Private Banking: les questions de prévoyance gagnent en importance

Sebastien Godin, PensExpert SA

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Les affaires avec la clientèle fortunée évoluent. Ce n’est pas la numérisation, dont on parle tant, qui permet d'augmenter les rendements, mais le conseil personnalisé et transversal.

Il est devenu plus difficile d'obtenir des rendements sur les marchés financiers. Le conseil bancaire personnalisé à même d’identifier les meilleures sources de performance a donc encore gagné en importance. Lorsque les bourses sont en hausse, certains clients de banques privées pensent qu'ils peuvent se passer d'un conseil en placement approfondi. Par conséquent, même les établissements financiers les plus traditionnels ont numérisé une grande partie de leurs activités de conseil afin de trouver des clients désireux de prendre eux-mêmes leurs décisions, sans passer par des conseillers. De nouveaux prestataires essaient de proposer des solutions presque entièrement numériques qui s'adressent à des segments de clientèle qui, jusqu'à récemment, ne relevaient pas du Private Banking. Mais le bouleversement des activités traditionnelles de la clientèle privée en Suisse n'est pas si rapide.

L'ouverture des interfaces des banques avec les fiduciaires, les conseillers fiscaux et les experts en prévoyance apporte à la clientèle exigeante des banques privées bien plus qu'une application bancaire digitale plus attrayante. En effet, dans le secteur de la banque privée, il est essentiel que tous les actifs soient considérés dans une perspective holistique et qu'ils soient coordonnés de manière optimale. Sinon, la clientèle se prive de rendements. Et les rendements fiscaux sont bien plus faciles à planifier que les rendements des placements.

Des actions à dividendes dans le patrimoine de prévoyance

Prenons un exemple. Imaginons le propriétaire d'une petite entreprise du secteur de la construction, âgé d'une cinquantaine d'années. L'entreprise appartient à sa famille depuis deux générations. Il dispose d'une fortune privée à sept chiffres, car il a déjà reçu une partie de son héritage sous forme de versement anticipé, et se verse un salaire pouvant atteindre 350’000 francs par an. En tant que propriétaire et directeur prudent, mais aussi afin d'être attractif pour une partie des collaborateurs, son entreprise propose des plans dits 1e à tous les employés qui remplissent les critères correspondants.

Comme le propriétaire de l'entreprise dispose déjà d'un capital de prévoyance élevé dans son plan 1e, d'environ 500’000 francs, il peut parfaitement harmoniser la stratégie de placement de la fortune de prévoyance avec celle de la fortune privée. Dans la pratique, cela se présente comme suit : grâce au montant du capital épargné dans le plan 1e, il est possible pour le propriétaire de l'entreprise de faire gérer son capital de prévoyance sur mesure dans le cadre d'un mandat de gestion de fortune selon les prescriptions de l'OPP2.

Dans ce contexte, il vaut la peine de tenir compte de certains aspects fiscaux. Comme les actions de croissance, par exemple, ne versent souvent pas ou peu de dividendes, il est préférable de conserver ces titres dans la fortune privée, tandis que les titres à dividendes sont mieux conservés dans la fortune de prévoyance. En effet, les dividendes versés y sont exonérés de l'impôt sur le revenu et de l'impôt anticipé, et il n'y a pas non plus d'impôt sur la fortune à payer. Ce n'est qu'au moment du retrait du capital qu'un impôt unique est dû. Après cela, les fonds de prévoyance font partie intégrante de la fortune privée.

Briser la progression fiscale

Les rachats dans le plan 1e permettent d'augmenter encore le rendement fiscal, car les sommes versées chaque année réduisent le montant du revenu imposable à un pour un. Cela est particulièrement intéressant pour les assurés se trouvant dans une tranche de salaire touchée par la progression fiscale. Un autre avantage des rachats est que les fonds sont protégés à 100 % contre une éventuelle redistribution dans la LPP. Certes, le capital épargné dans le cadre du plan 1e ne peut généralement pas être mis en rente, mais tous les revenus générés au fil des années appartiennent uniquement aux assurés. Lors du passage à la retraite, le patrimoine 1e peut être transféré facilement dans la fortune privée par le biais d'un transfert de titres.

Cet exemple simple montre qu'une planification prudente en matière de placement, de fiscalité et de prévoyance, peut avoir un effet très bénéfique sur la constitution d'un patrimoine. Dans la réalité, la situation et les besoins des clients sont généralement nettement plus complexes. Un conseil transversal avec des spécialistes de différentes disciplines est donc indispensable. Une application digitale à elle seule ne pourra pas fournir une telle prestation de conseil dans un avenir proche.

 

Article rédigé par Sebastien Godin, Partenaire, Responsable du soutien à la connaissance et des innovations chez PensExpert SA.