Mettre la Chine en perspective

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L’ouverture des marchés de capitaux nationaux de la Chine constitue à la fois une source d’opportunités et de difficultés pour les investisseurs internationaux.

Ces derniers temps, les changements réglementaires ont accentué les divergences d’opinion.Certains affirment que les investisseurs internationaux devraient totalement éviter le pays pour des raisons allant des accusations de violations des droits de l’homme aux risques découlant de l’autocratie gouvernementale. D’autres estiment que le modèle économique et politique singulier de la Chine constitue une forme de gouvernance durable capable de contourner le type de paralysie politique qui tient en otage certains décideurs occidentaux.

850 millions de personnes sorties de la pauvreté

Ce que nous pouvons tous reconnaître, c’est que le système de parti unique chinois a mené des réformes qui ont permis à plus de 850 millions de personnes de sortir de la pauvreté1. Ce qui n’était encore qu’une nation pauvre et agraire en 1980 deviendra la plus grande économie du monde en l’espace d’une décennie2.

De vastes pans de la population chinoise ont rejoint la classe moyenne et consomment une gamme croissante de produits et de services. D’après mes fréquents voyages dans le pays avant la pandémie et les discussions que j’ai eues avec nos équipes locales, je peux attester que les Chinois apprécient en général l’augmentation du niveau de vie résultant des réformes politiques. Cela ne veut pas dire que toutes les décisions politiques sont populaires, ni que les changements économiques et sociaux ne s’accompagnent pas de bouleversements.

Augmentation des inégalités

Inévitablement, la vitesse vertigineuse du développement de la Chine a rendu plus complexes ses relations économiques avec le monde, ainsi qu’à l’intérieur de ses propres frontières. La croissance économique rapide a également entraîné une augmentation des inégalités de revenus et de richesses dans le pays. Ce phénomène est d’une importance capitale pour les dirigeants, car il représente un risque pour la stabilité sociale.

Mais la Chine n’est pas la seule à devoir relever le défi d’une répartition plus équilibrée de la croissance. La montée des populismes prouve que l’Occident est également confronté à des problèmes d’inégalité. Ce que le récit international ne met pas en évidence, c’est que la Chine commence à prendre des mesures pour s’attaquer aux problèmes d’inégalité.

Pékin incite les responsables politiques à redoubler d’efforts pour l’égalité des chances, en rendant plus abordables et plus accessibles les services essentiels tels que l’éducation, les soins de santé et le logement. S’il reste encore beaucoup à faire, la direction à prendre dans le cadre de la «prospérité commune» est claire.

De nos jours, le débat sur la Chine risque de se polariser entre deux extrêmes: investir avec une foi aveugle ou ne jamais investir. Un regard sur les bénéficiaires de la richesse croissante de la Chine offre une certaine perspective. En moyenne, les entreprises du S&P500 génèrent 18% de leurs revenus en Chine3.

Prenons l’exemple d’Apple. L’entreprise technologique américaine réalise près de 20% de ses revenus en Grande Chine4 et vend des millions d’iPhones en Chine continentale chaque année. Apple est l’une des actions les plus détenues en Amérique et la hausse de son cours a enrichi des millions de personnes. Il est évident qu’elle est bénéficiaire des politiques chinoises. Les investisseurs américains doivent-ils donc cesser d’acheter des actions Apple?

Un autre exemple est celui de la société Unilever, cotée au Royaume-Uni. La multinationale de biens de consommation – qui produit et vend toutes sortes de produits, de la crème glacée au thé en passant par les déodorants et les produits capillaires en Chine – représente 5% de l’indice FTSE 1005. La classe moyenne émergente de la Chine est un contributeur majeur à ses revenus. Par conséquent, les retraités britanniques qui détiennent Unilever dans leurs plans d’épargne sont également bénéficiaires de l’approche politique de la Chine. Doivent-ils donc s’abstenir d’investir?

Exclure la Chine, tout simplement insensé

Ces exemples soulignent la complexité de la relation entre les marchés mondiaux. Les appels inconditionnels à exclure la Chine ne correspondent pas à la réalité économique. Ignorer la Chine, c’est abandonner le marché mondial puisque, pour être cohérents, les investisseurs devraient céder l’intégralité de toutes les participations ayant une exposition quelconque à la deuxième plus grande économie du monde.

abrdn investit dans des titres chinois depuis 1992 – un parcours ponctué de prudence et de diligence raisonnable dans un contexte d’amélioration progressive de l’accessibilité du marché et des normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).

En tant que société d’investissement internationale de grande envergure ayant des racines profondes en Asie, nous considérons que notre rôle est d’agir comme un guide de confiance pour nos clients, en évitant les entreprises qui transgressent des limites bien définies – par exemple, celles dont les chaînes d’approvisionnement sont associées à des violations des droits ou qui ne respectent pas les mesures ESG essentielles.

Grâce à une approche active, nous relevons les défis associés à un marché aussi complexe que celui de la Chine en assurant la transparence de nos investissements et en apportant des éléments de compréhension grâce à nos recherches. Nous avons un devoir de diligence, une obligation fiduciaire de confiance, des obligations contractuelles en vertu du contrat de gestion des investissements et des obligations de respect des cadres réglementaires.

La Chine représente un pays où les entreprises ont de grandes chances de réaliser des profits. Elle prend également d’importantes mesures pour réduire les émissions carbone de son économie, ce qui permet d’investir. Pour les investisseurs internationaux, l’exposition aux actions et aux obligations chinoises offre de précieux avantages en termes de diversification. Mais elle s’accompagne également de risques, dont la réglementation, la volatilité du marché et les questions ESG.

Chez abrdn, nous intégrons pleinement l’analyse ESG dans nos décisions d’investissement et nous tenons soigneusement compte des risques lorsque nous construisons les portefeuilles de nos clients. S’engager auprès des entreprises est essentiel. C’est notre façon de préserver le développement durable des portefeuilles de nos clients et de notre planète.

Au cours des prochaines semaines, conformément à notre souci de transparence, nous publierons une série d’articles s’appuyant sur l’expertise de notre Institut de recherche, de notre Institut asiatique du développement durable et de l’ensemble de nos activités pour replacer la Chine dans son contexte, tant au niveau international que national. Notre premier article s’intitule «La Chine dans son contexte: les avantages et les contraintes d’une approche dirigée par l’État».

Au travers de cette série, nous analysons les moteurs qui sous-tendent les politiques gouvernementales et les changements réglementaires et nous examinons les implications à long terme. Nous explorons l’importance de la part croissante de la Chine dans l’économie mondiale, ses liens financiers croissants tels que l’inclusion dans les indices et les perceptions mondiales des risques ESG et politiques. Nous nous demandons également si le risque d’investissement est évalué de manière appropriée et examinons le rôle que les investissements chinois peuvent jouer à la lumière des perspectives de croissance solides et à long terme du pays.

La Chine est désormais profondément ancrée dans l’économie mondiale. Elle est tout simplement trop importante pour être exclue de l’écosystème financier international. C’est pourquoi nous pensons que les investisseurs doivent appréhender le contexte. Nous espérons que vous trouverez nos idées utiles pour déterminer où placer votre argent, et où ne pas l’investir. Chez abrdn, nous aspirons à être votre partenaire en matière de développement durable en Asie.

 

1 Données de la Banque mondiale, novembre 2021
2 Prévisions de l’institut de recherche abrdn, novembre 2021
3 Bloomberg, novembre 2021
4 Bloomberg, novembre 2021
5 Bloomberg, novembre 2021