Quand faire le bien porte ses fruits

Daniel Wild, J. Safra Sarasin

7 minutes de lecture

Les analyses de J. Safra Sarasin Sustainable Asset Management montrent que les entreprises dont les produits ont un impact positif croissent plus rapidement.

En faisant coïncider ces produits avec les Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD), nous pouvons créer des portefeuilles à la fois financièrement intéressants et ayant une incidence positive sur l’environnement et la société.

L’innovation, moteur essentiel de la croissance économique

L’innovation est le moteur d’une croissance économique durable. Les entreprises y contribuent en commercialisant des idées innovantes et en assurant leur adoption à grande échelle. Elle permet aux entreprises de croître plus rapidement à mesure qu’elles se développent et gagnent des parts de marché. Cependant, identifier les entreprises à forte croissance n’est pas toujours chose aisée. La croissance historique des ventes est un piètre indicateur de la croissance future. Seules 6,3% de la part des entreprises à plus forte croissance continuent de voir leur croissance accélérer au cours des cinq années suivantes1. Cette relation est stable depuis plusieurs décennies et se vérifie sur tous les marchés de la planète.

Identifier les produits innovants et à impact

Pour cibler les opportunités de croissance, il existe un meilleur moyen, qui consiste à identifier les produits offrant de l’attrait et ayant un impact positif. Nombre des problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés, comme ceux liés au changement climatique et à la biodiversité, ne peuvent être résolus que par des efforts durables. Par conséquent, les entreprises qui offrent des solutions à ces défis devraient voir leur croissance se poursuivre sur le long terme.

Afin d’identifier ces acteurs innovants, nous avons analysé plus de 1600 entreprises et leurs performances sur huit ans, à l’aide de données d’exposition précises en termes de produits2. Nous avons créé dix groupes de produits que nous considérons comme «ayant un impact», couvrant de nombreux domaines de l’écologie (bâtiments verts, protection des écosystèmes, énergies renouvelables, etc.) ainsi que des enjeux sociaux comme l’accès la nutrition, l’accès à la santé ou l’accès à la finance.

Les entreprises offrant des produits à impact croissent plus vite

Notre analyse s’est avérée très efficace pour prévoir la croissance future du chiffre d’affaires. Les entreprises même faiblement exposées à des produits à impact ont vu leur chiffre d’affaires croître, en moyenne, d’environ 3% de plus que le marché global. Cet avantage en termes de croissance varie selon les groupes de produits (allant d’environ 1% pour la protection des écosystèmes et les bâtiments verts à plus de 4% pour les applications financières innovantes).

Si certaines de ces différences paraissent faibles, elles représentent de nets avantages au fil du temps. Une entreprise dont le portefeuille de produits est totalement dédié à la protection des écosystèmes génèrerait une croissance annuelle de son chiffre d’affaires supérieure de 2,7% à celle du marché. Sur 10 ans, cette croissance lui confèrerait une taille supérieure d’un tiers à celle de ses concurrents.

Les moyennes au sein de chaque groupe de produits masquent d’importantes disparités dans le temps et selon les entreprises. Par exemple, Snam, société italienne d’infrastructures énergétiques, dont 13% du chiffre d’affaires est considéré comme ayant un impact, a vu son chiffre d’affaires croître de 5,6% par an au cours des cinq dernières années – soit relativement plus vite que le marché global (3,7%). Drax, fournisseur britannique d’énergie 100% renouvelable, a enregistré une croissance de 11,5% par an. Le graphique ci-dessous présente le surcroît de croissance pour les différents groupes de produits. Tous les groupes de produits affichent une croissance plus rapide. Surtout, plus l’exposition aux produits à impact est élevée, plus la croissance du chiffre d’affaires est forte.

Cartographie des produits et des Objectifs de développement durable des Nations Unies

Ayant montré les capacités prédictives de notre approche, nous sommes allés plus loin et avons établi une correspondance entre tous les produits à impact et les Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD). Adoptés en 2015, ces 17 objectifs ont été acceptés dans le monde entier et font l’objet d’un suivi de la part des Nations Unies et de nombreuses sources externes, et constituent donc à ce titre un cadre complet de représentation du développement durable.

