Les obligations vertes sont-elles réellement vertes?

Natixis Investment Managers

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Toutes les obligations vertes ne sont pas comparables. Fort heureusement, certains gestionnaires n’investiront dans un émetteur qu’à partir du moment où les impacts sont suffisamment clairs et atteignables.

Alors que l’investissement durable continue de bénéficier d’une popularité croissante, beaucoup se tournent vers les obligations vertes comme le dernier (et peut-être le plus efficace) véhicule d’investissement durable pour lutter contre le changement climatique.

Il est facile de comprendre pourquoi: alors que certains investisseurs en actions ou en obligations se contentent d’exclure les sociétés les plus dévastatrices écologiquement, de nombreuses obligations vertes sont utilisées spécifiquement pour financer des projets ayant un impact positif au niveau environnemental et climatique. Ceux-ci incluent des domaines aussi divers que les bâtiments écoresponsables, les véhicules électriques, les transports intelligents, les énergies renouvelables, la reforestation, et même la gestion des déchets.

Ces dernières années ont vu des émetteurs de tous bords arriver sur le marché. Rien qu’en 2021, les émissions d’obligations vertes ont dépassé les 517 milliards de dollars, soit une hausse vertigineuse de 74% par rapport aux 297 milliards de dollars de l’année précédente, selon la Climate Bonds Initiative, un organisme à but non lucratif1.

Ce type d’investissement est absolument nécessaire: la Commission européenne, par exemple, estime que l’Union européenne a besoin de 350 milliards de dollars d’investissement supplémentaire chaque année pour atteindre ses objectifs ambitieux de réduction des émissions à l’horizon 2030, auxquels viennent s’ajouter 130 milliards de dollars destinés à financer d’autres objectifs environnementaux2 .

De son côté, la Climate Bonds Initiative prévoit que les émissions annuelles d’obligations vertes devraient atteindre la somme astronomique de 5'000 milliards de dollars par an, soit près de 10 fois plus que les émissions record de 2021, dès 2025 pour que l’économie mondiale puisse atteindre l’objectif «zéro émission nette» d’ici à 20501.

Du vert partout

Pourtant, si la croissance rapide du marché des obligations vertes est globalement positive, les critiques affirment qu’il existe de nombreux cas de «greenwashing», ce procédé qui consiste à donner une fausse impression ou à fournir des informations trompeuses sur les caractéristiques écologiques des produits, processus ou stratégies d’une société, les gouvernements ou les sociétés n’hésitant pas à faire des déclarations fausses ou exagérées pour lever des fonds dans le segment le plus dynamique du marché obligataire.

Qu’il s’agisse de lever des fonds pour construire une nouvelle piste, comme l’autorité aéroportuaire de Hong Kong3, ou d’émettre de la dette verte tout en restant l’un des pays les plus pollueurs au monde, comme l’Arabie saoudite, les contradictions sont légion4. La Biélorussie et la Russie s’y sont également mises en vendant des obligations dites «ESG» à des gestionnaires de fonds. En effet, certains experts des green bonds estiment qu’à peine la moitié de l’univers des placements en obligations vertes est réellement «vert»5.

Comment expliquer cette tendance inquiétante? L’appétit insatiable pour les obligations vertes a permis à de nouveaux entrants, dont les motivations sont peut-être discutables, d’exploiter facilement le marché pour financer leurs activités habituelles. Toutefois, les experts soulignent également que l’absence de principes ou de normes au niveau mondial est l’un des principaux défis auxquels le marché est confronté.

Actuellement, les obligations vertes peuvent être émises en s’appuyant sur une série de normes et de lignes directrices purement volontaires proposées par des organismes tels que la Climate Bonds Initiative. Cependant, beaucoup ne répondent pas à ces critères. Cette situation a conduit certains, notamment des responsables politiques européens, à réclamer des normes obligatoires pour lutter contre le greenwashing, en liant éventuellement les nouvelles obligations vertes à la taxonomie de la finance durable de l’UE.

L’efficacité de cette démarche est loin d’être évidente. Pire encore, d’autres voix s’élèvent contre ce qui risque d’étouffer un marché en plein essor désormais crucial pour financer une transition énergétique extrêmement ambitieuse5.

Pour l’instant, cette question reste un sujet fondamental de débat et d’incertitude.

Un impact mesurable

Face à cette incertitude persistante, comment les investisseurs peuvent-ils s’assurer que leurs investissements verts ont l’impact souhaité? La première étape consiste à investir avec un gestionnaire d’obligations vertes actif et spécialisé, plutôt que dans un indice qui pourrait être exposé à des émetteurs peu scrupuleux.

Investir dans un fonds ESG article 9, par opposition à un fonds ESG article 8, peut permettre de garantir que les investissements sous-jacents sont liés à la taxonomie verte européenne. Toutefois, il est également important de comprendre le processus d’analyse des obligations vertes par le gestionnaire et les raisons pour lesquelles il en exclut certaines.

Certains gestionnaires, par exemple, n’investiront dans un émetteur que si les impacts environnementaux ou sociaux sont suffisamment clairs et atteignables. L’approche est raisonnable: s’il est facile d’éblouir les investisseurs potentiels avec des objectifs ou des projets ambitieux, ces causes doivent néanmoins être réalistes. Ceci pourrait permettre de garantir que les obligations financeront effectivement le projet souhaité.

La traçabilité est également importante, surtout pendant le cycle de vie du titre. Les investisseurs exigent donc désormais des mises à jour annuelles de l’impact de leurs investissements en obligations.

Cependant, les gestionnaires peuvent également souhaiter examiner de quelle manière le projet s’inscrit dans la stratégie globale de développement durable de l’émetteur. Par exemple, bien que la Chine ou l’Arabie saoudite puissent développer des projets verts légitimes nécessitant un financement extérieur, certains pourraient avoir des difficultés à argumenter que leurs gouvernements sont totalement engagés dans la transition énergétique durable. Ces obligations souveraines se verraient donc exclues de l’univers d’investissement de nombreux gestionnaires.

Malgré sa popularité croissante, il peut être affirmé que l’investissement en obligations vertes relève aujourd’hui plus de l’art que de la science. Investir avec un gestionnaire actif expérimenté permet donc de naviguer dans ce paysage complexe, et d’assurer que vos investissements en obligations vertes ont réellement l’impact que vous souhaitiez.

 

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