La dette émergente face aux obstacles

Lisa Turk, Edmond de Rothschild Asset Management

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Un potentiel de rattrapage important existe aujourd’hui.

La pandémie du coronavirus crée des obstacles considérables pour les marchés émergents. Ils ont observé des sorties de capitaux record au cours des dernières semaines, entraînant des dépréciations de leurs devises, un resserrement des conditions financières et des contraintes de liquidité. Le marché offre aujourd’hui des niveaux de valorisations particulièrement intéressants et à moyen terme, l’environnement de taux bas dans les pays développés devrait perdurer, ce qui devrait soutenir les actifs à spreads. Nous restons confiants quant au potentiel de la classe d’actif.

Les pays émergents hors-Asie ayant été touchés par le COVID-19 plus tard que d’autres régions, ils n’ont pas vécu un rebond de la proportion des autres actifs risqués au début de ce deuxième trimestre. Au-delà de la crise déclenchée par la pandémie, certains pays comme l’Argentine ou l’Ukraine ont rencontré des obstacles politiques internes, d’autres ont été touchés par la chute des prix du pétrole.

Néanmoins, ces obstacles disparaissent au fur et à mesure et, selon nous, de nombreux facteurs pourraient continuer à soutenir le rebond de la dette émergente observé depuis quelques semaines, à court et moyen terme.

Le différentiel de croissance entre pays émergents et pays développés s’est réduit suite à la révision des prévisions de croissance, mais il demeure encore en faveur des pays émergents. Selon le rapport d’avril du Fonds Monétaire International (FMI), les Etats-Unis et la zone euro devraient voir leur croissance chuter de 5,9% et 7,5% respectivement en 2020. La Russie (-5,0%), la Turquie (-5,5%), le Brésil (-5,3%) et même l’Argentine (-5,7%) ont des ralentissements légèrement moins importants. Certains pays émergents hors Asie comme la Turquie, le Brésil ou l’Ukraine, dont respectivement 30%, 42% et 30% des exportations sont à destination de l’Asie, vont bénéficier du rebond de l’économie chinoise dès le deuxième trimestre.

De plus, nous avons observé des politiques monétaires inédites et un financement international sans précédent qui devraient permettre de limiter la crise économique et soutenir un rebond des actifs émergents. Les banques centrales émergentes augmentent leurs interventions, lentement mais sûrement. Certaines adoptent même l’assouplissement quantitatif. En effet, alors que les marges de manœuvre budgétaires des pays émergents sont limitées en raison d’un accès au financement plus restreint (historique de défauts et de forte inflation), ce sont les banques centrales qui ont agi, initialement en baissant leurs taux directeurs. Toutefois, certaines ont réalisé qu’il était plus utile de restaurer la liquidité que de réduire le coût de financement pour soutenir la relance budgétaire, limiter le ralentissement économique et influencer les spreads de crédits. Les pays les mieux placés pour appliquer une politique monétaire non conventionnelle sont soit ceux ayant des réserves de changes suffisantes pour limiter la dépréciation de leur devise, soit ceux pouvant se permettre de voir leur devise se déprécier légèrement.

Par ailleurs, le gel des paiements de la dette entre le 1er mai et la fin de l’année 2020 proposé par le G20 redonne une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire aux marchés émergents. Celui-ci s’ajoute aux financements de 1'000 milliards de dollars mis à disposition par le FMI. En Ukraine, l’accord trouvé avec le FMI sur un nouveau programme de financement, d’un montant de 5 milliards de dollars, ainsi qu’une aide financière de la part de l’Union européenne et de la Banque Mondiale ont fortement soutenu les actifs ukrainiens en mai (+13,8% sur un mois). Les obligations ukrainiennes ayant pris du retard dans le rebond en mars et en avril en raison de l’incertitude liée au déblocage de ces fonds, nous anticipons la poursuite de leur rattrapage au cours des prochaines semaines.

Plus récemment, le rebond dans les matières premières illustre selon nous la reprise de la demande en Chine. Encore timide, cette hausse des prix devrait s’accélérer à mesure que les déconfinements en Europe et aux Etats-Unis se dessinent au cours des prochaines semaines. Elles viennent avant tout soutenir le secteur de la sidérurgie, très présent au Brésil, en Russie et en Ukraine notamment.

Finalement, les niveaux de valorisations sont intéressants. () Du côté de la dette d’entreprise émergente, le choc de la crise a eu comme conséquence un écartement massif des spreads. Il faut remonter au mois de juin 2009 pour retrouver un niveau de spread de plus de 500pb pour l’indice CEMBI Broad. En comparaison historique, la valorisation est même plus généreuse actuellement si nous considérons que la qualité moyenne de crédit est supérieure à celle 10 ans en arrière. En outre, le spread entre les notations Investment Grade et High Yield est monté à ses plus hauts historiques, reflétant l’intérêt à privilégier en partie le segment le plus risqué de l’univers d’investissement. Dans le détail de l’univers, certains segments se démarquent comme la zone ou Amérique Latine.

 

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