Thematics, expertise Safety: la sécurité en chiffres

Frédéric Dupraz, Natixis Investment Managers

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Découvrez l’interview de Frédéric Dupraz, gérant principal de l’expertise Safety, au sein de Thematics.

Les avancées technologiques inexorables créent de nouveaux risques pour la sécurité et la sûreté des personnes, des entreprises et des États. Toutefois, à mesure que de nouveaux risques menacent ce besoin fondamental, de nouvelles initiatives sont prises afin de les atténuer. Cette demande sans cesse croissante en faveur de davantage de sécurité et de sûreté dans tous les aspects de notre vie (protection des données, paiements sécurisés, sécurité dans les aéroports et dans les transports, etc.) offre ainsi des opportunités d’investissement importantes, diversifiées et uniques au sein de l’univers de la gestion thématique.

Frédéric Dupraz, gérant principal de l’expertise Safety, explique pourquoi les sociétés sélectionnées au sein de son portefeuille thématique sont en première ligne des changements intervenant dans la protection physique et numérique de nos activités quotidiennes.

Comment en êtes-vous arrivé à la gestion d’actions thématiques?

J’ai commencé ma carrière dans le conseil en management et c’est là que j’ai appris à véritablement comprendre et examiner à la loupe les entreprises. En tant que chercheur en F&A, j’apprenais comment fonctionnent les entreprises, ce qu’il fallait rechercher afin de décider si oui ou non une direction disait la vérité, etc. Ma première expérience dans le secteur de la gestion d’actifs remonte à 2006, après deux années dans la gestion de fortune. J’ai ensuite pris la responsabilité d’un portefeuille dédié au thème de la « sécurité » qui, à l’époque, était un thème vaste et relativement peu connu. Le manque de prise de conscience nous a obligés à expliquer continuellement la stratégie au marché et pourquoi la sécurité est une priorité absolue pour chaque être humain. Nous avons dû enseigner au marché une façon différente de voir la sécurité et la sûreté. Puis, avec le temps et à mesure que l’opportunité devenait mieux comprise par le marché, les investissements ont rapidement suivi. Je pense qu’il s’agit d’un thème extrêmement intéressant compte tenu de la diversité des entreprises dans lesquelles il est possible d’investir. Les opportunités vont des prestataires de services aux entreprises de cybersécurité de haute technologie, en passant par la sécurité automobile et la lutte antiparasitaire. Ainsi, nous avons accès à une gamme très variée de modèles économiques grâce à laquelle nous pouvons construire un portefeuille diversifié.

Qu’est-ce qui motive le besoin d’investir dans la sécurité et quels sont vos principaux domaines d’intérêt en tant que gérant principal?

La sécurité est un besoin humain fondamental. En psychologie et en théorie motivationnelle, la sécurité fait partie de la hiérarchie des besoins de Maslow. Cela recouvre des facteurs tels que la sécurité, la loi et l’ordre public. Mais, honnêtement, je n’étais pas conscient de tout le potentiel d’un produit «sécurité» jusqu’à il y a une dizaine d’années. Ce n’est que depuis que nous assistons à des avancées technologiques rapides que je pense que cette thématique devient d’une importance vitale. Il suffit de voir comment nos activités quotidiennes sont toutes sécurisées par des forces pratiquement invisibles, et ce, dans des domaines aussi variés que le tourisme, les achats en ligne, la production d’énergie ou les réseaux sociaux.

