Les actions peuvent-elles baisser?

Thibaut Dorlet, Candriam

2 minutes de lecture

En 2023, les marchés boursiers ont été favorables mais avec des variations importantes. 2024 devrait-elle suivre le même chemin?

Un défi dans un contexte de taux réels élevés

Des taux réels obligataires élevés sont traditionnellement un frein à l'expansion des ratios cours/bénéfices (P/E). Malgré cela, la hausse des valorisations en 2023 a été porté par une croissance économique robuste.

En 2024, un ralentissement économique et une baisse de l'inflation devraient exercer une pression baissière sur les taux réels, potentiellement favorables aux valorisations boursières. Toutefois, les niveaux de taux déjà inclus dans les valorisations des actions pourraient limiter ce soutien.

Un support venant des marges et des bénéfices en 2024?

La valorisation risque de ne pas être un soutien additionnel aux actions mais une croissance modérée devrait soutenir les bénéfices des entreprises.

Nos économistes prévoient une croissance du PIB de +1,9% aux États-Unis et +0,5% en Europe associée à une croissance des bénéfices d’environ +7,5% aux Etats-Unis et de +2,5% en Europe. Les anticipations du marché pour 2024 sont plus élevées (+12% aux US et +6,5% en Europe), suggérant une révision à la baisse probable des attentes de bénéfices.

Plusieurs facteurs pèsent sur les marges bénéficiaires : la croissance probable des salaires réels en 2024, la fin de plusieurs décennies de tendances favorables, notamment des besoins croissants de financement des États, la fin des politiques monétaires accommodantes et des chocs d'approvisionnement récents.

En résumé, nous restons prudents quant à la capacité des croissances de bénéfices à soutenir les marchés boursiers en 2024.

Par ailleurs, de bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les valorisations.

Dès lors, bien que nous n’anticipions pas de récession marquée, le scenario d’un marché actions horizontal nous parait le plus probable avec un potentiel de hausse limité.

Quels régions et secteurs favoriser en 2024?

Si le marché action manque dans son ensemble de catalyseurs, il n’en reste pas moins des thématiques et secteurs attractifs.

Aux Etats-Unis, les valeurs technologiques devraient continuer à surperformer, grâce à leurs capacités d'innovation, notamment par la monétisation des services de Cloud et d’IA (+10%1 d’investissements l’année prochaine). Des bilans solides et de faibles niveaux d'endettement confèrent au secteur une résilience accrue face à un ralentissement économique. Les valorisations paraissent raisonnables au vu de la croissance long terme attendue du secteur.

Dans les pays émergents, l’Amérique latine offre des opportunités, dopée par la relocalisation de l’industrie Américaine («Nearshoring») dans un contexte de résilience des prix des matières premières. Les attentes modestes en termes de croissance des bénéfices, les valorisations modérées et un environnement favorable des banques centrales devraient porter les marchés de la région, notamment le Brésil qui mène des réformes fiscales.

En Europe, la situation économique reste plus morose avec une croissance faible sans catalyseur visible dans les prochains mois (volatilité persistante des prix de l’énergie, taux directeurs élevés, …). A ce titre, nous privilégions les entreprises les mieux positionnées pour défendre leurs marges, ayant un bilan solide et pouvant bénéficier d'une baisse des taux en 2024, telles que les valeurs de santé et de consommation de base.

  • Les valeurs de santé, à l'exception de certains émetteurs comme Novo Nordisk2, ont majoritairement sous-performé le marché en 2023. Elles devraient jouer un rôle défensif en 2024, leur capacité d'innovation soutenant les marges tandis que leur activité semble s’être normalisée post-pandémie. Le secteur bénéficie d'une bonne visibilité sur la progression des flux de trésorerie et d'un faible endettement, atouts certains dans un contexte de taux élevés.
  • Les valeurs de consommation de base ont un pouvoir de fixation des prix important, leur permettant de maintenir des marges élevées tout en bénéficiant d’une bonne visibilité sur leur activité. La valorisation du secteur a été ajustée en raison de la hausse des taux en 2023 et devrait profiter d'un contexte plus propice en 2024. Enfin, le secteur a, par son aspect défensif, la capacité de surperformer dans un contexte de ralentissement économique.

En 2023, les actions ont globalement bien performé malgré une dispersion marquée. Pour 2024, une stabilité semble probable dans un marché boursier «horizontal», limitant les gains potentiels avec un risque de baisse modéré. Les banques centrales disposant d'une marge de manœuvre renforcée réduisent ce risque, comme démontré lors de tensions bancaires aux États-Unis en mars. Il est recommandé d'éviter les entreprises très endettées et de privilégier celles résilientes et ayant de la visibilité. Aux États-Unis, la croissance des valeurs technologiques pourrait se poursuivre sans répéter la forte performance de 2023. En Europe, les valeurs défensives de qualité devraient être privilégiées dans ce contexte économique.

 

Ce document est fourni à titre d’information et à des fins éducatives uniquement et peut contenir des opinions de Candriam et des informations propriétaires. Il ne constitue pas une offre d’achat ou de vente d’instruments financiers, ni un conseil en investissement et ne confirme aucune transaction, sauf convention contraire expresse. Bien que Candriam sélectionne soigneusement les données et sources utilisées, des erreurs ou omissions ne peuvent pas être exclues a priori. Candriam ne peut être tenue responsable de dommages directs ou indirects résultant de l'utilisation de ce document. Les droits de propriété intellectuelle de Candriam doivent être respectés à tout moment; le contenu de ce document ne peut être reproduit sans accord écrit préalable.

 

1 Source Gartner – 2024 IT spending forecast ex-Communication services
2 La valeur est présente dans certains portefeuilles gérés par Candriam.