Gonet: l'actualité des marchés au 6 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,56%, S&P 500 -0,42%, Nasdaq -0,08%, Russell 2000 -2,10%, SOX +0,03%, Eurostoxx -0,25%, SMI -0,86%.

C’est une journée plutôt tristounette pour les taureaux que celle de mardi. La faute à une remontée des taux obligataires et au retour des craintes de ralentissement économique, le tout saupoudré d’une hausse du prix du pétrole. La peur d’une décélération de la croissance des Etats-Unis est à imputer aux différents PMIs européens (Purchasing Manager Indices, des sondages effectués directement auprès des directeurs d’achats de sociétés). En Allemagne par exemple, l’indice PMI des services reste à 47.3 et donc en territoire de contraction. En France c’est pire, le PMI recule à 46 en août, il était attendu inchangé à 46.7. C’est là que vous objectez que des indicateurs macro faibles sont de nature à plaire au joyeux royaume des actions. Et vous avez bien raison, du moins la plupart du temps. Souvenez-vous cependant des craquelures observées dans le marché de l’emploi américain en fin de semaine passée, le sentiment du marché tolère aisément un ralentissement économique, en revanche il a tendance à abhorrer l’’idée d’une récession, même si cette dernière – on l’oublie souvent – fait partie intégrante du cycle économique. À ce sujet, Goldman Sachs se met dans la peau du guet de la cathédrale de Lausanne et nous suggère de dormir tranquille, ses économistes ne prévoient plus que 15% de probabilités d’une récession, contre 20% auparavant, nous voici rassurés.

Revenons à nos moutons, les PMIs hors Etats-Unis sont donc faibles et cela déplait au marché des actions. En parallèle, v’la-t’y pas que l’Arabie Saoudite et la Russie, ces petits coquins, nous annoncent d’une seule voix qu’ils vont prolonger leurs coupes volontaires de production de pétrole jusqu’à la fin de l’année, soit un total de 1.3 million de barils retirés quotidiennement de l’offre. Et le pétrole de fêter cela dignement, le baril de WTI Light Crude bondit à 88$, pour revenir ce matin à 86.45$ mais la tendance déjà haussière en fin de semaine passée se confirme, le WTI a déjà cassé sa résistance de 83.60$, il regarde désormais 93.40$ et qui dit force de l’or noir dit retour instantané du spectre de l’inflation. Un prix de l’énergie en hausse peut impacter directement les dépenses de consommation, on rappelle ici que la consommation des ménages contribue à environ deux tiers du PIB d’un pays, et nous voici de retour aux PMIs, la boucle est bouclée, du moins hier dans l’esprit des acteurs du marché qui rentrent la tête et font le gros dos, car au final ce n’est pas une séance catastrophe à laquelle nous assistons, loin de là, mais une piqure de rappel est administrée aux optimistes de la cote, ce n’est peut-être pas plus mal.

Wall Street garde donc le champagne au frais hier, j’observe toutefois que la tech se comporte plutôt bien, portée notamment par Tesla (TSLA +4.69%) qui bondit après un rapport indiquant que sa production a rebondi en août à Shanghai. Je vous laisse deviner quel secteur porte la cote, il est suivi de la tech et des services de communication. Du côté obscur on retrouve les materials, les industrielles (merci les PMIs) et les utilities. C’est donc une journée marquée sous le sceau de l’appétit au risque que celle d’hier, du moins selon les différents secteurs du SPX, d’ailleurs les semi-conducteurs (SOX) parviennent à clôturer en très légère hausse. Mais au final, une pression vendeuse plutôt puissante émerge dans les 15 dernières minutes de trading, qui envoie les indices dans le rouge à la cloche. Le SPX ne parvient pas à défendre le niveau de 4500 points mais se maintient au-dessus de sa moyenne mobile à 50 jours ainsi que dans son canal haussier entamé en octobre 2022. Les shorts appuient sur le champignon en fin de séance, journée étrange que celle d’hier, la volatilité grappille 1.3%, le VIX clôture à 14.01, un niveau proche des bas-fonds. Les rendements obligataires remontent de concert avec le pétrole, le 2 ans US traite ce matin à 4.95%, le 10 ans est à 4.26%. Le dollar reprend du poil de la bête, la paire eur/usd évolue à 1.0736, attention au Dollar Index (DXY) qui tente en ce moment de casser une résistance, le DXY traite à 104.74, le top en séance du 31 mai est à 104.70, c’est à suivre de près et cela me rappelle de vous rappeler de ne jamais, jamais enterrer le billet vert trop vite.

