Gonet: l'actualité des marchés au 30 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,68%, S&P 500 +1,32%, Nasdaq +1,88%, Russell 2000 -0,18%, SOX +4,08%, Eurostoxx +0,49%, SMI +0,18%.

Wall Street s’offre un fort joli rebond, qui semble bien parti pour constituer un superbe «dead cat bounce». Tout semble aller mieux dans le moins mauvais des mondes… jusqu’à ce matin 6 heures, j’y reviens. Hier donc, les indices reprennent leur route vers le ciel et clôturent près de leurs plus hauts du jour. Les volumes d’échanges sont soutenus, ils augmentent de 20% par rapport à la moyenne du mois passé, à 11 milliards de titres traités sur le NYSE. Plus la journée progresse, plus on se dit que l’on a exagéré l’impact potentiel de ce nouveau variant et que les ours n’ont qu’à bien se tenir. Tous les secteurs de l’indice S&P500 (SPX) participent à la fête, mais devinez qui tient le rôle de la locomotive? Bingo! La technologie et ses géants, voyez plutôt: AAPL +2%, MSFT +2%, GOOGL 2,3%, AMZN +1,6% et TSLA +5,2%. En parallèle, les petites et moyennes capitalisations boudent et reculent légèrement, on observe donc que les généraux montent sur la colline mais que l’armée reste en plaine ce qui, vous en conviendrez, peut s’avérer fort gênant. Et dans ce mouvement qui ressemble plus à un réflexe qu’à une addition de réflexions posées, le Nasdaq100 (NDX) gagne plus hier qu’il n’avait perdu vendredi.

Notez aussi que les indices de la vieille Europe rebondissent dans des proportions nettement plus mesurées hier, eux qui ont le plus souffert vendredi. Le pétrole tente de redémarrer, le baril de WTI Light Crude revient à près de 73 dollars, l’or faiblit et revient tester 1781 dollars par once tandis que le dollar retrouve quelques couleurs (je ne comprends toujours pas pourquoi), la paire EUR/USD revient à 1,1260. Enfin les rendements obligataires reprennent quelque hauteur, le 10 ans US revient à 1,52% et la volatilité chute bien logiquement, le VIX perd 20% et revient à 22,96.

Maintenant vous pouvez oublier le dernier paragraphe, qu’il me faut réécrire.

En effet, ce matin à 6h16 heures de Genève le Financial Times (FT) publie une interview du CEO de Moderna, qui prévoit que les vaccins auront du mal à lutter contre Omicron. «Les vaccins existants seront moins efficaces pour lutter contre Omicron que les souches précédentes de Covid-19 et il faudra peut-être des mois avant que les sociétés pharmaceutiques puissent fabriquer à grande échelle de nouveaux vaccins spécifiques», déclare Stéphane Bancel, PDG de Moderna.

Et paf le marché!

Le future SPX se retourne comme une crêpe et perd 75 points quasiment d’un coup, pour se reprendre légèrement et évoluer actuellement à 4608 points. Le baril de WTI Light Crude passe de 70,50 dollars à 67,70 dollars, c’est violent et en plus le pétrole teste désormais son important support de 68 dollars. L’or remonte légèrement et vient se poser pile sur sa résistance de 1791 dollars l’once. Le dollar glisse face à la monnaie unique européenne, la paire revient à 1,1324. Enfin le rendement de l’emprunt US à 10 ans chute de 1,50% à 1,45%. Rendons-nous compte, hier les indices américains ont rebondi sur de vagues espoirs que le variant Omicron ne soit pas si dangereux que cela. Ce matin, ces mêmes indices montrent toute la nervosité qui les anime, sur la base de l’interview donnée par un homme qui a tout intérêt à produire encore plus de vaccins et probablement encore plus de nouvelles versions. N’en jetez plus, la volatilité devrait être reine ces prochains temps au pays de la finance. On peut s’attendre à un nouveau bond du VIX et donc à de belles opportunités pour ceux qui sauront garder la tête froide.

Cette interview du CEO de Moderna est clairement le déclencheur de la baisse de ce matin, alors que les intervenants auraient pu réagir aux propos de Jerome Powell, ce qu’ils n’ont pas fait. Le patron de la Fed prévient qu’omicron menace les deux volets du mandat de la Fed. «Des craintes renforcées au sujet du virus pourraient contribuer à dissuader certaines personnes de se déplacer pour aller travailler, ce qui ralentirait les progrès du marché du travail et accroîtrait les perturbations des chaînes d'approvisionnement», déclare-t-il dans des remarques préparées avant son apparition au Sénat aujourd'hui. Il n’évoque pas la possibilité de modifier le rythme du tapering. Les stratèges de Morgan Stanley prévoient désormais que l'inflation sera suffisamment modérée pour éviter toute hausse des taux de la Fed en 2022.

