La théorie du mythe épidémique selon Robert Shiller

Natixis Investment Managers

3 minutes de lecture

Bien avant le déclenchement de la crise, le prix Nobel soulignait l’existence de parallèles entre le fonctionnement d’une épidémie et celui des marchés financiers.

La pandémie de COVID-19 est idéale pour évaluer la théorie du mythe épidémique du professeur Shiller. Selon lui, certains récits deviennent viraux et ont un impact sur la manière dont nous envisageons l’économie ainsi que les marchés financiers. Dans le cas présent, le virus s’est non seulement propagé à travers la population mondiale mais a également créé autour de lui son propre mythe. Bien qu’il pense que les inquiétudes concernant la survenue d’une grande récession sont exagérées, il craint que cette crise n’entraîne un recul technologique.

«Depuis longtemps, je suis convaincu que l’économie est de nature épidémique.»
Robert Shiller, professeur d’économie à l’université de Yale

Bien avant le déclenchement de la crise, le professeur Shiller a noté l’existence de certains parallèles entre la façon dont une épidémie se propage à travers une communauté et celle dont certains récits s’enracinent et influencent les marchés financiers.

Lors d’une récente conférence téléphonique organisée par Ossiam, filiale de Natixis Investment Managers, le professeur Shiller affirmait: «Depuis longtemps, je suis convaincu que l’économie est de nature épidémique.» On se forme un point de vue particulier, et ce mythe, qui devient alors viral, se propage à travers la société et altère notre façon d’appréhender le monde.

Dans le passé, les professionnels de la finance faisaient fi des mythes populaires car, selon eux, ils n’étaient fondés sur aucune donnée scientifique. Pour les rationalistes économiques, ces anecdotes ne pouvaient pas avoir de répercussions profondes sur le comportement humain.

Or, dans son livre Narrative Economics, Shiller soutient qu’en étudiant les récits populaires qui influencent à la fois le comportement individuel et collectif, il nous sera alors plus facile de mieux prévoir et de mieux préparer les crises à venir.

«Il nous est souvent difficile de comprendre les raisons pour lesquelles
les gens se sont comportés d’une certaine manière, puisque nous n’avons pas connaissance
des mythes qui influençaient alors leur comportement.»
Le test parfait

La pandémie de COVID-19 a donné naissance aux conditions idéales pour tester la théorie de Shiller: une véritable pandémie crée son propre mythe et influence le comportement des banques centrales, des gouvernements et des marchés financiers.

Selon le professeur Shiller: «Il est possible que le mythe épidémique ait surestimé l’importance de l’impact du virus sur les marchés». En effet, face à l’épidémie, les marchés financiers ont initialement réagi de manière drastique. Aux Etats-Unis, alors qu’il y a quelques mois à peine, le ratio Shiller cours/bénéfice corrigé des influences cycliques était de 31, il a chuté à 21 pour atteindre son niveau le plus bas, avec un rebond à 25. «Cette chute vertigineuse suggère que les perspectives des investisseurs étaient très différentes», déclare le professeur Shiller.

Bien que cette forte correction du marché soit le reflet de l’impact du confinement sur l’économie des pays développés, si les effets du coronavirus venaient à disparaître d’ici un à deux ans, cela n’aurait eu que de faibles répercussions sur les rendements à long terme.

«Le mythe de la récession est un mythe très puissant,
qui, comme certains virus, réapparaît fréquemment.»
Le mythe de la récession

Notre peur de la récession est quelque peu exacerbée. «On ne peut comparer la crise du COVID-19 à la crise financière mondiale pendant laquelle le mythe d’une récession était encore plus fort en raison des parallèles que l’on faisait avec la crise économique des années 1930», explique le professeur Shiller. 

Alors que les craintes d’une récession peuvent se révéler être de courte durée, un autre mythe plus inquiétant pourrait émerger et venir ralentir la croissance économique pendant longtemps: la crainte de l’impact de l’intelligence artificielle et de la robotique sur nos vies quotidiennes.

Le bouc émissaire technologique

N'ayant aucun moyen d'empêcher la technologie de remplacer de nombreux emplois, les politiciens ont décidé de faire de l'immigration le bouc émissaire. «Si cette période est marquée par un fort taux de chômage, les gens commenceront alors à se focaliser sur la technologie et à l’accuser d’être à l’origine de leurs problèmes», annonce le professeur Shiller.

Cette peur que les machines remplacent les emplois est l'un des récits qui a fait durer la Grande Dépression pendant une décennie. Pour le professeur Shiller: «Il y avait également un mythe sur l’opulence et une réaction à l’encontre de l’ostentation.» On considérait les années 1920 comme l’époque de l’extravagance et c’est la raison pour laquelle, dans les années 1930, la population a opté pour un mode de vie moins flamboyant. Aujourd’hui, il existe un danger qu'un état d'esprit similaire s'installe, mais il est très difficile à prévoir. Pour le professeur Shiller: «Il est tout aussi difficile de prédire les mythes qui deviendront populaires que de tenter de savoir quel film fera la prochaine une.»

Pour visionner la conférence du professeur Shiller, rendez-vous sur le site Natixis Investment Managers.

 

Mentions légales
Le présent document est fourni uniquement à des fins d’information aux prestataires de services d’investissement ou aux autres Clients Professionnels ou Investisseurs Qualifiés et, lorsque la réglementation locale l’exige, uniquement sur demande écrite de leur part. Le présent document ne peut pas être utilisé auprès des clients non-professionnels. Il relève de la responsabilité de chaque prestataire de services d’investissement de s’assurer que l’offre ou la vente de titres de fonds d’investissement ou de services d’investissement de tiers à ses clients respecte la législation nationale applicable.
En Suisse: Le présent document est fourni par Natixis Investment Managers, Switzerland Sàrl, Rue du Vieux Collège 10, 1204 Genève, Suisse ou son bureau de représentation à Zurich, Schweizergasse 6, 8001 Zürich.
Les entités susmentionnées sont des unités de développement commercial de Natixis Investment Managers, la holding d’un ensemble divers d’entités de gestion et de distribution de placements spécialisés présentes dans le monde entier. Les filiales de gestion et de distribution de Natixis Investment Managers mènent des activités réglementées uniquement dans et à partir des pays où elles sont autorisées. Les services qu’elles proposent et les produits qu’elles gèrent ne s’adressent pas à tous les investisseurs dans tous les pays.
Bien que Natixis Investment Managers considère les informations fournies dans le présent document comme fiables, y compris celles des tierces parties, elle ne garantit pas l’exactitude, l’adéquation ou le caractère complet de ces informations.
La remise du présent document et/ou une référence à des valeurs mobilières, des secteurs ou des marchés spécifiques dans le présent document ne constitue en aucun cas un conseil en investissement, une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières, ou une offre de services. Les investisseurs doivent examiner attentivement les objectifs d’investissements, les risques et les frais relatifs à tout investissement avant d’investir. Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l'auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.
Le présent document ne peut pas être distribué, publié ou reproduit, en totalité ou en partie.
NATIXIS INVESTMENT MANAGERS Paris 453 952 681 Capital : 178 251 690 € 43, avenue Pierre Mendès-France, 75013 Paris www.im.natixis.com