Suite à la faillite de SVB, les secteurs du capital-risque et du private equity restent solidement ancrés, mais l'écosystème des start-ups est bousculé.
La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) aura des conséquences considérables pour l'écosystème de la technologie, dans lequel SVB occupait une position unique. Les fonds de capital-risque et de capital-investissement devront trouver d'autres créanciers, car ils ne pourront plus s'adresser à SVB afin d’obtenir des lignes de souscriptions ou de crédit qui garantissaient les actifs des investisseurs ou des partenaires des fonds. Les lignes de crédit ont permis aux fonds de capital-risque de réduire le nombre d'appels de fonds auprès de leurs commanditaires.
SVB jouait également un rôle, non officiel, de médiateur financier et commercial pour les start-ups, en mettant en relation les investisseurs et les entreprises. La décision de SVB d'accorder un prêt à une entreprise était souvent considérée comme une source de légitimité pour une start-up. SVB a également servi les entreprises qui avaient du mal à obtenir un soutien financier de la part de créanciers traditionnels. Les entreprises financées par le capital-risque qui cherchent aujourd’hui à obtenir des prêts, en particulier celles qui n'ont pas d'actifs substantiels à mettre en garantie, risquent d'avoir plus de mal à les obtenir.
Il est difficile de croire qu'une seule banque puisse succéder à SVB, même à long terme. Il est probable que des banques de proximité ou les géants du secteur bancaire interviennent pour reprendre différentes parties des activités de SVB. Mais cela ne se produira par nécessairement dans l’immédiat. D'une part, l'établissement d'une nouvelle relation de crédit prend toujours du temps, et des centaines d'entreprises sont susceptibles d'encombrer les lignes téléphoniques des banques afin de tenter d'obtenir des facilités de crédit. Les investisseurs sont également susceptibles de consacrer plus de temps à l'examen de la situation bancaire d'une entreprise et à conseiller à la direction de diversifier cette exposition avant d'investir dans cette entreprise.
L'effondrement de SVB n'a toutefois rien changé à notre stratégie sur les marchés privés. En tant qu'investisseur «crossover», qui cherche à investir dans des entreprises peu de temps avant et après leur entrée en bourse, nous sommes actifs sur ce que l'on appelle le «late stage market». L'un des avantages des investisseurs «late stage» et «crossover» est de pouvoir bénéficier d'une plus grande clarté sur la situation de l'entreprise et sur ses perspectives d'avenir, la force de son équipe de direction et une multitude d'autres facteurs qui pourraient déterminer le succès de la société en tant qu'entreprise cotée.
Au cours de l'année écoulée, le nombre d'entreprises en quête de financement a diminué par rapport au rythme rapide qu'il avait atteint durant la pandémie. Comme la Réserve fédérale américaine a relevé les taux d'intérêt et que le financement est devenu plus coûteux, le financement des entreprises en phase finale est presque au point mort, à quelques exceptions près. L'appétit pour le risque de notre division d'investissement sur les marchés privés a quelque peu diminué l'année dernière, car les opportunités sur le marché public étaient abondantes. Il y a, selon nous, beaucoup d'entreprises de qualité qui se négocient à des valorisations attrayantes.
Malgré les turbulences actuelles, il ne faut pas oublier que certaines des entreprises les plus performantes financées par le capital-risque ont été lancées à des moments où les conditions du marché étaient déjà difficiles.