Le feu et la glace, un été sous le signe du dérèglement climatique

Adam El Cheikh, Kepler Cheuvreux Solutions

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Le dérèglement climatique n’est plus une affaire de «futur» mais bel et bien de présent.

Le dérèglement climatique n’est plus une affaire de « futur » mais bel et bien de présent. Cette période estivale en a été une preuve irréfutable, marquée par des records historiques aux quatre coins du monde. Si le dérèglement climatique peut avoir des causes naturelles, il ne faut pas sous-estimer ceux d’origine humaine qui intensifient ces phénomènes. Entre canicules et sécheresses, incendies et tempêtes, le forçage radiatif (déséquilibre des énergies) n’en finit pas de créer ces anomalies auxquelles notre société et notre économie sont tant responsables que témoins…

Au travers de ces quelques lignes, nous allons revenir sur les marqueurs de ce qui sera sans doute les prémisses du monde de demain.

Feux de forêt: vers un record annuel de destruction

Depuis le début de l’année, plus de 700’000 hectares de forêts ont brûlé, soit l’équivalent de 70 fois la superficie de Paris. L’épisode de sécheresse traversée, une première depuis 500 ans en Europe, n’a fait qu’aggraver ce taux de destruction record.

Nombre d’hectares brûlées par pays en 2022 du 1er janvier 2022 au 20 août

Sources: Les Echos

 

Or, le réchauffement climatique et les feux de forêts sont intimement liés : une température élevée favorise la transpiration des plantes, un asséchement qui augmente alors les risques d’incendie. En plus de réduire le nombre de puits naturels de CO2 et d’altérer la richesse des écosystèmes, la combustion des forêts engendre un double impact. D’une part, la libération de CO2 alimente l’effet de serre et d’autre part les émissions des suies (particules fines) assombrissent les glaciers accélérant leur fonte.

Sécheresse: entre périodicité et intensité

Cette année, le mois de juillet est le deuxième mois le plus sec en France depuis le début des relevés en 1958, une anomalie pour la science. Avec seulement 9,7 mm de précipitations sur le territoire (contre plus de 90 mm l’an passé), cela représente une baisse de 84% par rapport aux normales sur la période 1991-2020. Après les dunes du Pilat ravagées par les incendies, c’est un autre joyau de France qui devient méconnaissable en raison des fortes sécheresses. Les gorges du Verdons ont perdu jusqu’à 6 mètres de profondeur, avec par endroit des passages de 20 à 50 centimètres d’eau seulement. Effet immédiat, un ralentissement de l’activité économique saisonnière s’est installé.

L’asséchement des gorges du Verdon lié au réchauffement climatique extrême de cet été

 

A l’autre bout de la planète, en Chine, il s’agit de la pire vague de chaleur jamais enregistrée tant en termes d’intensité, d’étendue que de durée. En effet, avec une durée de plus de deux mois, une étendue de 800’000 km² et des températures dépassant les 40°C, les statistiques inquiètent la sphère politique et scientifique. Le fleuve Yangsté, le principal réservoir d’eau potable de la Chine, est à sec. A la différence des gorges du Verdon, cette situation pèse lourdement sur le secteur alimentaire. Les cultures de riz et de soja étant très gourmandes en eau, déjà 20% des récoltes sont perdues

De l’accélération de la fonte des glaces aux répercussions économiques, politiques et humaines

Au Pakistan, aux portes de l’Himalaya, en Alaska ou même dans les Alpes, les signes de l’accélération de la fonte des glaces se généralisent et se traduisent par différentes voies. Ainsi, en Suisse, l’isotherme 0°C (également appelé le niveau de congélation) a été établi à une altitude de 5’184 mètres cet été, enregistré habituellement entre 3’000 et 3’500 mètres.

Ces transitions peuvent être aussi à l’origine de tensions diplomatiques. Le Rifugio Guide del Cervino, en a été un exemple. Initialement situé en Italie, il se trouve désormais à 2/3 en territoire suisse. La fonte des glaces a entrainé un déplacement de la séparation de l’eau qui faisait office de frontière historiquement obligeant à redessiner la frontière de quelques dizaines de mètres.

Cependant, les conséquences peuvent être beaucoup plus dramatiques. Le Pakistan a récemment été touché par de violentes inondations provoquées par la fonte des glaciers, dévastant des villages entiers comme celui de Hassanabad.

Conclusion

On aurait pu continuer notre périple et évoquer les vagues de chaleur au niveau des océans ou encore les violentes tempêtes qui ont touché nos territoires, mais il semble plus opportun de prendre du recul et tirer un bilan sur l’hyperconvergence de ces phénomènes.

Le climat s’est invité dans nos vies, sur nos lieux de vacances en laissant une empreinte sur les paysages que nous affectionnons. Les évènements extrêmes se sont multipliés à travers le monde, mettant en perspective l’impact de la société sur notre écosystème. Si les gouvernements tentent d’agir, la prise de conscience citoyenne doit se traduire par une responsabilisation collective pour éviter le piège de l’individualisation…