Ces ressources intangibles sont la pierre angulaire de l’architecture de la sécurité dans le monde d’aujourd’hui. C’est pourquoi la sécurité est une priorité absolue pour les particuliers, les chefs d’entreprise, les dirigeants d’institutions financières et les responsables gouvernementaux. Et je pense qu’elle va continuer de l’être sous l’effet de l’urbanisation, du renforcement de la surveillance réglementaire, de l’innovation et de la mondialisation. Aujourd’hui, les risques ne respectent aucune frontière et peuvent apparaître partout dans le monde en temps réel. Prenons l’industrie automobile : le contenu lié à la sécurité dans une voiture moderne a plus que doublé ces dernières années et devrait encore doubler dans les années à venir grâce aux progrès des technologies de sécurité et d’assistance à la conduite. Et les offres de sécurité augmentent sur d’autres marchés verticaux. Je m’intéresse principalement à la sécurité physique - le monde réel. Mais, j’étudie également la cybersécurité et les services de paiement. Il s’agit là d’un vaste univers couvrant le monde technologique, numérique et réel.

Quelle est la répartition entre le monde numérique et le monde réel au sein de la stratégie?

Le monde numérique représente plus de la moitié du portefeuille, cependant des opportunités peuvent également être trouvées dans le monde réel dans la mesure où c’est là un marché moins couvert par les analystes financiers. Nous pensons qu’il existe davantage d’opportunités d’anomalies de valorisation sur cette partie du marché, où la structure est également beaucoup plus fragmentée. Toutefois, il existe d’excellentes idées sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la sécurité. Le thème n’est pas circonscrit à la cybersécurité et englobe également la sécurité automobile, la sécurité alimentaire et la sécurité personnelle. Nous pouvons identifier de remarquables opportunités d’investissement dans la quasi-totalité des pans de l’économie.

Avec l’essor des appareils connectés et de l’Internet des objets, il doit exister un certain recoupement avec les entreprises identifiées pour la stratégie Sécurité et celles de la stratégie IA & Robotique?

Pour intégrer toute nouvelle technologie, il est impératif de disposer de la sécurité allant de pair. La sécurité en soi devient un facilitateur de la robotique et de l’intelligence artificielle. Il en va de même pour la cybersécurité dans la mesure où la sécurité permet de détecter les «pirates informatiques» avant que le risque ne se manifeste. Il existe inévitablement des points communs entre les deux stratégies – surtout dans le domaine de la sécurité automobile. Les véhicules autonomes sont aussi plus sûrs, il existe donc quelques petits recoupements au niveau de la stratégie dans laquelle l’entreprise ou le secteur doit se situer. Il en est de même du côté des logiciels; nous assistons à l’émergence de nouvelles entreprises de cybersécurité qui utilisent l’intelligence artificielle dans l’ensemble de leur modèle économique.

Il semble que le terme «thématique» ait remplacé «ESG» comme le mot à la mode en matière d’investissement pour 2019. Est-il difficile de se différencier dans un tel environnement concurrentiel?

Tout d’abord, je pense que l’investissement thématique est assez facile à expliquer parce qu’il recouvre des choses que tout le monde connaît bien, des thèmes à long terme qui font déjà partie de notre vie. Les enjeux ESG sont également une façon de penser à long terme. Je sais que c’est une expression qui est quelque peu galvaudée, mais avec l’ESG, vous investissez dans des entreprises qui seront là sur le long terme, raison pour laquelle nous intégrons les facteurs ESG dans notre processus de manière sérieuse et réfléchie. Pour nous, l’investissement thématique ne consiste pas uniquement à gérer des portefeuilles, il s’agit également de trouver de bonnes entreprises et de bonnes idées dans lesquelles investir. Selon moi, nous créons de la valeur parce que nous délaissons les entreprises qui bénéficient de concepts à court terme – ceux qui ne dureront pas dans le futur – au profit de celles qui bénéficient de sources de croissance à long terme. Nous avons un argument de vente unique en son genre dans la mesure où, en tant qu’équipe, nous travaillons sur ces thématiques depuis plus de 10 ans en moyenne. Nous connaissons l’industrie et savons comment investir dans cette sphère complexe. Nous connaissons parfaitement le paysage boursier et il existe un respect mutuel entre les membres de l’équipe d’investissement quant à leurs convictions et leurs connaissances.

Avez-vous une cible d’investisseurs spécifique en tête?