Si les ODD ont été adoptés par de nombreux États, il est clair que le secteur privé a également un rôle important à jouer dans leur réalisation. Afin de mesurer la contribution d’une entreprise aux ODD, nous avons fait correspondre les 169 cibles et 231 indicateurs sous-tendant les 17 ODD aux expositions précises des entreprises en termes de produits. Par exemple, les entreprises offrant des services de reboisement soutiennent l’objectif 15 «Vie terrestre» ainsi que les indicateurs «part de la surface forestière sur la surface terrestre totale» et «progrès vers la gestion durable des forêts».

Des allocations de portefeuille axées sur les ODD

Chez J. Safra Sarasin, nous avons mis au point le «moteur ODD», qui nous permet de créer des portefeuilles axés sur la réalisation des ODD. Ce moteur comprend trois étapes.

1. Cibler les entreprises offrant des produits et services liés aux ODD

Les produits et services qui contribuent directement aux ODD sont identifiés et décrits sur la base des données d’exposition précises aux produits fournies par des prestataires externes. Leur impact sur les perspectives de croissance des entreprises est évalué et vérifié.

2. Mesurer la contribution aux ODD

L’exposition aux produits contribuant aux ODD est mesurée de façon systématique pour chaque entreprise. Intégrer la part du chiffre d’affaires contribuant aux ODD permet aux analystes d’améliorer leurs prévisions financières et d’identifier les sociétés à plus forte croissance. Toutes choses égales par ailleurs, les entreprises générant davantage de revenus contribuant aux ODD sont privilégiées dans les portefeuilles. Leur contribution globale à l’allocation de portefeuille est également mesurée. Certains de nos portefeuilles ont des objectifs précis en termes d’exposition minimale du chiffre d’affaires aux ODD. Pour d’autres, l’exposition à des produits et services liés aux ODD donne aux gérants de portefeuille une idée du profil de croissance attendu.

Notre méthodologie permet également d’accompagner la génération de performances financières d’une contribution positive aux ODD. Cette contribution positive est variable selon les produits. Par exemple, la contribution de l’énergie produite à partir de déchets dans le cadre de l’ODD 7 «Énergie propre et d’un coût abordable» peut être mesurée soit en tonnes d’émissions de CO2 produites par des carburants fossiles évitées soit en MWh d’énergie à faible émission de CO2 produite. La contribution des produits dans le cadre de l’ODD3 «Bonne santé et bien-être» peut être mesurée à l’aune du nombre de patients traités.

3. Engager le dialogue sur des enjeux cibles ayant une incidence sur les ODD

Enfin, nous utilisons le dialogue afin de sensibiliser les entreprises aux ODD et d’essayer de mieux faire coïncider la stratégie d’entreprise et la réalisation des objectifs. Cela peut passer par des discussions régulières sur la conformité aux ODD entre les équipes d’investissement et la direction de l’entreprise, un projet d’engagement du dialogue sur un thème spécifique mené par notre équipe dédiée à l’actionnariat actif ou une initiative d’engagement collaboratif d’ordre général.

Mesurer la conformité aux ODD des portefeuilles

Pour assurer une meilleure transparence en interne et pour nos clients, il est possible de mesurer la conformité aux ODD d’un portefeuille. Afin de faciliter la compréhension, les 17 objectifs ont été regroupés dans quatre catégories: autonomiser les populations, satisfaire les besoins élémentaires, préserver le capital naturel et réaliser la transition énergétique.

La conformité aux ODD peut revêtir deux approches, mesurables en termes:

  1. d’exposition du chiffre d’affaires
  2. d’exposition par montant investi.

La première approche mesure le pourcentage de produits et services liés aux ODD pour chaque entreprise et les agrège en fonction de leur pondération dans le portefeuille. Par exemple, les entreprises dans le portefeuille modèle ci-dessous génèrent 55% de l’ensemble de leur chiffre d’affaires à partir de produits et services conformes aux ODD, contre seulement 21% pour le marché global.

La seconde approche consiste à établir un lien direct entre les investissements réalisés dans un portefeuille et la contribution obtenue. Dans l’exemple ci-dessous, un investissement d’1 million USD correspondrait à 160 000 USD en produits et services conformes aux ODD par an. Au fil du temps et à mesure que les entreprises sous-jacentes croissent, ce montant grossit. Ainsi, au bout de trois ans, l’investissement de départ donnerait une exposition de plus d’1 million USD en solutions liées aux ODD.

