Le potentiel de l’isolation

Andrea Biscia, DECALIA

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Quelques chiffres et faits sur la consommation d’énergie des bâtiments.

L’hiver européen s’annonce rude sur le front énergétique et la priorité immédiate des responsables politiques est évidemment de garantir un accès suffisant aux sources d’énergie pour éviter des coupures de courant – ainsi que limiter le choc inflationniste pour les ménages. Cela dit, leur objectif à plus long terme doit être une réduction de la consommation d’énergie dans tous les pans de l’économie. Des systèmes d’isolation plus efficaces ont clairement un rôle à jouer à cet égard. D’autant que trois quarts des bâtiments en Europe (environ 1 million de maisons rien qu’en Suisse) sont actuellement considérés comme insuffisamment isolés.

Quelques chiffres encore pour commencer. Saviez-vous que les bâtiments représentent 40% de la consommation d'énergie en Europe? Ou que 64% de l'énergie utilisée par les ménages européens est consacrée au chauffage? L'Agence française de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie estime que, pour une maison non isolée datant d'avant 1974, la moitié des pertes de chaleur est imputable aux murs et au toit. Pourtant, cette crise énergétique et les politiques de soutien pourraient engendrer une croissance proche de 10% à horizon 10 ans – mieux même pour les entreprises innovantes exposées aux marchés les plus porteurs.

A ce titre, nous pensons que les entreprises exposées aux Etats-Unis surpasseront celles principalement actives en Europe. Le secteur de la construction est sensible aux cycles et la forte dépendance du Vieux continent à l’égard du gaz russe détériore clairement ses perspectives économiques. Il semble également plus intéressant d'être exposé à la construction non résidentielle qu'à la construction résidentielle, compte tenu des diverses mesures déployées par les Etats et du développement des immeubles d’appartements dans le secteur résidentiel – qui s’apparente de plus en plus aux bâtiments commerciaux, en termes d’entreprises mandatées. Enfin, face à la hausse de l’inflation et des taux hypothécaires, les rénovations résistent généralement mieux que les nouvelles constructions. Un projet de bâtiment neuf peut être reporté, mais pas la réfection d’un toit qui fuit.

En matière d’isolation murale, en mettant de côté les «solutions» d’origine végétale ou animale, qui restent pour l’heure anecdotiques, deux types de matériaux sont utilisés: la mousse (à base de dérivés du pétrole) et la laine minérale (à base de roche). Des deux, c’est la mousse qui apparaît aujourd’hui la plus intéressante, offrant de meilleures performances thermiques, en termes de conductivité et de résistance notamment, mais étant aussi moins gourmande en capital, composée de couches plus fines et (dans la mesure où les prix des matières premières minérales ont connu un renchérissement bien plus marqué que le pétrole) moins onéreuse.

Kingspan, Rockwool, Owens Corning et Carlisle sont les quatre grands spécialistes en isolants. Rockwool – comme son nom l’indique – étant actif dans la laine minérale, Kingspan et Carlisle dans la mousse, tandis qu’Owens Corning produit les deux. En termes de marchés finaux, Carlisle présente probablement le meilleur profil (80% des revenus aux Etats-Unis et 90% d'exposition commerciale), ce qui explique également sa prime de valorisation.

Toujours est-il que la nervosité actuelle des marchés pousse rapidement les cours de toutes ces sociétés à la baisse, au point d'approcher les niveaux de notre «test de résistance» – appliquant des hypothèses très négatives pour les différents marchés finaux, notamment un recul de 40% des nouvelles constructions résidentielles (à titre de comparaison, elles avaient chuté de 50% pendant la crise financière mondiale de 2007-2008) et une diminution de 25% des nouvelles constructions non résidentielles. Les investisseurs seraient donc bien inspirés d’être à l’affût d’opportunités de s’exposer à ce secteur prometteur et indispensable à la transition énergétique.