De son côté, Joe Biden tente de calmer tout le monde en mettant plein d’huile sur le feu. Le président des Etats-Unis exhorte les Américains à ne pas réagir de manière excessive à cette nouvelle souche. «Ce variant est une cause d'inquiétude, pas une cause de panique». Hummmmmm, son spin doctor est-il en vacances?

Tout le monde s’en fiche, mais les ventes de logements en attente aux États-Unis ont augmenté de 7,5% mois sur mois, ce qui est bien meilleur que le consensus qui prévoyait une hausse mensuelle de 0,7%. Pour le moment les investisseurs regardent du côté de Moderna, du FT et de Madame Irma, dès que Joe Biden cessera de faire paniquer ces concitoyens, on pourra se concentrer à nouveau sur la macro-économie. On se rappellera du coup que, cette nuit, les PMIs chinois sont sortis plus forts qu’attendus et repassent en territoire d’expansion. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour le PIB mondial, l’usine du monde veut dire beaucoup. Ce d’autant plus que les PMIs (Purchasing Manager Indices) montrent la confiance des directeurs d’achats et constituent donc des indicateurs avancés.

Tout cela me rappelle cette citation attribuée à Warren Buffet: «la bourse est un instrument pour transférer de l’argent de l’impatient au patient». La tempête d’incertitudes mêlée à un ras-le-bol général que subissent les marchés depuis vendredi va une fois encore permettre de faire le tri, les impatients y laisseront beaucoup de plumes.

Les États-Unis poursuivront leur plan visant à libérer 50 millions de barils de pétrole de leurs réserves stratégiques et pourraient même en libérer davantage en cas de besoin, déclare Amos Hochstein, conseiller principal au département d'État, à la chaîne CNBC.

Les conseillers scientifiques britanniques s'attendent à des centaines de cas d'omicron dans la semaine à venir, selon le Guardian. Les nouveaux cas de Covid en Allemagne ont bondi à environ 46’000. Angela Merkel et son successeur Olaf Scholz s'entretiendront aujourd'hui avec les premiers ministres des États fédérés afin de discuter des mesures à prendre pour enrayer l'épidémie. Le CDC recommande des rappels pour tous les adultes. Selon le Washington Post, Pfizer et BioNTech sont sur le point de demander à la FDA d'approuver les rappels pour les jeunes de 16 et 17 ans.

La première estimation de l'inflation française de novembre (sortie au-dessus des attentes) et les chiffres de l'emploi en Allemagne (9h55) vont précéder l'inflation européenne de novembre (11h00) et trois statistiques américaines: l'indice FHFA du prix des maisons (15h00), l'indice PMI de Chicago (15h45) et l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board (16h00).

Forbo: Research Partners passe de conserver à acheter. Givaudan: J.P. Morgan relève son objectif de cours de 4100 à 4200 francs. Idorsia: Research Partners passe de conserver à acheter. Nestlé: J.P. Morgan relève son objectif de cours de 135 à 145 francs. TotalEnergies: AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 46,20 euros. Amazon devrait dépasser ses rivaux FedEx et United Parcel Service d'ici la fin de l'année ou le début de 2022 dans le colisage. Lundin Energy pourrait céder son activité de production de pétrole pour 11 milliards de dollars.  Satya Nadella, le CEO de Microsoft, a vendu la moitié de ses actions dans la société. Facebook (Meta) repousse au 1er trimestre 2022 le changement de son ticker de FB en META. General Electric va racheter jusqu'à 25 milliards de dollars de sa dette à long terme. Parag Agrawal succède à Jack Dorsey aux commandes de Twitter. Burkhalter rachète une entreprise d'électrotechnique en Valais.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices souffrent de l’article du FT. Tokyo perd 1,63% à la cloche, Hong Kong recule de 1,74%, Shanghai traite à l’équilibre et Séoul abandonne 2,42%. Le future SPX perd 39 points et l’Europe est indiquée en repli de 1,4% à l’ouverture de 9 heures. La volatilité est à nouveau à la mode, adeptes de produits structurés, à vos marques!

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