Quelles opportunités pour 2024?

Raphaël Thuin & Nina Majstorovic, Tikehau Capital

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Nous entrons dans un environnement qui devrait offrir des opportunités sans précédent.


L’obligataire: une classe d’actifs toujours attractive

Dans un environnement marqué par une inflation plus structurelle et des taux d’intérêts résolument plus élevés, la valeur relative entre les actifs risqués a évolué et le marché obligataire apparait de plus en plus attractif: d’une part, la prime de risque des actions en relatif à l’obligataire est au plus bas depuis dix ans et d’autre part, les rendements demeurent à des niveaux jugés toujours attrayants. Au sein des marchés obligataires, nous privilégions le crédit européen: phénomène historiquement inhabituel, le crédit européen bénéfice de primes de risque plus attractives que le crédit américain, à la fois sur le segment Investment Grade (IG) et sur le Haut Rendement (High Yield).

En termes d’allocation, nous maintenons une préférence pour les segments de qualité, que ce soit sur l’Investment Grade ou le High Yield. D’une part, la hausse des taux d’intérêt des 18 derniers mois a fait passer le rendement des émetteurs Investment Grade (IG) en territoire positif après des années de rendements faibles ou négatifs. En parallèle, les primes de risque IG demeurent proches des niveaux historiquement compatibles avec une période de récession. Sur le segment du haut rendement, et malgré des niveaux de primes de risques probablement moins attractives en absolu, les opportunités existent: le travail fondamental sera ici clé pour identifier les émetteurs jugés de qualité affichant des niveaux de rendement attrayants, tout en se tenant à l’écart des dossiers sensibles, sujets par exemple à des problématiques aiguës de refinancement ou de soutenabilité de la dette.

Nous pensons qu’il existe également des opportunités intéressantes au sein des obligations financières. En effet, les rendements des obligations financières seniors sont désormais plus élevés que ceux des obligations d’entreprises IG de même notation. Quant aux obligations subordonnées financières, les obligations Additional Tier 1 (AT1) affichent des niveaux de rendements supérieurs d’environ 200pb par rapport aux obligations HY de même notation. Néanmoins, il faudra là aussi faire preuve de sélectivité selon nous en se positionnant principalement sur les banques européennes de premier rang, bien capitalisées, qui affichent une bonne rentabilité et ayant une exposition limitée à l’immobilier commercial.

ACTIONS: DES OPPORTUNITÉS EXISTENT AU SEIN DE MÉGATENDANCES

Nous sommes plus prudents en ce qui concerne les actions car, compte tenu des valorisations relativement élevées et des perspectives de croissances des bénéfices aujourd’hui selon nous optimistes, le risque de ralentissement économique ne semble pas totalement intégré dans les prix. Néanmoins, des opportunités existent au sein de mégatendances qui devraient concentrer l’essentiel de la croissance dans un monde où celle-ci ralentit. En ce sens, plusieurs thématiques nous semblent attractives telles que la souveraineté européenne, la santé, ou encore au sein du secteur technologique (la croissance de la publicité en ligne, du cloud ou l’émergence de l’intelligence artificielle).

Au sein de ces mégatendances, nous nous concentrons sur les entreprises que nous estimons de haute qualité.

Celles-ci affichent une rentabilité et des flux de trésorerie importants qui, lorsqu’ils sont réinvestis dans l’entreprise, peuvent générer selon nous une performance significative pour les investisseurs patients. De plus, ces sociétés jugées capables de faire preuve d’une plus grande résilience en cas de ralentissement économique, ont un fort pouvoir de fixation des prix, et sont moins sensibles au cycle économique.

Enfin, le réajustement des valorisations a été proportionnellement plus marqué sur les actifs européens qu’américains: d’une part, l’ensemble des secteurs européens se négocie aujourd’hui avec une décote par rapport à leur équivalent américain et d’autre part, le ratio de rendement des bénéfices en Europe est nettement supérieur qu’outre atlantique.
Rarement dans l’histoire, les actions européennes ont été aussi peu chères par rapport à leurs homologues américaines.

Dans l’ensemble, nous sommes optimistes quant aux perspectives qu’offre ce marché aux investisseurs. Nous entrons dans un nouveau cycle de croissance marqué par une tendance désinflationniste continue de part et d’autre de l’Atlantique, des taux d’intérêt résolument plus élevés et un pivot potentiel des politiques monétaires laissant entrevoir des baisses de taux. Un environnement assez unique qui devrait offrir des opportunités sans précédent aux investisseurs patients, disciplinés et sélectifs.