Sommet historique atteint? Ne craignez pas les baisses maximales

Stuart Dunbar, Baillie Gifford

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La croissance ne dépend pas que de conditions macroéconomiques. Elle est souvent portée par les révolutions technologiques.

À trop vouloir éviter les pertes, vous risquez de passer à côté d’entreprises qui ont le potentiel d’offrir des performances exceptionnelles à long terme, affirme Stuart Dunbar

Les investisseurs se sont livrés une course folle ces dernières années. Après avoir écrasé les marchés, la pandémie de COVID-19 a fait émerger de nouveaux gagnants. Ensuite, l’inflation galopante et la forte hausse des taux d’intérêt ont bouleversé les préférences du marché. L’arrivée de la guerre aux portes de l’Europe s’est chargée du reste.  

Et aujourd’hui? Les marchés sont très enthousiastes à l’aube d’une nouvelle ère marquée par l’intelligence artificielle (IA). Recursion Pharmaceuticals, une société qui veut utiliser l’IA pour simplifier et accélérer le développement de médicaments, en est la preuve. Quand il a été annoncé que NVIDIA investissait 50 millions de dollars dans le capital-développement de Recursion, la valeur de son action a presque doublé en un jour.  

Mais si nous avons bien appris une chose sur les entreprises à forte croissance, c’est que les marchés peuvent s’enthousiasmer pour différents sujets et entreprises, puis faire preuve de pessimisme à leur égard le lendemain. Les conséquences sur le cours des actions peuvent être dramatiques.  

L’une des raisons est que les humains aiment se retrouver en terrain connu lors des phases de bouleversement, d’incertitude, d’innovation et de révolution. Cela vaut également pour les investisseurs. Ils se plaisent à réunir les titres dans des catégories telles que «croissance» ou «valeur», ou à les assigner à certains secteurs. Ils utilisent des données historiques de référence pour comparaison, ce qui crée un sentiment de sécurité trompeur.  

Pour ceux de notre industrie qui ont obtenu leur diplôme d’analyste financier, il est vrai que dans un monde de taux d’intérêt plus élevés, la valeur des flux de trésorerie futurs est plus faible; les valeurs de croissance doivent donc être dépréciées en conséquence. Depuis que le redressement des taux d’intérêt est devenu manifeste, cette théorie a été appliquée presque sans discernement à toute une série d’entreprises à forte croissance. C’était justifié dans certains cas, étant donné que les sociétés ne pouvaient générer de la croissance que sur la base d’emprunts bon marché. Mais dans de nombreux autres cas, de graves dévaluations se sont produites indépendamment des progrès des entreprises.  

Et s’il y a bien une chose que la plupart des investisseurs veulent éviter, certains à tout prix, c’est de détenir des titres dont la valeur connait une baisse maximale par rapport à son sommet historique. Il existe différentes raisons à cela, qui sont bien documentées, aussi bien sur le plan psychologique que structurel. Par exemple, les règles comptables pour les fonds de dotation ou les fonds de pension incitent clairement les gestionnaires de portefeuille à maintenir la volatilité aussi faible que possible. Le message est le suivant: ne vous trompez pas.  

Personnellement, je suis convaincu que vous ne pouvez pas être un bon investisseur si vos décisions sont guidées par la peur de vous tromper. À trop vouloir éviter les pertes, on en oublie l’essentiel: identifier des entreprises qui réalisent des performances exceptionnelles à long terme parce qu’elles ont bouleversé leur secteur, et les soutenir sur le temps long, indépendamment des fluctuations du marché.  

Des exemples marquants les opportunités manquées à cause de l’aversion à la perte. Amazon, par exemple, nous a offert un rendement de plus de 4000% au cours de nos 18 années d’investissement dans la société. Cependant, la société a également accusé une baisse de plus de 30% par rapport à son sommet historique, cinq fois au cours de cette période. NVIDIA, que nous détenons depuis six ans, nous a offert un rendement de plus de 900% pendant cette période, mais a également perdu plus de 30% de sa valeur trois fois. Atlas Copco, inscrit à nos comptes depuis 14 ans, a décuplé depuis lors malgré cinq replis de plus de 30% au cours de ces années.

Si nous avions constamment cherché à éviter les pertes, nous n’aurions pas gardé ces grands gagnants dans nos portefeuilles aussi longtemps, et nous aurions obtenu des performances nettement inférieures pour nos clients. Éviter les pertes conduit souvent à manquer des gains.  

En principe, nous devons donc adopter un raisonnement simple:

  • Surveiller l’activité des entreprises avec attention.
  • Chercher de nouvelles opportunités avec optimisme.
  • Continuer à allouer le capital de nos clients vers l’économie réelle et dans le temps long, afin de maximiser sa rentabilité  

Alors où se trouvent-elles, ces sociétés prometteuses?  

Certaines des nouvelles sociétés technologiques qui nous intéressent le plus peuvent améliorer le monde dans lequel nous vivons, par le biais de nouvelles approches thérapeutiques et de soins ou de technologies visant à décarboniser l’économie. Ce que beaucoup de ces sociétés ont en commun, et contrairement aux grands gagnants numériques de la dernière décennie, c’est qu’elles sont très capitalistiques.  

Par exemple, vous ne pouvez pas construire des «gigafactories» de batteries dans le monde entier sans lever d’importants volumes de capitaux. Les investisseurs en capital-développement doivent faire preuve de patience: parmi la nouvelle génération de champions, seules quelques sociétés gagneront de l’argent dans les trois années suivant leur création.

Outre la technologie des batteries, d’autres opportunités d’investissement dans les domaines axés sur verdissement de l’économie. Nexans, par exemple, produit des câbles de haute qualité qui acheminent l’électricité des éoliennes offshore vers le rivage. Parmi les autres exemples, citons Solar Edge, un fournisseur de technologie améliorant l’efficacité des panneaux solaires, et Eaton, qui utilise un logiciel alimenté par l’IA pour assurer la transition vers un réseau électrique intelligent.  

Dans le domaine de la santé, nous observons également un fort potentiel de croissance, non pas au niveau sectoriel, mais au sein d’entreprises individuelles qui oeuvrent à rendre le système plus efficace et plus rentable. La société Moderna, dans laquelle nous avons investi bien avant la pandémie, dispose d’une plateforme technologique permettant de développer davantage de médicaments ou de vaccins qui protègent le corps humain contre les virus, mais aussi contre de nombreuses formes de cancer.  

Qu’il s’agisse de l’énergie, de la santé ou de tout autre secteur, les grands gagnants existeront toujours. Ce ne seront pas les mêmes que par le passé. Mais une chose demeure certaine: si les investisseurs veulent en faire partie, ils doivent pouvoir tenir bon face aux baisses maximales qui succèdent aux sommets historiques.

 

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