USA: net ralentissement de la croissance

Blerina Uruci, T. Rowe Price

2 minutes de lecture

Comment la Fed va-t-elle faire face à la double menace d'une inflation élevée et d'un ralentissement de l'économie mondiale?

Les perspectives économiques des États-Unis pour 2023 s'annoncent comme un véritable bras de fer entre l'inflation et la croissance. La Fed reste résolue à contenir l'inflation et la politique monétaire devrait être restrictive pendant une grande partie de l'année prochaine, malgré des signes clairs de ralentissement de l'activité. Face à une inflation élevée et à un marché du travail tendu, la Fed est convaincue qu'elle n'a pas d'autre choix que de donner la priorité à son objectif de stabilité des prix et a publiquement adopté l'idée qu'une certaine pression économique sera nécessaire pour rétablir une inflation faible et stable.

Mais comment l'économie américaine va-t-elle se comporter alors que la Fed doit faire face à la double menace d'une inflation élevée et d'un ralentissement de l'économie mondiale?

Il devrait y avoir un ralentissement significatif de la croissance l'année prochaine, en raison de la baisse de la consommation. Les dépenses de consommation privée se sont maintenues jusqu'à présent cette année et ont contrebalancé l'effet négatif du commerce net et des stocks.  Mais la croissance de la consommation ralentit en fin d'année et cette tendance devrait selon moi se poursuivre, accentuée par les coûts d'emprunt élevés, les conditions financières tendues et le ralentissement attendu du marché du travail. Par ailleurs, les perspectives de la demande intérieure et extérieure se sont détériorées en raison de la crise énergétique en Europe, du ralentissement de la croissance en Chine et du resserrement synchronisé des politiques monétaires par les principales banques centrales du monde.

La convergence de ces vents contraires constituera un obstacle majeur pour l'économie américaine l'année prochaine et la fera glisser vers une récession. Bien que le marché du travail reste tendu, certains signes de ralentissement apparaissent. La croissance de l'emploi salarié a été en moyenne d'environ 400'000 par mois jusqu'à présent en 2022 et 4 millions d'emplois ont été créés.  La reprise du marché du travail a été beaucoup plus forte que prévu et la croissance de l'emploi reste nettement supérieure à celle de la période d'expansion précédant le COVID. Néanmoins, les données montrent que la demande de main-d'œuvre diminue, de nombreuses entreprises ayant annoncé des gels de recrutement ou des licenciements. L'inflation salariale semble également avoir atteint un sommet. Avec la récession, les conditions sur le marché du travail vont également se détériorer.

Que signifient cette contraction de la demande intérieure et cette détérioration du marché du travail? Ils vont probablement porter un coup significatif à l'inflation élevée et persistante que nous avons connue cette année. L'inflation globale de l'IPC, à 7,7% en glissement annuel en septembre, a baissé de près d'un point et demi de pourcentage depuis le pic de l'été. L'essentiel de cette décélération est dû à la baisse des composantes essence/diesel et énergie, mais plus récemment, des progrès ont été réalisés au niveau des prix des biens de première nécessité. Cette trajectoire de baisse de l'inflation devrait se poursuivre, du moins à court terme, avec le ralentissement de la demande mondiale, la hausse des stocks et la stabilisation des prix de l'énergie. Mais, si l'inflation globale est susceptible de ralentir encore par rapport aux sommets historiques actuels, elle restera encore à des niveaux inconfortables pour la Fed au cours du premier semestre de l'année prochaine, ce qui l'amènera à maintenir une politique monétaire restrictive.

 

Retrouvez toutes nos analyses en cliquant ici.