La dette privée peut prospérer en période de crise

Ji-Eun Kim, Schroders

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De par sa flexibilité, la dette privée peut aider les emprunteurs dans les moments difficiles tout en garantissant de meilleurs rendements aux investisseurs.

Au début de l’année 2020, le marché de la dette privée sortait d’une décennie de croissance, et la pression concurrentielle avait entraîné des conditions de financement favorables aux emprunteurs. Puis, en quelques semaines, la pandémie de Covid-19 a mis un frein aux opérations de fusions-acquisitions. Le nombre de nouveaux investissements sur le marché de la dette privée a alors nettement diminué.

Les mesures de confinement mises en œuvre dans le monde entier pour contenir la pandémie se sont révélées sans précédent. Pour les entreprises des secteurs les plus exposés, comme le commerce de détail, les voyages et les loisirs, les effets ont été immédiats. Cependant, les nombreuses incertitudes entourant le moment et la forme de la reprise montrent qu’il est encore trop tôt pour définir précisément l’impact de la Covid-19 sur la dette privée.

Néanmoins, la dette privée étant de plus en plus considérée comme une source importante de liquidités et de financement à long terme, la balance penche désormais clairement en faveur des prêteurs. Pour les gestionnaires de dette privée capables de réagir promptement face aux difficultés des emprunteurs, la crise de Covid-19 génère des opportunités d’investissement attrayantes.

Flexibilité et patience

La crise actuelle est sans doute le premier test auquel la dette privée est réellement soumise. C’est à partir des cendres de la crise financière mondiale que le secteur a réellement émergé, devenant l’une des classes d’actifs les plus importantes et les plus dynamiques du marché privé. Nous nous attendons donc à ce que la pandémie de Covid-19 entre dans l’histoire en tant que point de démarcation pour la dette privée, un point qui remet en cause les conditions récemment favorables aux emprunteurs. La construction de portefeuille fera également l’objet de toutes les attentions, car les fonds de dette privée très exposés aux dépenses de consommation discrétionnaire et aux secteurs cycliques sont davantage menacés que les fonds bien diversifiés comprenant des secteurs défensifs.

Jusqu’à présent, aucune hausse des défauts ou des taux de pertes n’est survenue à l’échelle d’un secteur. La dette privée, en tant que classe d’actifs illiquide, n’a pas de marché secondaire où les données sur les prix peuvent être facilement obtenues. Combiné aux décalages de valorisation habituels, un certain temps peut s’écouler avant que les signes d’un impact marqué sur les valorisations apparaissent.

Toutefois, les gestionnaires de dette privée déploient de nombreux efforts avant que les dépréciations soient reflétées dans les rapports remis aux investisseurs. La dette privée se distingue des autres sources de capitaux d’emprunt principalement par sa flexibilité et une capacité à se projeter sur le long terme. En période de tensions, des négociations ciblées peuvent aboutir à des accords à court terme, y compris des reports de paiement d'intérêts ou la renonciation à des clauses restrictives. Ceux-ci peuvent fournir le temps nécessaire aux emprunteurs pour surmonter les difficultés à court terme et générer des revenus supplémentaires pour les prêteurs grâce aux frais.

Pour les investisseurs finaux ou les associés commanditaires, il est important de pouvoir identifier l’origine de la pression exercée sur le portefeuille et de comprendre comment ces accords négociés peuvent affecter les distributions aux investisseurs.

Par ailleurs, les sociétés en portefeuille existantes peuvent également offrir des opportunités d’investissement attrayantes en période de liquidité limitée. L’octroi sélectif d’un financement supplémentaire aux emprunteurs confrontés à des difficultés de trésorerie à court terme peut placer les prêteurs directs existants en position de force, créant une relation d’exclusivité unique. En règle générale, ces prêts «complémentaires» ou «financements relais» sont accordés aux emprunteurs avec lesquels les dirigeants sont déjà très familiarisés. Les rendements de ces prêts peuvent offrir des revenus relativement attrayants, avec des frais de souscription plus élevés et d’autres frais ponctuels. La plus grande discipline doit néanmoins être exercée dans le cadre des souscriptions. L’accent doit également être mis sur la collaboration avec les sociétés en portefeuille confrontées à des difficultés de liquidité à court terme, mais qui devraient s’en trouver renforcées à long terme.

