2023 nous montre qu’une nouvelle page s’ouvre, avec un nouveau cycle qui pourrait bénéficier à la thématique de l’hydrogène.
Alors que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C semble être de plus en plus difficile à atteindre, l’utilisation d’énergies renouvelables devient primordiale. Ces énergies présentent l’avantage d’émissions quasi nulles sur l’ensemble du cycle de vie. Cependant, leur caractère intermittent rend leur développement à grande échelle plus difficile. L’hydrogène apparait comme une solution idéale.
Il s’agit de l’élément chimique le plus abondant, estimé à 75% de la masse de l'univers, avec une composition relativement simple. Cependant, les difficultés à le produire ou à le stocker rendent plus complexe son développement. Un travail d’analyse est indispensable pour faire le tri entre les bonnes idées et les «fausses bonnes idées».
Bien que la transition énergétique soit une thématique boursière incontournable, le ralentissement de l’économie et le contexte macro-économique en 2022 a lourdement pesé sur cette thématique de croissance.
Les premières semaines de l’année 2023 montrent que la page 2022 est tournée, et qu’un nouveau cycle, plus porteur à la thématique de l’hydrogène, s’enclenche. Il peut être intéressant pour les investisseurs de s’y intéresser à nouveau, la prime de croissance étant désormais plus raisonnable.
L’hydrogène, et pour être plus précis le dihydrogène (H2), n’est pas disponible en l’état dans la nature. Il faut le produire à partir d’une première source d’énergie. Il existe différents procédés avec pour chacun des avantages et des inconvénients:
Pour des raisons essentiellement économiques, 95% de l’hydrogène produit aujourd’hui est issu de la transformation d’énergies fossiles (principalement le gaz). L’hydrogène est donc en grande partie brun.
Une tonne d’hydrogène produite à partir de reformage de gaz émet plus de 10 tonnes de CO2. Sa production est responsable de 830 Mt de CO2 par an, l’équivalent des émissions du Royaume-Uni et de l’Indonésie. Il est possible aussi de produire de l’hydrogène vert à partir d’énergie nucléaire, de biomasse ou d’énergies renouvelables.
L’hydrogène est un produit industriel utilisé principalement comme produit chimique dans la fabrication d’engrais ou le traitement des pétroles. L’usage de l’hydrogène dans le secteur des transports, comme une alternative aux énergies fossiles, pourrait être un moyen efficace pour réduire les émissions de CO2. Le développement mondial des véhicules à hydrogène, toutes catégories confondues, pourrait connaître une croissance de 40% par an.
A mesure que son usage se développe, la production, le transfert, le stockage et l’utilisation doivent être repensés. Les projets, plausibles ou non, autour de l’A380 à hydrogène, le TGV ou le transport routier, sont quelques exemples d’innovations à venir…
La demande mondiale d'hydrogène a atteint 94 Mt en 2021, une augmentation de 5% par rapport à 2020. Elle devrait atteindre environ 180 Mt d’ici 2030 dont la moitié issue de nouvelles applications.
Le premier enjeu dans le développement de l’hydrogène concerne la production d’électricité «bas-carbone». Si la France a une production d’électricité peu carbonée, ce n’est pas le cas d’autres pays. L’infrastructure de stockage et de distribution (l’équivalent du réseau de station essence) doit également être développée. Un autre obstacle concerne les difficultés de stockage et les risques d’explosion en cas de fuite. Sous forme gazeuse, il s’agit d’un produit hautement explosif et inflammable.
Des chercheurs en nanotechnologie de l’Université Deakin ont fait une découverte révolutionnaire permettant de stocker l’hydrogène sous forme de poudre, un moyen plus sûr. Cette avancée scientifique pourrait révolutionner définitivement les usages de l’hydrogène dans le domaine de l’industrie et des transports.
La pression climatique pour décarboner l’économie ou la souveraineté énergétique devraient propulser l’hydrogène d’un secteur artisanal à une industrie de pointe et de masse.
Plus de 30 grands pays ont déjà annoncé leur plan de soutien à l’hydrogène dans le cadre de leurs stratégies environnementales pour réduire les émissions de CO2. En Europe, le plan date de 2020 et vise à créer un écosystème permettant le développement d’une filière stratégique. L’objectif est d’installer 40 GW d’électrolyseurs à hydrogène vert d’ici 2030.
La révolution de l’hydrogène représente une opportunité d’investissement de plus de 10 000 milliards de dollars jusqu’en 2050 et la création de millions d’emplois. La croissance annuelle de la demande pourrait atteindre 5 % selon l’Agence Internationale de l’Energie et atteindre 7% de la consommation mondiale d’énergie au milieu de la décennie.
L’analyse de la croissance annuelle des ventes de l’indice BI Global Hydrogen Theme montre une dynamique soutenue avec plus de 23% de croissance médiane attendue pour 2023 après déjà +22.5% en 2022.
En termes de valorisation, si nous regardons le Price-to-sales de cet indice,il semble avoir atteint un plancher au S2 2022. Alors, dans l’hypothèse d’une stabilité à venir de ce ratio, la croissance des ventes devrait être un moteur de performance pour la thématique.
Dans le cas d’une thématique séculaire comme l’hydrogène, le potentiel de croissance à long terme doit prévaloir aux fluctuations du court terme. Avec des fondamentaux intacts, voire renforcés, le point d’entrée aujourd’hui nous parait particulièrement intéressant.