LSFin et LEFin: l’impact pour la profession de GFI

Claudio Beretta, Julius Baer

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Les deux lois qui visent une meilleure protection des investisseurs changeront la profession des GFI.

Les deux lois qui visent une meilleure protection des investisseurs changeront la profession des GFI

Moins de 10 mois séparent les gérants de fortune indépendants (GFI) de l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur les services financiers (LSFin) et de la Loi fédérale sur les établissements financiers (LEFin) prévue en 2020. Ce laps de temps mettra fin à des discussions vives qui ont démarrées en 2015 déjà. Il aura fallu presque 6 ans pour que toutes les parties se mettent d’accord. Si les ordonnances de consultation doivent encore être discutées, il est dès lors inéluctable que la manière de pratiquer la profession va changer à l’avenir. Et ce ne sera une surprise pour personne, la grande majorité des sociétés actives dans le conseil et la gestion des avoirs a déjà commencé sa mue, il y a de cela plusieurs mois, voire années. D’autant plus que l’entrée en vigueur a historiquement été planifiée.

Un tournant positif

Peu d’acteurs estiment aujourd’hui que ces deux lois fédérales seront préjudiciables à la profession. Bien au contraire. En effet, depuis les premières discussions et ses lignes directrices strictes, la LSFin et la LEFin se sont passablement assouplies afin de s’adapter et de proposer du sur-mesure à l’industrie suisse de gérants de fortunes indépendants. Par ailleurs, ces derniers bénéficieront d’une période transitoire au moment de l’entrée en vigueur. Après s’être annoncés auprès de l’autorité de surveillance dans un délai de 6 mois, ils auront 3 ans pour se mettre totalement en conformité. Période durant laquelle ils pourront prendre et ajuster des mesures appropriées pour s’adapter. Les nouvelles lois font aussi preuve de flexibilité, notamment pour les sociétés de gestion plus petites.

Les professionnels doivent repenser
leur modèle d’affaires afin d’assurer leur croissance.

Pour les sociétés actives et qui souhaitent développer leurs activités, la transparence de l’information et des transactions notamment offrira une sécurité supplémentaire aux clients; un argument important aux yeux de ces derniers. Grâce au savoir-faire toujours bien présent en Suisse, les gérants de fortune indépendants ont une carte à jouer. Plus encore, ils vont posséder d’un atout pour concurrencer leurs homologues européens, respectant les exigences régulatrices locales et en même temps profitant d’un haut niveau de professionnalisation.

Le business modèle doit se réinventer

Pour faire face à l’accroissement des coûts liés aux exigences engendrées par la mise en place de la LSFin et LEFin, les professionnels doivent aussi repenser leur modèle d’affaires afin d’assurer leur croissance. Surtout pour un gestionnaire, qui travaille seule et qui s’occupe de tous les aspects liés à ses clients, il est incontournable de trouver des modèles offrant plus d’efficacité et de synergies afin de baisser les coûts et les efforts. Il aura plusieurs orientations appropriées pour poursuivre son activité – un grand nombre d’entre les gérants indépendants a déjà adopté une de ces voies dans les dernières années. Trois options principales s’offrent à lui: rejoindre une «plateforme» est perdre partiellement son indépendance en travaillant sous l’entité juridique rejointe; entrer dans un modèle qui partage les coûts liés à certaines activités «outsourcées» comme le compliance, l’informatique, etc., et garder ainsi son entité juridique propre; ou se (ré)-intégrer dans un établissement bancaire.

Pour faire son choix, le tiers-gérant doit se demander quelle plus-value il souhaite apporter à ses clients, qui eux sont de plus en plus connectés, informés et exigeants. L’attrait d’une structure plus grande que celle d’une petite société de gestion, offre à ce dernier le soutien nécessaire afin notamment d’acquérir des connaissances plus approfondies dans certains domaines-clé à la réussite de son activité.

Et surtout, les gérants de fortune – même s’ils doivent se concentrer sur ces aspects réglementaires – ne doivent en aucun cas perdre de vue la principale attente de leurs clients: la performance des portefeuilles. La base de la profession, un défi pas toujours simple dans un environnement de marchés défavorables et de taux négatifs comme celui de l’année dernière.