Notons au passage qu’hier les actions de constructeurs immobiliers sont faibles, en réaction aux inquiétudes concernant la hausse des taux d’intérêts hypothécaires.

Résumons, les rendements obligataires sont en hausse, le dollar également, le pétrole aussi. Dans un tel contexte, rien d’étonnant si les indices rendent un peu de terrain aujourd’hui, ce qui n’est pas garanti, le comportement des différents secteurs du SPX hier laisse songeur.

Le yen se renforce après que le plus haut responsable du marché des changes japonais ait émis l'avertissement le plus fort depuis des mois concernant la faiblesse persistante de la monnaie. Masato Kanda décalre que les mouvements spéculatifs seraient traités "de manière appropriée", après que le yen ait atteint son plus bas niveau depuis 10 mois face au dollar. Cependant, Hajime Takata, membre du conseil d'administration de la BOJ, indique que l'assouplissement monétaire à grande échelle devait être maintenu, suggérant que les différentiels de taux d'intérêt avec les États-Unis continueraient à exercer une pression sur le yen. La paire USD/JPY traite en ce moment à 147.46, techniquement il faut regarder 151.95, c’est le top en séance du 21 octobre 2022.

L’agence Bloomberg nous apprend qu’un grand nombre d'entreprises, dont BHP et Philip Morris, ont inondé le marché avec des ventes de dette avant les données économiques clés et la décision de la Fed sur les taux d'intérêt. Au moins 40 entreprises ont fait appel aux marchés mondiaux de la dette de haute qualité hier, et environ la moitié de ces transactions - soit plus de 36 milliards de dollars de nouvelles obligations - ont été vendues aux États-Unis. Les souscripteurs prévoient que 120 milliards de dollars de dette américaine seront émis ce mois-ci, dont une grande partie devrait être émise dans les prochains jours.

Au menu macro-économique du jour, séance axée sur l'activité dans les services aux Etats-Unis avec le PMI définitif du mois d'août (15h45) et l'ISM des services (16h00).

Stellantis s'allie à Aramco dans les carburants de synthèse bas carbone. Worldline réalise une émission obligataire de 600 millions d'euros. Apple signe un nouvel accord à long terme avec Arm pour la technologie des puces. Tencent dévoilera jeudi un chatbot d'intelligence artificielle. L'usine portugaise de Volkswagen va cesser ses activités en raison d'une pénurie de composants. UBS remet en question la cession d'une partie de Credit Suisse à Apollo Capital. L'Agence américaine du médicament (FDA) accepte d'étudier une demande d'homologation pour le crovalimab de Roche. Vale commencera à construire des usines au Moyen-Orient en 2024. Le groupe saoudien STC achète une participation de 9,9% dans Telefónica. Generali émet des obligations vertes de 500 millions d'euros à échéance 2033. Swiss Life poursuit sa croissance au premier semestre 2023 et lance un programme de rachat d'actions de 300 millions de francs. Airbnb décolle de 7.2%, Blackstone gagne 3.6%, les deux titres rejoindront le SPX le 18 septembre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo gagne 0.62%, Hong Kong recule de 0.4%, Shanghai grappille 0.12% et Séoul baisse de 0.73%. Le future SPX rend 15 points et l’Europe ouvre en repli de 0.7%. L’or souffre du regain de forme du dollar, l’once revient à 1924$. Une fois encore, ce sont les taux d’intérêts américains qui donneront le la aux actions en ce mercredi, gardez un œil attentif sur le 2 et le 10 ans US.

 

L’actualité des marchés revient lundi 11 septembre

A lire aussi...