Le point sur le plan d’urgence «REPowerEU»

Nicolas Jacob, ODDO BHF Asset Management

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L’ambition de la Commission européenne de réduire de 65% les importations de gaz russe sur l’année à venir est-elle réaliste?

Si les objectifs paraissent très ambitieux (l’Agence Internationale de l’Energie estime une réduction possible de 30% sur un an) et que plusieurs éléments de mise en œuvre ne seront publiés que ce mois-ci (réduction des délais et simplification des procédures pour les projets d’énergies renouvelables), il s’agit d’une rupture stratégique majeure marquant la volonté européenne d’aller vers davantage d’indépendance énergétique. Cette prise de conscience brutale confirme et amplifie les perspectives de croissance sur notre thématique de la transition écologique, en particulier sur le déploiement des énergies propres et la recherche d’efficacité énergétique.

Une double ambition

La Commission entend non seulement diversifier les approvisionnements en gaz, mais aussi réduire la dépendance aux énergies fossiles.

La dépendance énergétique de l’Union européenne est aujourd’hui très forte puisqu’elle importe environ 90% de sa consommation annuelle de gaz, dont 45% de la Russie1 (soit environ 155 milliards de mètres cubes (mmc)). Le plan «REPowerEU» présenté le 8 mars dernier tente de répondre à cette première urgence autour de plusieurs leviers d’actions:

  • Substituer 60mmc en se tournant vers d’autres fournisseurs, répartis entre 10mmc provenant de pipelines depuis la Norvège et l’Azerbaïdjan et 50mmc de gaz naturel liquéfié (LNG) auprès de partenaires tels que les Etats-Unis, le Qatar ou l’Egypte
  • Générer l’équivalent de 20mmc par un déploiement accéléré des énergies renouvelables en passant de 11GW en 2021 à 15GW en 2022 sur l’éolien, et de 26GW à 28GW sur le solaire. Cette accélération doit permettre aussi d’augmenter la production d’hydrogène renouvelable qui doit pouvoir remplacer de 25 à 50mmc d’importations de gaz russe d’ici 2030
  • Renforcer les mesures en faveur de l’efficacité et de la sobriété énergétique des bâtiments en accélérant l’installation de pompes à chaleur et en préconisant une baisse de 1°C de la température ambiante. Ces mesures permettraient d’économiser environ 15mmc de consommation de gaz par an
  • Accélérer la production de biométhane pour atteindre 3,5mmc en 2022

Ces mesures, si elles sont rapidement déployées, doivent permettre à l’Union européenne de réduire d’environ 65% ses importations de gaz russe sur un an, hors effet de restockage d’ici fin 2022 (les capacités restantes de restockage sont essentiellement au sein des actifs gérés par Gazprom sur le territoire de l’Union européenne) et hors effet de substitution par du charbon.

Le levier d’action principal réside dans la diversification des sources d’approvisionnement en gaz, mais les mesures visant à réduire la dépendance aux énergies fossiles viennent renforcer les ambitions du plan «Fit for 55» présenté en 2021 et visant à baisser de 55% les émissions de CO2 d’ici 2030. Le secteur des utilities pourrait voir ses perspectives de croissance renforcées du fait de l’accroissement nécessaire des capacités de production d’énergies renouvelables.

Notre exposition au thème de l’indépendance énergétique de l’Europe

Nous sommes actuellement présents sur trois entreprises bien positionnées pour saisir les opportunités liées à la recherche d’indépendance énergétique de l’Europe et la transition vers davantage d’énergies renouvelables:

  • Iberdrola, groupe espagnol de dimension mondial présent sur les activités de réseaux (transmission et distribution) et de génération d’énergies renouvelables. Cinquante pour cent des investissements du groupe à horizon 2026 seront réalisés dans les actifs renouvelables, dont 45% en Europe (soit environ 17 milliards d’euros)
  • EDP, groupe portugais présent sur la génération, la transmission et la distribution d’électricité et réalisant environ 70% de son activité en Europe (essentiellement Portugal et Espagne). EDP prévoit d’investir 24 milliards d’euros d’ici 2025, dont 8 milliards d’euros dans de nouvelles capacités renouvelables en Europe
  • Orsted, société danoise leader mondial dans le développement, la construction et l’exploitation de parcs éoliens offshore. Le groupe est également présent sur l’éolien onshore et souhaite accélérer sur la production d’hydrogène vert. En 2021, ses revenus provenaient à plus de 90% des marchés européens (Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni).

 

1 Source: Commission européenne.

 

Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps.
Aucune des entreprises susmentionnées ne constitue une recommandation d’investissement.