Les clients particuliers et distributeurs sont généralement plus réceptifs car le concept de la sécurité est relativement facile à exposer. Ces clients ont tendance à bien comprendre dans quoi ils investissent. L’Europe est un marché naturel pour nous et c’est actuellement le premier marché pour l’investissement thématique. L’Asie présente d’excellentes opportunités de pénétration dans la mesure où l’investissement thématique y est moins bien compris. Ainsi, une partie de notre stratégie consiste à essayer de cibler cette région au cours des années à venir. Les États-Unis sont la prochaine étape logique, ce marché n’ayant pas vraiment promu le concept thématique. Pour être franc, nous considérons le marché institutionnel comme un marché de plus « longue haleine ». Les institutions ont tendance à témoigner de moins d’appétit pour ce type d’investissement, en dépit de la nature extrêmement éprouvée de notre processus d’investissement. La difficulté sur ce marché est que, dans un environnement dirigé par des consultants, les stratégies d’investissement thématiques ont tendance à être cataloguées comme ce qu’elles ne sont pas. Pour autant, nous voyons certains consultants commencer à s’intéresser à ce que nous faisons, une situation qui pourrait selon nous se traduire par des opportunités dans les années à venir.

Cela dit, nous avons identifié des perspectives intéressantes au sein de la sphère institutionnelle au cours des cinq dernières années environ, mais ce marché demeure plus difficile - et son cycle de vente est plus long également.

Y a-t-il eu quelque chose qui vous a surpris au départ quant à la capacité du marché à comprendre l’investissement thématique?

Je pense qu’au départ, nous avons été surpris par la difficulté du marché à comprendre la façon dont nous définissons notre univers d’investissement. Par rapport à la «norme» en matière d’investissement thématique, lorsque nous avons élaboré notre processus d’investissement, nous avons sciemment supprimé l’obstacle dit de «pureté» que beaucoup de nos concurrents exigent pour inclure un univers ou un fonds et qui est traditionnellement fixé à un niveau de 20% ou 50%. Chez Thematics, nous avons simplement besoin d’un «leadership de marché facile à mettre en évidence» de la part du service ou de la technologie lié(e) à la thématique concernée. Cela nous permet d’accéder à un plus grand nombre d’entreprises dont les produits sont dans une phase de développement précoce et en forte croissance. Nous avons remarqué que les clients et les prospects ont adhéré à cette idée en faisant confiance aux connaissances et à l’optique de notre équipe et en accueillant favorablement les univers d’investissement plus larges et plus profonds que cette approche nous offre. Ils comprennent également que nos stratégies sont et seront toujours extrêmement exposées (ou «pures») par rapport à leurs frontières thématiques. Grâce à cette innovation, notre capacité à accéder à certaines technologies dites «moins pures» et en forte croissance est devenue pour nous un facteur de différenciation décisif par rapport à d’autres fonds existants sur le marché. Toutefois, nous continuons d’insister sur le fait que ces opportunités ne représenteront qu’une modeste partie des stratégies à l’avenir.

A quoi ressemble la feuille de route de Thematics pour les prochaines années?

Nous sommes heureux de recruter un nouveau gérant de portefeuille pour compléter la stratégie «Sécurité» en août cette année et nous nous réjouissons à l’idée de l’intégrer à l’équipe Thematics. De plus, nous avons l’intention d’ajouter deux autres gérants de portefeuille à l’équipe d’ici la fin de l’année. Nous pouvons dire que nous recrutons de façon assez énergique ! Dans l’intervalle, nous devons veiller sur la performance qui, nous en sommes convaincus, conduira à une croissance des actifs. Nous en voyons déjà les prémices grâce à des performances encourageantes depuis le lancement de nos stratégies. Nous nous sommes fixés un objectif de 5 milliards de dollars d’actifs sous gestion au cours des prochaines années, ce qui, à notre avis, est tout à fait réalisable si nous poursuivons sur cette même lancée.

Cet entretien a eu lieu en avril 2019

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