Value 1.0 a fait place à Value 2.0

Nicolas Simar, NN Investment Partners

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Une décennie perdue pour le style «value», mais pas pour les gestionnaires «value» adaptatifs.

  • Le style d’investissement ‘value’ a largement sous-performé au cours des turbulences de la décennie écoulée 
  • Les portefeuilles d’actions de style ‘value’ peuvent malgré tout surperformer en adoptant une approche adaptative
  • Nous identifions trois piliers d’adaptabilité: la prise en compte de nos propres biais, la gestion des risques involontaires et l’intégration systématique des facteurs ESG

L’investissement en actions ‘value’ a été confronté à d’importants facteurs structurels négatifs durant la décennie écoulée. Cette longue sous-performance est imputable à plusieurs éléments: les outils non-conventionnels utilisés par les banques centrales du monde entier, les bouleversements technologiques rencontrés par les secteurs ‘value’ traditionnels, et le faible niveau des taux d’intérêt associé à l’absence de pressions inflationnistes. En dépit de ces facteurs négatifs, les portefeuilles ‘value’ peuvent malgré tout battre le marché en s’adaptant aux changements du monde qui nous entoure.

Pour faire face aux turbulences de la décennie écoulée, les gestionnaires d’actions de style ‘value’ ne disposaient plus de nombreux outils. Certains ont décidé de conserver l’approche traditionnelle basée sur une philosophie d’achat et de conservation qui fonctionnait avant 2007. Le plus souvent, ceci impliquait d’attendre un renversement de tendance, tout en étant confronté au risque de détenir ce que l’on appelle des ‘value traps’ – c’est-à-dire des actions qui sont bon marché pour une bonne raison et qui continueront à moins bien performer que le marché en raison d’un modèle d’entreprise inefficace ou d’une mauvaise gestion. D’autres gestionnaires ont intégré de nouveaux outils dans leur processus d’investissement afin de réduire le risque de baisse, tout en conservant des portefeuilles affichant les principales caractéristiques du style ‘value’.

«En adoptant une approche adaptative, les investisseurs
en stratégies ‘value’ peuvent malgré tout battre le marché»

Nicolas Simar, Senior Portfolio Manager Euro & European High Dividend

Nous avons choisi la seconde option pour gérer nos stratégies Euro High Dividend et European High Dividend. Les résultats sont éloquents. Ces stratégies ont régulièrement surperformé sur une base relative, en dépit des importants facteurs négatifs auxquels le style d’investissement ‘value’ a été confronté. Ceci démontre qu’en adoptant une approche adaptative, les investisseurs en stratégies ‘value’ peuvent malgré tout battre le marché. Pour réaliser cette surperformance par rapport à nos pairs et à l’ensemble du marché, nous avons intégré trois piliers d’adaptabilité majeurs au sein de notre processus d’investissement. 

Le premier pilier est la prise en compte de nos propres biais. Chaque gestionnaire de portefeuille a des biais comportementaux, ce qui ne constitue pas un problème en soi aussi longtemps qu’il en a conscience et qu’il compense ceux-ci. En analysant l’historique des transactions des portefeuilles sur plus de 10 années, nous avons identifié les biais comportementaux qui ont eu un impact négatif sur la performance, ainsi que les domaines dans lesquels nos biais ont été bénéfiques. Le processus de rééquilibrage de notre répartition des actifs afin de réaligner celle-ci avec les pondérations ciblées a, par exemple, été une source importante d’alpha positif. En revanche, le fait de conserver des titres affichant une sous-performance et d’avoir une peur excessive d’acter des pertes a été une source d’alpha négatif. Ayant pris conscience de ces biais, nous avons systématiquement revu la liste des ‘value traps’ potentiels au sein de nos positions. Ceci a procuré un alpha positif significatif durant la période de volatilité sur les marchés provoquée par la crise du COVID-19.

Le second pilier est la gestion des risques macroéconomiques involontaires. Tous les gestionnaires de portefeuille connaissent le niveau de risque absolu au sein de leurs portefeuilles. Certains ne sont cependant pas conscients de la façon dont les éléments sous-jacents contribuent à ce risque et ne peuvent dès lors pas le gérer activement. En analysant les sources de risques, en évitant les risques macroéconomiques potentiellement involontaires et en allouant la majeure partie de notre budget de risque à la composante idiosyncratique (spécifique aux actions), nous réduisons significativement la sensibilité de nos portefeuilles aux chocs externes inattendus. Cette approche n’a pas empêché les stratégies de rester fidèles à leur style, puisqu’elles ont conservé leur exposition positive aux facteurs ‘value’ et de dividendes, mais d’une façon qui contrôle le risque macroéconomique. 

Le troisième pilier est l’utilisation des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) afin d’améliorer le rapport risque/rendement. Les gestionnaires de portefeuille ‘value’ peuvent passer leur univers d’investissement au crible pour identifier les entreprises à la valorisation la plus attrayante. Néanmoins, se contenter d’une analyse basique des valorisations accroît le risque de détenir des ‘value traps’. En dehors de l’examen de la valorisation, les gestionnaires de portefeuille doivent effectuer une évaluation qualitative approfondie de chaque entreprise.

Nous avons constaté qu’en intégrant systématiquement et rigoureusement des facteurs ESG dans notre processus d’investissement, et en réduisant activement l’exposition aux entreprises affichant un risque ESG élevé, nous pouvons offrir un meilleur rapport risque/rendement que la plupart de nos concurrents du segment ‘value’/dividendes. Notre approche d’exclusion basée sur des normes, notre engagement et notre politique de vote, mariés avec l’évaluation qualitative des risques ESG pertinents d’une entreprise ainsi que de leur impact financier potentiel, réduit le risque baissier de nos stratégies d’actions à haut dividende européennes et de la zone euro. Le suivi des risques ESG au niveau du portefeuille (en utilisant notre propre indicateur ESG des entreprises) procure un élément de gestion du risque supplémentaire qui limite les risques ESG involontaires.

«Value 1.0 a fait place à Value 2.0»
Valentijn van Nieuwenhuijzen, Chief Investment Officer

Ces trois piliers ont un dénominateur commun: en s’adaptant aux changements du contexte d’investissement, les gestionnaires de portefeuilles ‘value’ peuvent améliorer leur rendement ajusté au risque, tout en restant fidèle à leur style d’investissement. Au lieu de s’accrocher à l’approche Value 1.0 qui fonctionnait parfaitement avant la grande crise financière, mais qui a affiché des rendements ajustés du risque très médiocres depuis lors, nous avons adapté nos processus à la nouvelle réalité. En agissant de la sorte, nous avons procuré de meilleurs rendements ajustés au risque que la plupart de nos pairs du segment ‘value’/dividendes. Value 1.0 a fait place à Value 2.0.