Nouveau venu sur les ETF de taux

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Les ETF obligataires de Tabula sont négociés sur la bourse bernoise depuis fin juin. Mais qui est Tabula? Entretien avec Michael John Lytle.

Fin juin, la bourse bernoise (BX) accueillait cinq ETF émis par un nouveau venu, Tabula Investment Management. Ouverte début 2018 à Londres, la société de gestion s’est spécialisée sur les ETF obligataires, une classe d’actifs dont l’offre est encore peu étoffée. Tabula IM met à disposition des investisseurs suisses des fonds offrant des expositions au crédit, en particulier européen, et aux high yield ainsi que le premier ETF sur la prime de risque de la volatilité de crédit. Entretien avec Michael John Lytle, ancien cofondateur de Source ETF (cédé à Invesco en 2018) et directeur général de Tabula IM.

Pourquoi choisir de vous spécialiser sur les ETF de taux?

L’offre y est encore assez pauvre. Le transfert de la gestion active à la gestion passive a été nettement plus marquée dans le domaine des actions que sur les taux. Le pourcentage d'actifs gérés dans le cadre de stratégies passives obligataires ne dépasse 5% à l'heure actuelle alors que ces stratégies comptent pour 30% des investissements en actions. Il existe une soixantaine de fournisseurs d’ETF sur les actions et seulement une petite quinzaine sur l’obligataire. Dans cet univers, alors que l’on compte environ 450 ETF de taux, plus de la moitié des actifs sont concentrés sur les 30 premiers. Et les 10 premiers émetteurs concentrent 98% des actifs. Toutefois, récemment, les flux de capitaux sur les ETF obligataires témoignent de l’intérêt croissant des investisseurs qui y ont recours tant pour des utilisations tactiques que stratégiques.  

Mieux vaut identifier les bons indices
que tenter de les construire.
Quelle est la raison de la carence en ETF obligataires?

L’obligataire est une classe d’actifs beaucoup plus complexe, plus technique, que les actions. Il existe à peu près 9 millions d’instruments obligataires alors que l’univers des actions se limite à environ 70'000 titres. En outre, les obligations sont généralement échangées de gré-à-gré et la classe se divise en de multiples sous-classes – obligations émergentes, obligations souveraines, ABS, MBS… – avec des caractéristiques très différentes selon le type d’émission, la séniorité du titre par exemple. Ajoutez à cela que les fournisseurs d’indices ne sont pas les mêmes pour les actions et pour les obligations.

Tabula s’est associé avec IHS Markit pour émettre ses ETF sur leurs indices. Pour quelle raison?

Mieux vaut identifier les bons indices que tenter de les construire. Or, IHS Markit est le leader des indices sur CDS  échangeables qui apportent la liquidité au marché. A titre de comparaison, les volumes traités sur le marché des CDS sont de l’ordre de 90 milliards de dollars alors que celui des obligations investment grade US est d’environ 23 milliards. De plus, IHS Markit est l’un des rares émetteurs d’indices qui n’a pas été touché par une opération de fusion/acquisition et dont la propriété intellectuelle, clé de la réussite dans ce domaine, est restée intacte.

Appliquez-vous une approche smart bêta à vos produits?

Tous nos ETF sont des smart beta par définition. Le simple fait d’isoler la composante duration de la composante crédit résulte d’une approche smart beta.

Nous avons choisi de nous concentrer sur les facteurs de risque
et les stratégies risk premia du marché obligataire.
Appliquez-vous ou pensez-vous appliquer une approche ESG à vos produits?

Ce n’est pas encore le cas. Le marché – surtout le marché nordique – est très demandeur d’ESG mais, s’il est relativement facile d’exclure certaines activités, il est beaucoup plus difficile de distinguer l’impact positif d’une obligation et les indices sur CDS ne permettent pas de le faire car cela détruirait la liquidité. Pour l’instant nos produits sont plutôt orientés vers la pure recherche de performance.

Votre société est jeune mais votre plan de développement est ambitieux.

Nos ETF ont le passeport pour l’Autriche, le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, la Grande-Bretagne. L’autorisation pour l’Espagne et le Portugal est encore en attente. Ces produits sont déjà négociables sur les bourses britannique (London Stock Exchange) et suisse (BX Swiss).  Ils vont être introduits très prochainement à Francfort sur XETRA et la prochaine étape est probablement la bourse italienne.

Vos ETF sont cotés sur BX Swiss avec ceux de iShares, Lyxor et Xtrackers. Comment comptez-vous concurrencer les grands émetteurs?

Pour les concurrencer, nos produits doivent-être aussi bien construits, gérés et présentés que les leurs. Mais il nous faut aussi être positionnés là où ils sont absents. C’est pourquoi nous avons choisi de nous concentrer sur les facteurs de risque et les stratégies risk premia du marché obligataire.

 

Lire aussi: Tabula entre sur le marché suisse en lançant 5 ETF sur BX Swiss