Qu’est-ce que le growth equity?

Andreas Bezner, Stableton Financial AG

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Une classe d’actifs à part entière avec des caractéristiques différentes des actions de croissance et du private equity.

Bien que le terme «growth equity» soit répandu depuis plusieurs années, sa signification prête toujours à confusion en dehors de la communauté des investisseurs sur les marchés privés. Pour y voir plus clair, précisons tout d’abord ce que le growth equity n’est pas.

Le growth equity n’a rien à voir avec l’investissement dans les actions de croissance sur les marchés cotés, où les FAANG (Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Google) ont donné des sueurs froides aux investisseurs ces 18 derniers mois. La classe d’actifs «growth equity» englobe des entreprises en phase de croissance rapide, qui n’en sont plus à leurs débuts mais n’ont pas encore déployé tout leur potentiel. Elles se caractérisent généralement par une croissance vigoureuse de leur chiffre d’affaires et ont besoin de capitaux pour développer leurs activités, pénétrer de nouveaux marchés ou réaliser des acquisitions stratégiques. Bien que plus matures que ceux des start-up en phase initiale, les modèles d’affaires de ces entreprises continuent à évoluer et à innover.

Par comparaison historique, les entreprises montrent une nette tendance à rester privées plus longtemps. Les raisons sont multiples. Les sociétés à capitaux privés bénéficient en effet d’une plus grande marge de manœuvre opérationnelle et stratégique. Contrairement aux entreprises cotées en Bourse, ces sociétés ne sont pas soumises à la surveillance permanente du public et à l’obligation de publier des rapports trimestriels: elles peuvent donc privilégier les stratégies à long terme par rapport à la rentabilité à court terme.

Le «growth equity» occupait auparavant une position ambiguë entre capital-risque et capital-investissement. Les investisseurs ne s’y aventuraient qu’avec prudence. Mais la dynamique a changé et la classe d’actifs fait désormais valoir ses formidables atouts.

«Le marché boursier est un moyen de transférer de l’argent de l’impatient au patient.»
Warren Buffett, investisseur légendaire 

Comme le fait remarquer Warren Buffett, l’investisseur boursier type est mu par la peur et la cupidité, surtout lorsqu’il s’agit de sociétés à forte croissance. Les investisseurs peuvent suivre le mouvement par crainte de rater une opportunité, s’accrocher malgré des valorisations tendues, jeter l’éponge aux premiers signes de volatilité ou encore chercher à «acheter les baisses». 

A l’inverse, les investisseurs «growth equity» s’engagent réellement pour l’entreprise en misant à moyen terme sur la création de valeur d’une société pré-IPO innovante. 2022 a été une année décevante en termes de nombre d’IPO et de levées de fonds en phase finale, mais la dynamique de la classe d’actifs «growth equity» est restée intacte. L’innovation technologique créera toujours des opportunités pour les entreprises à croissance rapide qui s’apprêtent à révolutionner leur secteur.

Les termes «private equity» et «growth equity» ne sont pas interchangeables...

Le private equity consiste à prendre une participation majoritaire, souvent financée par emprunt, dans des sociétés relativement matures (pré-IPO) avec des flux de trésorerie plus stables mais un potentiel de croissance moins élevé que des entreprises plus jeunes. A l’inverse, les investisseurs en «growth equity» acquièrent généralement des participations minoritaires dans des sociétés au potentiel de croissance rapide. Comme les montants investis sont en fonds propres, il n’y a pas d’effet de levier. Le rendement dépend du succès de l’entreprise et non de sa capacité à honorer ses dettes.

Le point d’entrée le plus attrayant depuis une décennie

L’investissement pré-IPO par le biais du «growth equity» ne consiste pas à financer des sociétés au potentiel incertain dans l’espoir d’un rendement exceptionnel – son approche est plus pragmatique.  

La clé du succès est d’identifier les entreprises innovantes qui suivent déjà un bon rythme de croissance avec un modèle d’affaires solide et un marché cible clair. Il s’agit de capter sans attendre le potentiel offert par des entreprises qui ont réussi leur percée et se développent rapidement. Dans le cadre du «growth equity», les  entreprises bénéficient d’une plus grande flexibilité que les sociétés cotées en termes de prises de décision et de stratégies.

La création de valeur qui en résulte est particulièrement attrayante pour les investisseurs désireux de participer au succès des leaders de demain sans pour autant supporter le risque de perte totale lié aux investissements de capital-risque à un stade moins avancé. Au stade actuel du cycle économique, les transactions de «growth equity» peuvent être conclues avec des décotes substantielles – il s’agit sans doute du point d’entrée le plus attrayant depuis une décennie. Les investisseurs qui choisissent cette option seront en outre beaucoup moins enclins à se dérober à la moindre difficulté. Ces deux caractéristiques (potentiel de croissance accru et volatilité moindre) sont les ingrédients essentiels d’un rendement supérieur ajusté du risque.