Plus loin dans la gestion thématique avec Clément Maclou

ODDO BHF Asset Management SAS

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«Sortir son épingle du jeu au travers des thèmes impactants le comportement à long terme des entreprises et des consommateurs.»

Monsieur Maclou, vous êtes un gestionnaire de fonds réputé et performant pour les stratégies thématiques de la place financière suisse. Qu'est-ce qui vous fascine dans cette approche d’investissement?

L'investissement thématique est fascinant à bien des égards. Un aspect que j'apprécie particulièrement est l'aspect personnel et émotionnel de celui-ci. Dans le monde d’aujourd’hui, nos clients doivent comprendre dans quoi ils investissent, mais aussi s’identifier aux thèmes dans lesquels ils investissent. L'investissement thématique nous permet de créer un lien émotionnel avec les clients qui va au-delà de la présentation marketing et financière classique. Je cite souvent des expériences personnelles lorsque je présente mes stratégies afin de renforcer ce lien personnel et émotionnel. Un autre aspect que je trouve très attractif est le pouvoir différenciant de l'investissement thématique par rapport aux acteurs traditionnels ou aux investissements passifs. En effet, l'investissement thématique est un excellent moyen de créer un portefeuille concentré avec un «active share» élevée et un faible recoupement avec les indices traditionnels. L'investissement thématique implique également une gestion active de nos stratégies afin de s'adapter à un monde en constante évolution et de capter les nouvelles tendances.

Il existe une infinité de thèmes dans lesquels investir de l'argent. Dans lesquels vous spécialisez-vous?

Il est vrai qu'il existe une infinité de thèmes dans lesquels investir son argent mais tous ne conviennent pas à notre approche. Nous nous concentrons sur les tendances séculaires de long terme qui auront des impacts significatifs sur notre société, notre économie et nos entreprises. Nous faisons attention à ne pas investir dans des thématiques de court terme qui sont des effets de mode volatils ou avec un univers d'investissement trop restreint. Le groupe ODDO BHF se concentre actuellement sur plusieurs thèmes d'investissement parmi lesquels on peut citer l'essor de l'intelligence artificielle, la transition écologique et la révolution alimentaire. Trois sujets qui sont au cœur de notre société et qui sont soutenus par des facteurs à long terme bien identifiés allant des changements technologiques à la durabilité en passant par la démographie.

Mais il existe un nombre quasi infini de sociétés cotées. Comment trouvez-vous les perles et combien de temps les détenez-vous dans le fonds?

La création d'un univers d'investissement adéquat est essentielle pour trouver les sociétés qui offrent des performances supérieures à la moyenne sur le long terme. L'équipe thématique ODDO BHF utilise le même processus en 3 étapes pour tous nos fonds. La première étape consiste à identifier les entreprises les plus prometteuses liées à la thématique grâce à l'analyse de l'IA et du Big Data en adéquation avec l'approche d'investissement définie par l’équipe dans un livre blanc. La deuxième étape consiste à créer une «short list» en utilisant une méthodologie «Bottom Up» et «Top Down». La dernière étape consiste à faire une analyse fondamentale de l'entreprise afin de sélectionner entre 40 et 60 titres. Notre horizon d'investissement est clairement long terme car nous souhaitons capitaliser sur des cycles qui peuvent s'étaler sur plusieurs années.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la stratégie Future of Food que vous gérez, quels sont les objectifs, les moteurs et les défis?

L’objectif du fonds est de chercher à générer des rendements à long terme en investissant sur les changements structurels en cours dans l’industrie agroalimentaire. Nous offrons à nos investisseurs une exposition à la révolution alimentaire en cours tout au long de la chaîne de valeur, de la «ferme à l'assiette», en investissant dans des secteurs tels que la technologie agricole, la livraison de nourriture, l'emballage durable ou l'alimentation naturelle et biologique. La révolution alimentaire est motivée par des facteurs structurels et prévisibles à long terme tels que la démographie, l'urbanisation et l'accès à la classe moyenne. Concernant les défis, je pense que les plus pertinents sont la santé et la durabilité. La question clé est de savoir comment nourrir une population croissante tout en gardant les gens en bonne santé et en respectant les limites de notre planète.

Alors, quelles sont les solutions proposées par l'industrie alimentaire?

La bonne nouvelle est que l'alimentation et l'agriculture ont le potentiel de devenir une solution majeure à ces défis. L'innovation et une action collective de grande ampleur sont la réponse pour tous les acteurs que ce soit les producteurs, les consommateurs et les régulateurs. Commençons avec l’innovation au niveau des producteurs, nous pouvons prendre les exemples de techniques agricoles «régénératives» qui séquestrent le carbone dans le sol ou de l’agriculture «verticale», une pratique de culture en couches verticales empilées plutôt que sur des champs «horizontaux». Du point de vue du consommateur, nous assistons à une transition massive des régimes à base animale vers des régimes à base de plantes grâce à une prise de conscience croissante au sujet de la durabilité et de la santé et du bien-être. Enfin, les régulateurs ont un rôle à jouer extrêmement important pour respecter les accords de Paris. Par exemple, le Green Deal européen, qui vise à rendre l'UE climatiquement neutre d'ici 2050, comprend une stratégie de la ferme à l'assiette qui définit la feuille de route pour un système alimentaire durable capable d'atténuer les effets du changement climatique.