La BNS va dévoiler sa quatrième baisse de taux

Karsten Junius, J. Safra Sarasin

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La banque J. Safra Sarasin prévoit une baisse de 50 points de base la semaine prochaine et des taux à 0% d’ici juin.

 

La Banque nationale suisse semble désormais en mesure d’adopter une politique monétaire expansionniste en raison des taux d’inflation de novembre, qui ont révélé une faible pression sur les prix pour l’économie suisse. Il est temps pour la BNS de l’appliquer de manière décisive.

Dans les mois à venir, l’inflation devrait baisser d’avantage, donc les risques pour la stabilité des prix sont évidemment moins importants. Les perspectives du secteur des exportations sont impactées par la croissance lente de la zone euro.

Nous révisons notre prévision de taux directeur et nous attendons désormais une baisse de 50 points de base au lieu de 25 points de base en décembre. En mars et juin 2025, nous prévoyons deux baisses de taux de 25 points de base à un niveau terminal de 0%. Nous n’exclurions pas des taux négatifs par la suite, mais considérons que l’obstacle est élevé. En principe, la BNS pourrait également utiliser des interventions sur le marché des changes pour faire baisser la valeur du franc suisse et prévenir la déflation importée.

Cependant, nous ne voyons pas une surévaluation claire et significative du franc. Par conséquent, les interventions sur le marché des changes ne seraient pas l’instrument de politique optimal à utiliser pour stimuler l’économie.

L’inflation était très faible en novembre. À 0,7% en glissement annuel, l’inflation globale est restée en dessous de 1%, tandis que l’inflation de base a légèrement augmenté à 0,9% contre 0,8% en octobre. Les prix domestiques ont augmenté de 1,7%. Pourtant, l’inflation domestique ne reflète que des loyers plus élevés et des prix administrés. L’inflation de l’IPC hors loyers n’a augmenté que de 0,1% en glissement annuel et l’inflation de l’IPC hors prix administrés de 0,6% en glissement annuel.

L’année prochaine, l’inflation continuera de diminuer pour diverses raisons. En janvier, les prix fixes de l’électricité baisseront d’environ 10%. Les loyers pourraient même baisser légèrement car le taux de référence hypothécaire, qui guide les ajustements de loyer, sera très probablement réduit en mars. Nous prévoyons également une croissance salariale plus faible l’année prochaine, car les entreprises signalent que le recrutement est plus dynamique.

En conséquence, nous prévoyons une inflation moyenne de 0,3% au premier et au deuxième trimestre, par rapport aux prévisions de la BNS de 0,6% et 0,5% respectivement. La BNS devra également abaisser sa prévision pour le quatrième trimestre. Au lieu de 1,0%, une moyenne trimestrielle de 0,7% semble beaucoup plus probable.

L’indicateur de l’emploi KOF et les indices des directeurs d’achats (PMI) indiquent une modération de l’économie. Les exportations ne devraient pas beaucoup croître car la zone euro – où 36% des exportations suisses vont – ne va pas bien non plus.

Avec une croissance inférieure au potentiel, un écart de production négatif et des risques baissiers pour les perspectives d’inflation, il est clair que la BNS devrait mener une politique monétaire expansionniste. La seule question est de savoir quels outils politiques utiliser parmi la politique de change, la politique de communication et le taux directeur.

Les interventions sur le marché des changes n’ont pas de sens aux taux de change actuels. Le franc peut sembler très apprécié. Pourtant, en termes réels – c’est-à-dire ajustés à l’inflation – il est à peine plus élevé qu’il y a un an et pas non plus très éloigné de sa moyenne sur cinq ans. Étant donné qu’une légère appréciation réelle est justifiée sur la base d’une croissance de la productivité plus élevée que dans la zone euro, le taux de change est probablement proche de son niveau équitable.

La BNS pourrait essayer d’influencer le taux du marché monétaire et le taux de change par sa communication. Traditionnellement, la BNS le fait en modifiant ses prévisions d’inflation. Elle pourrait également préciser qu’elle envisage de réduire les taux au-delà des attentes du marché. Mais elle l’a déjà fait la dernière fois, de sorte que les politiques de communication sont épuisées pour le moment. Par conséquent, la BNS devra abaisser les taux si elle souhaite assouplir davantage la politique monétaire. Ce n’est qu’avec une réduction de 50 points de base que le taux directeur serait sans ambiguïté en territoire expansionniste, une position politique clairement nécessaire maintenant.

Nous n’exclurions pas la nécessité de taux négatifs et la BNS non plus, comme l’a expliqué son nouveau président Martin Schlegel. Cependant, ce n’est pas notre scénario de base. Au lieu de cela, nous prévoyons une croissance modérée au premier semestre de 2025 et une croissance potentielle au second semestre. Le franc pourrait s’apprécier par rapport à l’euro en cas de turbulences politiques, mais il pourrait également se déprécier par rapport au dollar américain en fonction des décisions politiques de Trump. Enfin, une guerre commerciale mondiale pourrait entraîner des taux d’inflation plus élevés dans tous les pays.