L'opportunité de durabilité des petites capitalisations

Michael Borenstein, Schroders

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Le biais en faveur des grandes capitalisations, les inefficiences des notations et les opportunités pour les petites capitalisations.

L'expansion prolifique des produits d'investissement ESG a occulté une classe d'actifs majeure: les entreprises à petites capitalisations.

Leurs homologues à grande capitalisation affichent des scores ESG plus élevés et dominent les portefeuilles des fonds ESG. Nous pensons que ce biais en faveur de la taille n'est pas justifié et que les notes de durabilité des petites capitalisations sont vouées à augmenter sensiblement. Selon nous, cela devrait conduire à une plus grande reconnaissance des petites capitalisations par le marché et à une solide surperformance relative. L'investisseur typiquement axé sur les critères ESG a tendance à évaluer le profil ESG d'une entreprise à travers les rapports des agences de notation MSCI et Sustainalytics. Un score MSCI plus élevé implique des caractéristiques ESG plus solides, tandis qu'une note Sustainalytics plus faible implique moins de risques ESG. Le graphique ci-dessous montre qu'à mesure que la capitalisation boursière augmente, les notes MSCI et Sustainalytics s'améliorent.

Par rapport aux petites capitalisations, les grandes capitalisations affichent en moyenne une note MSCI 32% plus élevée et une note Sustainalytics 18% plus solide. Les entreprises à fortes capitalisations sont définies comme celles dont les capitalisations boursières sont supérieures à 50 milliards de dollars; les petites capitalisations représentent entre 250 millions et 15 milliards de dollars.

Le biais expliqué

La corrélation entre score et taille n'est pas surprenante. Les notes Sustainalytics et MSCI reposent principalement sur les informations communiquées et les politiques mises en place. Les grandes entreprises sont mieux équipées que les plus petites pour rendre compte des indicateurs ESG. Beaucoup disposent d'équipes dédiées au développement durable ou de consultants. Cela contraste nettement avec les petites capitalisations, qui n’ont souvent même pas accès à un spécialiste indépendant des relations avec les investisseurs. Les collaborateurs portent souvent de multiples casquettes et ont une variété d’attributions qui ne se reflètent pas dans leur intitulé de poste. Notre équipe s'est engagée auprès de petites capitalisations qui ont des modèles économiques solides et durables, mais qui ne dialoguent pas suffisamment avec les principales agences de notation.

Décomposer les piliers E/S/G qui constitue une note MSCI permet de découvrir les dynamiques qui incitent à privilégier les grandes entreprises. Le graphique ci-dessous montre que si les scores environnementaux et sociaux augmentent directement en fonction de la taille sur le marché, ce n’est pas le cas des notes de gouvernance. C'est probablement parce que la gouvernance est la dimension ESG la plus standardisée. Il y a trois décennies, des croyances très répandues sur ce qui constitue une bonne gouvernance d'entreprise ont été formalisées par le Comité de Cadbury au Royaume-Uni. Contrairement aux indicateurs sociaux et environnementaux, les investisseurs s’accordent sans difficulté sur les informations de gouvernance attendues, notamment la composition du conseil d'administration, la rémunération, la structure actionnariale et l'éthique des affaires, pour n’en citer que quelques-unes. Les indicateurs de gouvernance sont quantitatifs, faciles à évaluer et largement accessibles sans dépendre des agences de notation ESG.

Une entreprise d'équipements médicaux cherchant à améliorer ses caractéristiques ESG nous a révélé que, si les dénominateurs communs d’une bonne gouvernance lui paraissent clairs, elle ne trouve pas de consensus sur les facteurs sociaux et environnementaux que les investisseurs préfèrent. Cette ambiguïté génère un contexte très difficile pour les petites capitalisations. Le manque de clarté pose également des questions de fiabilité. La société d'équipements médicaux a fait part d’une certaine réticence à rendre compte des données E & S qu'elle ne pouvait pas auditer ou mesurer de manière cohérente.

Un reporting ESG rigoureux et responsable est coûteux et les petites entreprises en pâtissent. Cette même société a souligné le coût d'opportunité lié à la création de nouveaux postes pour rendre compte de l'ESG, plutôt que de faire en sorte que chaque recrutement supplémentaire vise entièrement à améliorer l’impact sur les parties prenantes (l'objectif même de l'investissement durable). Compte tenu des nombreuses inquiétudes liées au greenwashing, des ressources et du temps limités, les petites capitalisations ont de bonnes raisons de se montrer prudentes. Nous cherchons à identifier les petites capitalisations, comme celle citée en exemple, qui se soucient vraiment des questions ESG, mais qui doivent davantage mettre en avant leurs caractéristiques de durabilité.


 

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