Les orientations stratégiques de Société Générale mal accueillies en bourse

AWP

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L’action chute de 12,05% à 23,28 euros à la clôture de la Bourse de Paris. «Les problèmes structurels à plus long terme demeurent», jugent les analystes de KBW Europe.

Le moment de réconciliation entre la Société Générale et le marché, prévu lundi, n’a pas eu lieu. Si le nouveau directeur général de la banque Slawomir Krupa a bien présenté les grandes lignes d’un nouveau plan stratégique, les investisseurs l’ont aussitôt sanctionné en Bourse.

L’action Société Générale a chuté de 12,05% à 23,28 euros à la clôture de la Bourse de Paris lundi, effaçant environ 2 milliards d’euros de valorisation sur la journée et l’ensemble des gains réalisés depuis le début de l’année.

Il s’agit du plus important plongeon du titre depuis les secousses de mars, quand les peurs provoquées par la faillite éclair de la banque américaine SVB avaient traversé l’Atlantique.

Le groupe a publié tôt lundi matin un communiqué affichant de nouveaux objectifs financiers, avant une présentation et un moment d’échanges entre M. Krupa et une petite centaine d’analystes et d’investisseurs rassemblés dans les locaux londoniens de la banque.

Pendant près de trois heures, le nouveau directeur général a défendu ses ambitions pour la «Socgen», accueillies froidement par les analystes dans leurs notes et dans la salle.

La banque «a publié une mise à jour (de sa stratégie) décevante», ont par exemple tancé ceux de KBW Europe, pour qui «les problèmes structurels à plus long terme demeurent».

Devant des journalistes réunis un peu plus tôt dans la matinée, M. Krupa a défendu le caractère «réaliste» de sa feuille de route, «celle dont la Société Générale a besoin, une feuille de route où les promesses sont moins importantes que la capacité à les atteindre».

Cours de Bourse

La Société Générale vise désormais une croissance annuelle des revenus assez faible, entre 0% et 2% en moyenne entre 2022 et 2026, un taux de distribution compris entre 40% et 50% du résultat net publié - à titre de comparaison, il était de 90% au titre de l’an dernier - ainsi qu’un taux de rentabilité annualisé de capitaux propres (ROTE) compris entre 9% et 10% en 2026.

Ce dernier indicateur, qui donne une idée des bénéfices générés par rapport au capital investi, a varié grandement sur les dernières années, passant en publié de 11,7% en 2021 à 2,9% l’an dernier. Au cours du premier semestre, il était remonté à 5,6%.

La banque a également mis l’accent sur une augmentation de ses fonds propres, afin d’encaisser de possibles chocs.

«Ce qui compte c’est évidemment aussi la valorisation de l’entreprise», a ajouté lundi M. Krupa.

Le chantier du cours de Bourse est majeur pour la banque. Sa valorisation stagne autour de 20 milliards d’euros, trois fois moins que sa concurrente de toujours BNP Paribas, auprès de qui elle pouvait encore se comparer au début de l’ère Frédéric Oudéa, directeur général depuis l’éclatement de l’affaire Kerviel en 2008.

Dans la mêlée

La Société Générale a par ailleurs annoncé plusieurs engagements liés au climat, et notamment sa volonté de réduire de 50% par rapport à 2019 son exposition au secteur de la production de pétrole et de gaz d’ici 2025, contre 20% précédemment.

Le document publié précise en outre un objectif à 2030 de -80%, toujours par rapport à 2019, ainsi que l’arrêt de l’offre de produits et services financiers dédiés aux projets de nouveaux champs de production de pétrole et de gaz au 1er janvier 2024, une direction qu’ont également prise plusieurs autres banques.

«Société Générale ouvre une nouvelle page encourageante en adoptant enfin des mesures sur l’expansion pétro-gazière tout en épargnant ses plus gros clients», et notamment TotalEnergies, a estimé Antoine Laurent, responsable plaidoyer France de l’ONG Reclaim Finance.

Les observateurs ont par ailleurs regretté l’absence de détails sur d’éventuelles cessions d’entités, à l’image du ménage déjà enclenché parmi les banques de détail en Afrique.

S’il souhaite bien «simplifier» son portefeuille d’activités, le nouveau patron est resté discret sur celles en ligne de mire.

«Je ne peux pas donner une liste d’actifs potentiellement candidats à la cession avant (...) de trouver un acheteur», s’est justifié le directeur général. «On a aussi essayé dans le passé, en général, ça se passe très mal».

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