D’où émergent les nouvelles opportunités?

La crise de Covid-19 a donné lieu au déploiement d’une aide financière sans précédent de la part du gouvernement. Aujourd’hui, les banques se trouvent également en meilleure posture financière et réglementaire comparé à la crise financière mondiale. Malgré les événements, la crise devrait élargir le champ de la dette privée, en raison de sa flexibilité et de la capacité du secteur à travailler en étroite collaboration avec les bailleurs de fonds.

À ce stade, le coronavirus a en grande partie mis fin aux opérations de fusions-acquisitions, principale source d’opérations de prêt direct. Les infrastructures et la logistique des transactions ont été éprouvées par les mesures strictes de distanciation sociale et de confinement destinées à enrayer la propagation du virus. En d’autres termes, il est difficile de faire affaire lorsque vous ne pouvez pas discuter en face à face dans la même pièce. Les acheteurs potentiels, y compris les sociétés de capital-investissement, se sont en outre concentrés sur la gestion des participations existantes.

Toutefois, les rares opérations finalisées et le nombre croissant d’investissements en projet laissent entrevoir une évolution du profil risque-rendement en faveur des prêteurs privés. Les banques présentent un faible appétit pour le risque compte tenu du manque de visibilité et renoncent à réaliser de nouveaux investissements. Par conséquent, les gestionnaires de dette privée sont désormais sollicités par des emprunteurs présentant une meilleure solvabilité qui, avant la crise actuelle, disposaient d’autres options de financement au sein des banques et sur l’ensemble des marchés des crédits consortiaux. Ces prêts sont désormais assortis de conditions plus prudentes, bien plus favorables aux prêteurs qu’elles ne l’étaient début 2020: spreads plus larges, prolongation des périodes de blocage des remboursements anticipés, frais de souscription plus élevés et clauses restrictives.

Étant donné que le moment et la forme de la reprise restent incertains, les nouveaux investissements doivent être judicieusement sélectionnés, en mettant l’accent sur les secteurs défensifs, notamment les soins de santé, l’industrie pharmaceutique et les services aux entreprises/services informatiques. Les entreprises les mieux à même de résister au paradigme macroéconomique post-Covid-19 incluront les activités nécessitant peu d’actifs, les opérations avec des flux de revenus contractuels et celles avec un taux de conversion des flux de trésorerie élevé.

Compte tenu de la dynamique du marché, nous prévoyons également une concentration relativement élevée d’opportunités de prêt de rang supérieur avec un effet de levier plus faible. Pour les prêteurs privés ayant des mandats flexibles, les opportunités secondaires décotées sur les marchés consortiaux pourraient s’avérer attrayantes. Les gestionnaires de dette privée disposant d’une équipe de souscription expérimentée et d’une échelle de déploiement flexible des ressources et du financement seront les mieux placés pour profiter de ces nouvelles évolutions du marché.

En résumé - s'associer aux bons gérants

Nos perspectives pour 2020 ont souligné l’importance de se montrer sélectifs dans le cadre des partenariats avec les gérants de fonds de dette. Réussir à gérer les problèmes de liquidité des sociétés en portefeuille et générer des rendements supplémentaires malgré un contexte de marché difficile nécessite à la fois une expertise et une certaine flexibilité. Travailler avec des gestionnaires de dette privée capables de gérer les risques et de tirer parti des incertitudes est crucial pour permettre aux investisseurs de naviguer dans les eaux troubles de la crise de Covid-19.

 

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