La Suisse tient bon dans la tempête

Birgitte Olsen, Bellevue Asset Management

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Exposées à la conjoncture européenne, les entreprises suisses pourraient voir en 2023 la demande extérieure s’affaiblir, en particulier sur l’industriel.

Comparée à la zone euro, la conjoncture en Suisse est bien moins problématique qu’ailleurs, avec un niveau d'inflation relativement modéré de 3%. Après la hausse actuelle des taux d'intérêt à 1%, une intervention rigoureuse de la BNS n'est donc pas forcément nécessaire. La croissance économique, à environ 2% en 2022, devrait en 2023 pour la première fois s'affaiblir et se situer entre 0,5% à 0,8%. Un scénario de récession devrait être évité.

Le plus important moteur de l'économie domestique est le secteur des services qui se comporte de manière tout à fait respectable. Le marché de l'emploi reste solide et près d'une entreprise sur trois enregistre des postes vacants. Les ménages privés devraient, après le rattrapage post-Covid de 2022, modérer quelque peu leurs dépenses cette année, mais la tendance de la consommation reste positive. Le test décisif aura lieu au cours du premier trimestre cette année, lorsque les ménages verront leurs factures d'électricité augmenter, comme cela a été annoncé.

Carnets de commandes à un niveau record

Les carnets de commandes des entreprises industrielles sont particulièrement remplis. Des perturbations des chaînes logistiques et d'approvisionnement ont rendu impossible une production sans faille au cours des deux ou trois dernières années. Un écart croissant s'est creusé entre l'offre et la demande en plein essor, premièrement à cause du Covid et des confinements, puis à cause de la guerre en Ukraine.

Les entreprises suisses font également face à un défi quotidien: celui de l'organisation de la production. Par conséquent, depuis plusieurs trimestres, il n'a pas été possible de livrer ce qui avait été commandé. Actuellement, le carnet de commandes de l'industrie manufacturière allemande, par exemple, s'élève à près de 5 mois selon l'indice IFO, contre une moyenne historique de 2,9. Cela signifie que le niveau d'activité peut rester élevé, même si les entrées de commandes à venir se normalisent et offrent une certaine protection contre le ralentissement de l'économie.

L'innovation préserve

Pour la 12e année consécutive, la Suisse s'est classée première dans le Global Innovation Index, publié chaque année par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). L'innovation, l'agilité ainsi qu'une situation politique et économique stable créent le meilleur environnement possible pour le succès durable des entreprises suisses. Afin de rester compétitives, malgré une monnaie forte et des coûts locaux plus élevés, les entreprises suisses ont su miser sur l'innovation, car celle-ci permet un pouvoir de fixation des prix, une croissance accrue et une meilleure rentabilité. Les entreprises à faible capitalisation et gérées par leurs propriétaires, en particulier, sont souvent à la pointe de la concurrence internationale dans leur catégorie de niche. Ce segment se caractérise par des bilans solides, une grande maîtrise des coûts, une vision à long terme et des structures de gestion efficaces.

Cycle d'investissement global dans les infrastructures

Parmi les mégatendances que nous privilégions figure le cycle d'investissement mondial dans les infrastructures. La prochaine décennie sera synonyme de bouleversements. Après des années de mondialisation, on assiste à un changement de mentalité. Les nouveaux thèmes sont: déglobalisation, «reshoring», simplification des chaînes d'approvisionnement et plus de contrôle sur la création de valeur. Tout cela entraîne un important besoin de numérisation et d'automatisation.

Les thèmes de la transition et de la sécurité énergétiques ainsi que de l'électrification restent également très intéressants. L'Etat s’implique également fortement et souhaite mieux garantir l'approvisionnement (ou l'autosuffisance) en énergie à l'avenir. Les entreprises qui proposent des solutions ainsi que des services et des technologies innovants pourront également en bénéficier sous la forme d'un pouvoir de fixation des prix plus élevé et d'une moindre vulnérabilité aux risques d'inflation. Parmi les entreprises suisses bien positionnées, on trouve notamment Burckhardt Compression, Huber+Suhner, Gurit, LEM, Infineon, VAT et u-blox.

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