Quels impacts du Trumpisme pour les fonds ISR?

Marc Halperin, Edmond de Rothschild (Suisse) S.A.

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La nouvelle politique américaine doit nous interroger sur ses effets pour les investisseurs, en particulier sur le positionnement des fonds durables.

 

L’histoire s’accélère avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche: après avoir vu le verre à moitié plein avec ses promesses de baisse d’impôts et de dérégulation, les marchés financiers s’inquiètent des taxes douanières et poussent les entreprises à l’attentisme et les risques inflationnistes à la hausse. Le chemin bien balisé de baisse des taux de la Fed est aujourd’hui stoppé, ce qui pénalise les secteurs à duration longue - comme les utilities ou les foncières - et ceux présentant des multiples de valorisation élevés. La plupart des fonds thématiques et ISR qui investissent traditionnellement sur des valeurs de croissance, qualitatives, plus chères, se retrouvent par conséquence pénalisés.

Les coups de boutoir de la nouvelle administration Trump envers ses alliés occidentaux appellent à un réveil de l’Union Européenne. En ce sens, le virage à 180 degrés opéré par l’Allemagne avec ses plans de relance massifs soutiendra la croissance de nombreuses entreprises comme l’atteste la performance des secteurs de la défense ou de la construction. L’épisode récent est venu rappeler aux investisseurs internationaux la décote des valeurs européennes domestiques, industrielles pour la plupart, injustement sanctionnées ces dernières années au détriment des sociétés exposées à la croissance américaine. Il est aujourd’hui toujours possible d’investir en Europe sur des valeurs qualitatives à moins de 10x le PE 2026 comme Alstom, BMW, Kion, Sopra Steria ou Outokumpu.

Climatosceptiques notoires, Donald Trump et son gouvernement reviennent sur une série de mesures environnementales adoptées par la précédente administration entrainant une cascade de décisions majeures comme la remise en cause du captage de CO2 ou l’interdiction de nouveaux projets dans l’éolien offshore aux Etats-Unis. Comme toujours, les choix américains ont une résonnance mondiale et les reculs se multiplient de ce côté-ci de l’Atlantique avec des coupes budgétaires observées dans le soutien aux voitures électriques ou à la rénovation énergétique des bâtiments. En matière d’investissement, ce sont toutes les valeurs exposées à la transition énergétique qui souffrent: des exploitants de fermes éoliennes aux fabricants de pompes à chaleur ou encore des acteurs développant du biofuel.

S’il est toujours facile de casser le thermomètre, l’urgence climatique n’a hélas pas disparu pour autant. La question qui se pose est donc: «Peut-on concilier engagement climatique et investissement dans des secteurs ayant historiquement porté la décarbonation mais qui se retrouvent aujourd’hui sans visibilité?»

La vision d’Edmond de Rothschild n’a pas varié d’un iota depuis maintenant 10 ans: l’impact positif sur le climat ne doit pas se cantonner à un nombre limité d’acteurs bien identifiés sur la thématique mais doit irriguer l’ensemble des secteurs économiques. Dans le cadre de notre stratégie sur les actions européennes durables, nous avons fait le choix d’une approche équilibrée entre les secteurs et les géographies tout en étant alignés sur l’Accord de Paris avec une trajectoire climatique inférieure à deux degrés. Cette approche pragmatique présente l’avantage d’être plus diversifiée et se révèle plus robuste sur une longue période. Elle a également le mérite de pouvoir accompagner les entreprises dans leur transition, au besoin au travers d’un dialogue avec ses dirigeants. D’où l’importance également d’une recherche interne robuste permettant d’objectiver en toute transparence et impartialité des sujets extra-financiers qui peuvent se révéler complexes. La dépendance parfois excessive à des bases de données externes peut provoquer des angles morts dans l’analyse ou des biais trop marqués.

Cette méthodologie propriétaire nous permet d’opérer un tri entre les acteurs: si nous doutons de la rentabilité à court et moyen termes de certaines filières comme l’hydrogène, d’autres nous semblent plus prometteuses comme l’efficacité énergétique dans laquelle de nombreux acteurs européens sont des champions mondiaux à l’image de Schneider, Legrand ou Kingspan. Le secteur du transport décarboné nous semble également porteur avec les plans de relance massifs des infrastructures ferroviaires bénéficiant à des acteurs comme Alstom ou Getlink.

Sur les labels, une approche trop dogmatique apparait aujourd’hui destructrice de valeurs: on ne peut que s’étonner de l’exemple du régulateur allemand qui interdit pour les fonds labellisés FNG d’investir sur les valeurs de la défense ou de l’aéronautique, comme BAE Systems, Thales ou Airbus. Des entreprises aujourd’hui stratégiques pour l’Europe et dont la performance a pénalisé les fonds qui ne pouvaient pas les détenir : le secteur aéronautique/défense qui pesait moins de 2% dans les indices européens avant la guerre en Ukraine dépasse aujourd’hui les 5%. Une approche alignée sur les positions françaises ou belges serait souhaitable, ce qui permettrait à terme la création d’un véritable label européen.

 

 

 

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