Pourquoi le prix de l’or s’emballe?

Stéphane Magnan

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En à peine 2 mois, l'or s’est envolé de plus de 13%.

D'abord poussé à la hausse par le conflit au Moyen-Orient, l'or a progressé de 140 dollars et a encore gagné 100 dollars en novembre grâce aux attentes d'une réduction plus rapide que prévu des taux directeurs de la Reserve fédérale (la Fed).

Fin novembre, les responsables de la Fed ont évoqué la possibilité de réduire les taux d'intérêt. Parmi eux, six des membres votants en 2024 ont exprimé leur volonté de maintenir les taux lors de la réunion de décembre. Cette position découle de la tendance à la baisse de l'inflation et des signes de ralentissement économique. Officiellement, la Fed n'a évidemment pas encore parlé du calendrier des futures baisses de taux. Toutefois, les marchés se sont concentrés sur les commentaires du membre du conseil des gouverneurs, Christopher Waller, habitué à une position plutôt «hawkish», c'est-à-dire en faveur de taux plus élevés pendant plus longtemps. Il a admis que la Fed envisagerait de réduire ses taux si l'inflation continuait à baisser. En conséquence, le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans est passé de 4,90% à 4,30%, les actions et l'or se sont fortement redressés et le dollar a repris sa chute.

Quel sera l’impact du conflit sur l’or au cours des prochains mois?

Si le conflit au Moyen-Orient devait s’arrêter demain, on peut estimer que l’or pourrait baisser de 140 dollars et revenir autour des 1900 dollars l’once. Cependant, il est difficile d’imaginer la fin du conflit - et plus largement des tensions - à court terme dans cette région. Toutefois, historiquement, l’impact de conflits sur l’or a eu tendance à s’estomper au cours des mois suivants le début des conflits.

Ces dernières semaines, une forte demande sur l’or a été observée et une des raisons pourrait être un mouvement de «fear of missing out» (FOMO), soit la peur de rater le train en marche. Lundi 4 décembre, l'or a dépassé très rapidement les 2075 pour toucher un nouveau plus haut historique, dans un environnement de faible volume et faible liquidité. Cependant, à l'ouverture de la session européenne, l'or était déjà repassé en dessous du niveau de résistance à 2075. Techniquement, il est encore possible que l'or reparte à la hausse et repasse au-dessus de cette résistance à très court terme. Néanmoins, à l'heure actuelle il existe peu de raisons fondamentales pour que l'or dépasse les 2100 dollars et la plupart des acteurs du marché ne sont pas prêts à acheter de l'or à ces niveaux.

Quels facteurs pourraient contribuer à pousser l’or plus haut?
  • Si la Fed décide réellement de réduire ses taux de plus de 125 points de base l'année prochaine, l'or devrait continuer à augmenter. Cela impliquerait une détérioration rapide du marché du travail américain et une économie plus faible que ce que la Fed et le marché prévoient actuellement. Le débat d'aujourd'hui porte donc sur la croissance.
  • Un autre argument en faveur de l'or serait la «demande croissante» du métal jaune de la part des banques centrales, notamment en Chine, en Russie, en Turquie... La demande des banques centrales est restée élevée en 2023 par rapport à la moyenne des dix dernières années si l’on en croit les chiffres du World Gold Council. Cependant, il n'y a aucune garantie que la demande se maintienne à long terme, par conséquent l'impact de la demande des banques centrales reste incertain. En outre, la demande a légèrement diminué par rapport au troisième trimestre 2022. Cette demande importante des banques centrales reste néanmoins un facteur positif qui soutient le prix du métal jaune.

Les investisseurs devront surveiller attentivement les données économiques dans les semaines et les mois à venir pour prendre le train au bon moment.

Ceci dit, l’or a été et restera une valeur refuge permettant une diversification efficace en cas de crise et protégeant l’investisseur contre l’inflation à long terme. A plus long terme, il y a peu de doute que l’or touche de nouveaux plus hauts historiques.