Enfin, l’analyse peut encore être affinée afin de couvrir des objectifs spécifiques. Dans l’exemple ci-dessous, l’exposition du portefeuille à l’ODD 7 est présentée tant en termes financiers qu’en termes de prestation de services. Si elle ne permet pas d’établir de comparaison directe pour l’ensemble des ODD, cette approche montre l’incidence sur le monde réel d’un investissement.

Générer des performances financières va de pair avec la création d’un avenir plus durable

Établir un lien entre les performances financières et les contributions positives à la durabilité n’est pas chose aisée. Notre étude sur les produits à impact et la mesure précise de l’exposition aux ODD montrent cependant qu’il est possible de faire coïncider la génération de performances financières et les contributions positives à l’environnement et à la société. Privilégier les produits et services qui favorisent directement les ODD permet d’y parvenir et aide les investisseurs à tirer parti de l’exposition à des tendances de croissance séculaire plus robuste. En outre, notre «Moteur ODD» offre aux équipes d’investissement l’infrastructure nécessaire pour construire des portefeuilles incluant des entreprises dont le chiffre d’affaires croit plus vite que l’économie, tout en contribuant à un avenir plus durable. J. Safra Sarasin a intégré la méthodologie du chiffre d’affaires lié aux ODD dans certaines de ses stratégies et a lancé un produit actions axé sur les ODD, qui relève de l’Article 9 de la SFDR3.

 

1 Chan, Karceski, Lakonishok, „The Level and Persistence of Growth rates”, Journal of Finance, 2002
2 La série de données de notre étude comprend jusqu’à 100 produits différenciés issus de deux fournisseurs de données
3 Le règlement Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) est un règlement européen visant à améliorer la transparence sur le marché des produits d’investissement durable, à empêcher l’écoblanchiment et à accroître le degré de transparence des affirmations de durabilité des intervenants des marchés financiers. Un fonds relevant de l’Article 9 du règlement SFDR désigne «un fonds ayant un objectif d’investissement durable ou qui vise une réduction des émissions de carbone».

 

 

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Méthodologie des notations
L’analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) des entreprises s’appuie sur une méthode d’évaluation développée par le département de durabilité de la Banque. Toutes les notations sont attribuées par des analystes de durabilité interne. La notation de durabilité comporte deux dimensions qui sont réunies dans la Sarasin Sustainability-Matrix®:
Notation des secteurs: analyse comparative des secteurs fondée sur leurs effets sur l’environnement et la société.
Notation des entreprises: analyse comparative des entreprises dans chaque secteur sur la base de leur prestation en termes d’opportunités et de risque dans les domaines de l’écologie, de la société et de la gouvernance d’entreprise.
Univers de placement: seules les entreprises affichant une notation suffisamment élevée (zone colorée) entrent en ligne de compte pour les placements financiers durables de la Banque J. Safra Sarasin.
Principaux thèmes
Dans le cadre des notations de durabilité, les analystes du département de durabilité évaluent la façon dont les entreprises identifient et gèrent les attentes de leurs principales parties prenantes (par exemple, les collaborateurs, les fournisseurs, les clients) ainsi que les opportunités et les risques inhérents, d’ordre général ou spécifiques à leur secteur, dans les domaines de l’écologie, de la société et de la gouvernance d’entreprise. La qualité de la direction d’une entreprise est comparée sous l’angle des opportunités et des risques dans les domaines de l’écologie, de la société et de la gouvernance avec celle d’autres entreprises du secteur.
Activités controversées (exclusions)
Certains types d’activités commerciales, considérés comme incompatibles avec le développement durable (par exemple, l’armement, l’énergie nucléaire, le tabac, la pornographie), peuvent entraîner l’exclusion de certaines entreprises de l’univers des placements durables de la Banque J. Safra Sarasin.
Sources des données
Le département de durabilité utilise de nombreuses sources de données qui sont en général accessibles au public (des rapports de gestion, la presse, des recherches sur Internet par exemple) ainsi que des données/informations relatives aux risques financiers, écologiques et sociaux et aux risques liés à la gouvernance d’entreprise et à la réputation, que des prestataires collectent sur mandat du département de durabilité.