donald Trump, jugé avec deux de ses fils pour avoir gonflé de manière frauduleuse la valeur des actifs immobiliers de la Trump Organization, s’est présenté mardi au tribunal de Manhattan, au 2e jour de ce procès civil qu’il tente de transformer en tribune politique et médiatique.

C’est devenu un exercice bien rodé pour l’ancien président des Etats-Unis, largement favori pour l’instant dans les sondages pour l’investiture républicaine à la présidentielle de 2024.

A chacune de ses arrivées dans la salle d’audience, ou lors des pauses, Donald Trump ne manque pas une occasion de dénoncer «un simulacre» de justice, «un procès truqué» ou «frauduleux» et une «ingérence électorale».

Mardi, avant d’entrer dans le prétoire, il s’en est de nouveau pris à la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James, selon lui «très corrompue» et «extrêmement incompétente». La veille, il avait qualifié cet élue démocrate afro-américaine, équivalent d’une ministre de la Justice pour l’Etat de New York, de «raciste» et de «spectacle d’horreur».

Dans la salle d’audience, le milliardaire républicain de 77 ans assiste aux débats, pour l’instant très techniques, en silence, la mine souvent renfrognée ou laissant exprimer sa lassitude. Il est assis entre ses deux principaux avocats, Alina Habba et Chris Kise, et en face de son juge, Arthur Engoron, qu’il a traité de «voyou».

Le magistrat l’a sèchement réprimandé mardi à la mi-journée, pas pour cette insulte, mais pour une publication finalement supprimée sur son réseau Truth Social, où Donald Trump s’en prenait nommément à la greffière, parlant d’elle comme de la «fiancée de (Chuck) Schumer», chef de file des démocrates au Sénat et élu de New York.

«Chasse aux sorcières»

«Les attaques personnelles contre des membres de mon équipe sont inacceptables», a tonné le juge, qui a formellement interdit aux parties de recommencer.

La présence de Donald Trump n’était pas requise par la loi à l’ouverture de ce procès civil, qui va durer plusieurs semaines, même s’il fait partie de la liste des témoins qui seront entendus.

Au printemps dernier, il ne s’était présenté à aucune audience lors d’un précédent procès civil à New York, qui s’est soldé par sa condamnation retentissante à payer cinq millions de dommages et intérêts pour agression sexuelle et diffamation d’une ancienne journaliste, E. Jean Carroll, qui l’accusait de l’avoir violée en 1996.

Cette fois, il ne manque pas de se poser en victime d’une machination judiciaire, alors qu’il est inculpé au pénal dans quatre affaires différentes, dont les procès devraient se dérouler en 2024, pour certains en pleines primaires du Parti républicain.

«Je veux voir cette chasse aux sorcières de mes propres yeux», a-t-il asséné lundi. Cette théorie de la persécution judiciaire était épousée le soir-même sur la chaîne préférée des conservateurs américains, Fox News.

Mais s’il ne risque pas d’aller en prison dans ce procès civil, il joue gros dans cette affaire, qui menace de lui faire perdre le contrôle de son empire économique, en plus de pénalités financières pouvant atteindre 250 millions de dollars.

Donald Trump, Eric Trump et un autre de ses fils, Donald Trump Jr, sont visés, avec d’autres dirigeants de la Trump Organization, par une plainte au civil de Letitia James, qui les accuse d’avoir gonflé leurs actifs de manière colossale pour obtenir des prêts plus favorables auprès des banques et de meilleures conditions d’assurance.

«Fraudes répétées»

Des accusations balayées par le camp Trump. Depuis lundi, Donald Trump raille volontiers la justice pour avoir évalué seulement à 18 millions de dollars sa luxueuse résidence Mar-a-Lago en Floride, alors qu’elle en vaudrait selon lui 1,5 milliard de dollars.

L’affaire porte sur de nombreuses autres propriétés immobilières de la Trump Organization, comme la Trump Tower ou l’immeuble du 40 Wall Street à New York, ainsi que des golfs.

Avant même le début du procès, le juge Engoron a estimé la semaine dernière dans une décision accablante pour Donald Trump que des «fraudes répétées» étaient établies, et que le parquet général avait démontré des surévaluations d’actifs entre «812 millions et 2,2 milliards de dollars par an» de 2014 à 2021.

En conséquence, le magistrat a ordonné le retrait des licences commerciales dans l’Etat de New York à Donald Trump et à ses fils dirigeants de la Trump Organization, ainsi que la confiscation des sociétés visées par la plainte, pour qu’elles soient confiées à des liquidateurs.

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