Leçons de la saison des résultats du premier trimestre

Nicolas Mougeot, Indosuez Wealth Management

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Les résultats du premier trimestre ont confirmé certains de nos positionnements. Plusieurs secteurs ont mieux résisté qu’anticipé au nouveau régime d'inflation.

LA CROISSANCE DES BÉNÉFICES RÉSISTE AUX ÉTATS-UNIS

90% des entreprises américaines ont désormais publié leurs résultats du premier trimestre, dont 79% ont déclaré des bénéfices par action supérieurs aux prévisions des analystes. Comme le montre le tableau 1, ces entreprises ont affiché une croissance de 9,32% en glissement annuel, soit 5,14% de plus que les prévisions. En matière de bénéfices, les secteurs de l'énergie, des matériaux et de l'industrie ont enregistré la plus forte croissance. Dans le secteur de l’énergie, une partie de cette performance spectaculaire repose sur un effet de base, le secteur poursuivant son redressement après la pandémie de COVID-19. D’autre part, les prix de l'énergie ont fortement progressé au second semestre 2021, avant même l’accélération déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le secteur de la santé a validé notre choix de privilégier les entreprises défensives de qualité, dans un environnement caractérisé par une inflation et une volatilité plus élevées. Aidé par un taux de surprise significatif, ce secteur a affiché une croissance des bénéfices de 16,15% au premier trimestre. En revanche, les résultats de la consommation discrétionnaire ont été plombés, aux États-Unis, par des bénéfices inférieurs aux prévisions pour Amazon. Les biens de consommation de base ont réussi à surmonter les craintes inflationnistes jusqu'ici en affichant un bénéfice par action (BPA) supérieur aux prévisions. De fait, la consommation américaine reste robuste et les entreprises possédant des marques fortes comme Coca-Cola ou Pepsico ont réussi à répercuter la hausse des coûts sur le consommateur. Les financières ont dégagé des résultats inférieurs à ceux de l'année dernière en raison de la hausse des coûts, mais leurs bénéfices ont tout de même dépassé les attentes. Enfin, le secteur technologique a présenté des résultats mitigés, les concepteurs de logiciels étant en ligne avec les attentes, tandis que les fabricants de semi-conducteurs sont restés solides malgré les problèmes persistants de chaîne d'approvisionnement.

UNE SAISON DES RÉSULTATS ÉGALEMENT ROBUSTE EN EUROPE

Alors que deux tiers des entreprises européennes ont publié leurs résultats du premier trimestre, 72% d'entre elles ont dépassé les estimations de bénéfices par action. Globalement, ces entreprises ont affiché une croissance de 12,73% en glissement annuel, soit 12,84% de plus que les prévisions. Le bilan ressemble à celui observé aux États-Unis: de solides résultats dans les secteurs Value tels que l'énergie, les matériaux et l'industrie, une forte progression de la santé et une bonne résistance de la consommation courante. Bien que les banques européennes affichent des bénéfices par action inférieurs à l'année précédente, en raison d’une augmentation des provisions pour pertes sur prêts reflétant leur exposition à l'Ukraine, elles sont parvenues à dépasser les prévisions des analystes.

LE SECTEUR DE L’ÉNERGIE EST-IL L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT?

Les marchés financiers ont été ébranlés par la montée de l’inflation, des taux d’intérêt et de la volatilité. Les entreprises américaines et européennes ont cependant fait face en s’appuyant sur un fort pouvoir de fixation des prix et la robustesse du marché du travail. Les analystes ont dès lors revu à la hausse, dans la plupart des régions, leurs projections de bénéfices par action pour l’ensemble de l’exercice fiscal. Ils tablent désormais sur une croissance des bénéfices atteignant respectivement 10,5% et 11,9% pour le S&P 500 et le STOXX 600 en 2022, contre 8,7% et 8,2% en début d'année. Cette forte progression masque toutefois d’importantes disparités entre les secteurs. L analystes ont relevé de plus de 60% leurs estimations de bénéfices pour 2022 dans le secteur de l'énergie. Dans une moindre mesure, les matériaux (+12%) ont également bénéficié de la hausse des prix des matières premières. Cependant, les prévisions ont peu varié dans les autres secteurs, les estimations de bénéfices de la consommation discrétionnaire ayant été réduites d'environ 5%. En ce qui concerne l’indice S&P 500 hors secteur de l'énergie, les prévisions de croissance des bénéfices pour 2022 sont stables depuis le début de l'année.

LES MARGES BÉNÉFICIAIRES MENACÉES

Les marges bénéficiaires, proches de leur sommet aussi bien en Europe qu'aux États-Unis, envoient un signal d'alarme supplémentaire. Si certains secteurs sont protégés par un solide pouvoir de fixation des prix, les marges bénéficiaires sont menacées par la hausse des salaires, l'augmentation des taux d'intérêt et les problèmes persistants de la chaîne d'approvisionnement. La combinaison de la stagnation des projections de bénéfices (hors énergie) et des risques pesant sur les marges bénéficiaires valide notre préférence pour les secteurs Value et Qualité/Défensifs par rapport aux valeurs de croissance et valeurs cycliques.