Mega trend – La révolution verte

Matthias Born, Berenberg

2 minutes de lecture

Une sélection d’actions doit rester disciplinée.

Nous avons identifié la révolution verte comme l'une des trois mégatendances structurelles les plus importantes pour l'univers des actions mondiales dans le futur. Nous sommes convaincus que la pression toujours plus forte pour lutter contre le changement climatique se reflétera également dans des taux de croissance. Cette tendance conduit à l'innovation technologique, à l'élargissement des gammes de produits et à la baisse des coûts. La partie la plus significative de cette révolution est l'abandon des combustibles fossiles au profit d'un système à zéro émission nette. La lutte contre le changement climatique devrait donc apporter un vent de croissance durable au secteur.

Sous l'impulsion d'un soutien politique aux quatre coins du monde (le «Green Deal» de l'UE, le nouveau plan quinquennal chinois, promesses électorales des démocrates américains…) et d'une demande croissante de la part des investisseurs, 2020 a été une année gagnante pour les énergies renouvelables. Il suffit de mentionner que le iShares Global Clean Energy ETF a gagné près de 140% en 2020. Pour le MSCI World, il n'était comparativement que de 13%.

Cependant, il est intéressant de remarquer qu’il n’existe à aujourd’hui qu’un nombre limité de titres compatible avec notre discipline de gestion. Premièrement car nous n'investissons que dans des sociétés qui offrent un rendement exceptionnel du capital sur de longues périodes (uniquement possible pour les entreprises qui bénéficient de solides avantages concurrentiels). Deuxièmement, tout a un prix. En tant qu'investisseurs dans des entreprises de croissance de qualité, nous sommes habitués à des valorisations élevées. Mais la valorisation doit toujours être proportionnelle à la rentabilité et à la durabilité de la croissance. Ce n’est pas nécessairement le cas de toutes les entreprises exposées à une tendance de croissance structurelle.

Nous souhaitons illustrer cette réalité à travers deux exemples:

L'exploitation d'unités de production d'électricité renouvelable est un marché qui a connu des taux de croissance énormes ces dernières années. Cependant, cette croissance s'accompagne de plus en plus souvent d'une baisse des rendements. En 2017, le plus grand exploitant de parcs éoliens offshore au monde, la société danoise Orsted, prévoyait encore des rendements annuels proches de 10% pour les nouveaux projets éoliens jusqu'en 2025. Au cours des dernières années, Orsted a dû réduire d’environ de moitié ses objectifs de rendement d'ici 2027 (source: Orsted). Son concurrent allemand, RWE, estime également que des rendements de seulement 5,5 à 8,5% sont possibles sur les marchés éoliens développés à l'avenir. Une image similaire peut être esquissée sur le marché des projets solaires en Europe. Quelle en est la raison principale? L'activité attractive a attiré beaucoup de concurrence. En l'absence d'avantages concurrentiels significatifs, Orsted, malgré sa taille, doit accepter des rendements inférieurs. Ce n'est qu'un exemple, mais il reflète bien l'environnement concurrentiel et explique pourquoi nous faisons preuve de prudence dans ce domaine.

Une autre raison de notre réticence peut être attribuée aux valorisations du marché. Reprenons l'exemple d'Orsted. Comme nous l'avons déjà mentionné, la société a dû réduire considérablement ses attentes en matière de rendement des projets au cours des dernières années. Cependant, sur la même période, la valorisation du titre a évolué dans la direction opposée. En effet, depuis 2018, l’action a plus que doublée et sur la même période, la valorisation du MSCI World a augmenté d’environ 25%. A partir d'une évaluation comparable à celle du MSCI World, on obtient une prime d'évaluation d'environ 150% au début de 2021.

Il existe d'autres segments de marché qui profitent de la révolution verte que nous trouvons très attractifs. L'électrification des voitures est l'une de ces tendances et, sous l'impulsion du soutien réglementaire, des progrès technologiques et de l'acceptation croissante des consommateurs, elle prend rapidement de l'ampleur. S'il est encore difficile de dire quel constructeur automobile gagnera finalement la course, il y a certains bénéficiaires dans la chaîne de valeur qui méritent d'être considérés. Le fabricant allemand de semi-conducteurs Infineon en est un exemple. Les semi-conducteurs sont essentiels pour les véhicules électriques. Par rapport à un moteur à combustion interne, un véhicule électrique nécessite quatre à cinq fois plus de semi-conducteurs. Avec plus de 40 ans d'expérience dans les semi-conducteurs automobiles et une position particulièrement forte sur le marché des semi-conducteurs de puissance critique (part de marché deux fois supérieure à celle du numéro 2 mondial), Infineon est bien placé pour bénéficier de la forte croissance. Par conséquent, Infineon a été en mesure de générer des retours sur capitaux employés à deux chiffres au cours des dernières années.

Notre conclusion: La tendance vers plus de durabilité et d'énergies renouvelables reste passionnante et devrait générer des taux de croissance attractifs à long terme. Cependant, la sélection d’actions doit rester disciplinée: cette croissance ne doit pas se faire au détriment des rendements de capital attractifs. Pour cela, il faut un environnement concurrentiel attractif et des barrières à l'entrée élevées. En outre, les opportunités identifiées doivent également se négocier sur des valorisations attrayantes.