Technologies: actions Europe vs. actions US

Matthias Born, Berenberg

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Les catalyseurs numériques de l'Europe – là où l'Europe se défend face aux États-Unis dans le domaine de la technologie.

La technologie numérique a été l’un des principaux moteurs de rendement pour les investisseurs au cours des 10 dernières années, mais pour beaucoup, il s’agit d’un domaine dans lequel l’Europe ne peut espérer rivaliser avec les FAANGs américains. Pourtant, il y a des domaines dans lesquels les noms technologiques européens sont plus que convaincants, en particulier ceux qui sont des «facilitateurs numériques». De plus, certaines tendances positives renforcent les entreprises européennes dans ce domaine. Les investisseurs à la recherche de valeurs de croissance des technologies numériques devraient considérer l’Europe comme un terrain d’opportunité.

En effet, le continent a en fait eu plus d'introductions en bourse dans le domaine de la technologie que les États-Unis au cours des cinq dernières années, même si la taille moyenne des transactions est plus petite. Les investissements de capital-risque dans la technologie en Europe ont également doublé au cours des trois dernières années et, bien que toujours plus petits qu'aux États-Unis, ils croissent à un rythme plus rapide. Force est de constater que l'Europe n’est pas la principale force des investissements en R&D dans la technologie (sept entreprises technologiques américaines dépensent autant en R&D que le Royaume-Uni, la France et l'Espagne réunis et Amazon à lui seul dépense plus que l'Italie) cependant l'aide vient d'en haut. La Commission Européenne a fait de la numérisation une priorité et a lancé Horizon Europe, le programme de R&D de l’UE de 100 milliards d’euros.

Tout cela, ajouté au fait que les entreprises technologiques européennes ont des atouts particuliers en tant que catalyseurs clés de la numérisation, signifie que l'Europe accueille un certain nombre de leaders industriels clés dans des domaines tels que l'industrie des semi-conducteurs, les paiements électroniques ainsi que les solutions logicielles. Cette liste des facilitateurs numériques en Europe est longue.

Le marché des sociétés de services informatiques est compétitif, mais il existe encore de solides opportunités pour les investisseurs axés sur la croissance, en particulier dans les entreprises qui se concentrent sur la fourniture de solutions aux entreprises plutôt qu'aux consommateurs, ce qui est un facteur de différenciation claire entre la technologie en Europe et aux États-Unis. A ce niveau, le secteur gouvernemental est l'un des secteurs les moins avancés numériquement au monde et présente de nombreuses opportunités de croissance. Deux entreprises qui de mon point de vue devraient bénéficier de cette tendance en Europe sont le danois Netcompany, l'un des leaders européens du numérique dans le secteur avec sa plateforme Gov-Tech, et le britannique Softcat, qui élargit sa clientèle grâce aux exigences de sécurité informatique et besoins en applications cloud.

La société néerlandaise ASML, le principal fournisseur mondial de systèmes de lithographie pour l’industrie des semi-conducteurs est également un exemple clé. ASML a également bénéficié de la consolidation de l'industrie des systèmes de lithographie et est désormais la seule entreprise à investir dans la dernière technologie EUV (Extreme Ultra Violet), ce qui lui confère un monopole efficace et un très fort pricing-power. Les outils de lithographie EUV devraient continuer à entraîner le rétrécissement des puces jusqu'en 2028 au moins, où un composant pourrait être plus de 4900 fois plus fin qu'un cheveu humain. Ces minuscules puces seront des catalyseurs clés de nombreuses applications de pointe telles que l'IA ou la 5G.

Et n’oublions pas Infineon, le leader mondial des semi-conducteurs de puissance qui bénéficie d’une croissance structurelle et d’un marché porteur du fait de l’utilisation croissante des puces dans les voitures et les véhicules électriques, ainsi que d’autres grands noms tels que Dassault Systemes, Simcorp, Teamviewe…

Cependant, et malheureusement, il existe des régions et des entreprises en Europe qui sont négativement affectées par les tendances de la numérisation et qui, par conséquent, ont dû investir davantage pendant une période plus longue tout en souffrant à court terme. Les investisseurs doivent être conscients de cela et regarder l'horizon à long terme plutôt que le futur immédiat. Le géant allemand du logiciel SAP en est un bon exemple. Bien que la société ait réalisé un certain nombre d'investissements pour s'adapter au monde numérique en constante évolution, ceux-ci seront très probablement gratifiants à long terme, tandis que dans l'intervalle, des changements tels que son passage au cloud se révèlent coûteux et exercent une pression sur les marges.

L’Europe offre également des opportunités dans le secteur de la consommation. Certaines entreprises ont bien piloté le passage au numérique comme Adidas ou les grandes marques de luxe comme Gucci ou Louis Vuitton. A l’inverse beaucoup de petits acteurs et de nombreux détaillants physiques sont menacés, encore plus maintenant à cause des fermetures liées à la Covid 19. Dans ce contexte, j'éviterais également les sociétés immobilières exposées au commerce de détail, menacées par les perturbations qui se produisent dans ce domaine. Alors que dans le secteur financier, les banques de détail sont également sous la pression de la concurrence fintech, avec de nombreux acteurs du numérique prenant de l'ampleur et gagnant des clients. Tandis qu’il existe des sociétés comme Worldline, le géant français des paiements électroniques, qui bénéficient de ces opportunités technologiques. En particulier et en considérant que les paiements visent le mass-market, la société s'est récemment lancée dans une politique féroce d'acquisitions en ligne avec ses ambitions mondiales.

Au final, nous croyons que les opportunités dans le secteur technologique européen sont à saisir si les investisseurs savent où chercher et sont dans une logique longue terme.

 

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