A l’aube d’une nouvelle ère

Nathalie Wallace & Mathilde Dufour, Mirova

4 minutes de lecture

Les experts de Mirova nous expliquent en quoi l’élection de Joe Biden a changé la dynamique en matière de lutte contre le changement climatique.

A quelques heures de son investiture, Joe Biden a publié un message sur Twitter: «It’s a new day in America!» (C'est un jour nouveau pour l'Amérique). Et quelle journée! Peu après sa prise de fonctions, Joe Biden a annoncé le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris, comme il l’avait promis durant sa campagne électorale, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère climatique aux États-Unis et une course globale à la transition vers une économie à émission nette zéro.

Dans quelle mesure l’élection de Joe Biden change-t-elle la donne aux États-Unis en termes de politique climatique?

Nous pensons que son arrivée au pouvoir a naturellement un impact sur la dynamique en matière de climat, mais également en termes économiques et géopolitiques. Néanmoins, le train était déjà en marche: en 2019, pour la première fois de leur histoire, les États-Unis ont consommé plus d’énergies renouvelables que de charbon1, notamment grâce, selon nous à la baisse continue du prix de l’énergie solaire et éolienne.

L’administration Biden a inscrit le Climat parmi les priorités de son agenda politique intérieur2, ce qui semble avoir encore accéléré ces tendances. La transition vers un monde plus propre est une priorité pour le Président, qui considère le changement climatique comme «la menace existentielle de notre temps», et qui déclare clairement que le climat est l’affaire de tous: «au même titre que le COVID-19, le changement climatique nécessite une réponse nationale et unie. Au regard de l’urgence, notre réaction doit être à la hauteur, comme pour n’importe quelle autre crise nationale3». Dans cet esprit, en avril 2021, Joe Biden a dévoilé un plan de recherche et d’innovation historique de 325 milliards $4.

Nous pensons que cette politique implique trois transitions: environnementale, sociale et économique. Disposer du capital requis pour répondre aux objectifs de l’Accord de Paris, développer et posséder les technologies pertinentes, sont des moteurs clés pour la création d’emplois. Une «économie verte» a trois objectifs interconnectés et interdépendants: renforcer la croissance économique en finançant les bonnes technologies et en développant les compétences des travailleurs, réduire la pauvreté en faisant baisser le taux de chômage, en améliorant l’exclusion et l’égalité, et limiter les émissions de gaz à effet de serre. Les États-Unis vont devoir s’adapter rapidement, car la course mondiale contre le réchauffement climatique a déjà commencé et d’autres pays, notamment la Chine, ont pris une longueur d’avance.

L’Aigle et le Dragon vont-ils une nouvelle fois se mesurer l’un à l’autre?

Effectivement, après le commerce et la technologie, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique pourrait bien constituer la prochaine «guerre» entre la Chine et les États-Unis, alimentée par l’engagement des deux pays à générer zéro émission nette. La concurrence que ces pays vont se livrer pour développer des technologies efficaces entraînera une révolution industrielle et énergétique, un moteur pour l’emploi et la croissance économique. La Chine n’a pas attendu les États-Unis pour agir: entre 2010 et 2020, elle a dépensé deux fois plus que les États-Unis sur des mesures en faveur du climat, soit 1,200 milliards $ contre 600 milliards aux États-Unis5. La Chine domine également le marché mondial en termes de production de véhicules électriques et de batteries. 77% de la capacité installée en batteries à lithium-ion se situe en Chine en 2020, contre seulement 10% aux États-Unis5. Néanmoins, les États-Unis sont bien positionnés pour combler leur retard, avec une nouvelle volonté politique de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005, de mettre en œuvre de l’électricité zéro carbone d’ici 2035 et d’atteindre une énergie 100% verte d’ici 20506. L’administration s’attelle également au changement climatique avec une approche sectorielle, environnementale et sociale de grande envergure. Le gouvernement prévoit de lancer la rénovation de millions de bâtiments et de logements afin d’améliorer leurs performances énergétiques, et compte fermer les puits de pétrole et de gaz abandonnés, se réapproprier les mines et placer la justice environnementale au cœur des préoccupations7.

Comment l’Europe est-elle positionnée?

L’Europe est déjà un leader en matière de politique climatique; elle dispose de la réglementation verte la plus avancée au monde et bénéficie d’une longueur d’avance en termes de décarbonisation. En effet, la part des renouvelables dans la consommation globale d’énergie en Union Européenne a connu une très forte croissance et s’élève à près de 20% en 2020, contre 9,6% en 2004. L’objectif européen est d’arriver à 32% d’ici 20308. Par ailleurs, 8 des 10 premières entreprises de Clean Tech sont européennes, aujourd’hui9.

A cela s’ajoute le fait que le «Green New Deal» est constitué d’une série d’initiatives politiques dont l’objectif est de développer la stratégie de biodiversité du continent à horizon 203010. Le Pacte a également vocation à obtenir la neutralité carbone d’ici 205010. Les objectifs ambitieux du Pacte Vert vont nécessiter des investissements conséquents dans chaque secteur impacté. La Commission prévoit de débloquer 20 milliards € par an. Cette initiative fait désormais partie du plan de soutien face à la crise sanitaire, Next Generation EU, un instrument financier exceptionnel et temporaire représentant 750 milliards € de financements supplémentaires levés sur les marchés pour la période 2021-202410. Enfin, Next Generation EU et le cadre financier pluriannuel de l’UE permettront de dégager 1850 milliards € afin de redémarrer l’activité et assurer le redressement des économies européennes10. La portée de ces initiatives a été renforcée en avril 2021, avec l’accord provisoire sur la loi Européenne sur le climat, transformant l’engagement politique de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici 2050 en un engagement légal. Cette loi entérine l’objectif de l’UE de réduire ses émissions nettes de 55% entre 1990 et 2030. En conclusion, bien que chaque région dispose de son propre calendrier, nous observons pour la première fois de l’histoire un réel alignement mondial autour d’un seul objectif: une planète plus verte. Dans cet esprit, le président Biden a tenu un sommet international virtuel sur le climat, avec la participation de 40 dirigeants du monde entier, pour lutter contre le changement climatique11. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère climatique.

Rédigé en Mai 2021.

 

1 Source: US Energy Information Administration, 2020.
2 www.whitehouse.gov/briefing-room/presidential-actions/2021/01/27/executive-order-on-tackling-the-climate-crisis-at-home-and-abroad/
3 www.euronews.com/2020/12/19/no-time-to-waste-biden-introduces-his-climate-team
4 https://sciencebusiness.net/news/biden-unveils-historic-325b-research-and-innovation-plan
5 Source: BofA Global Research, Thematic Investing, Climate wars. Février 2021.
6 joebiden.com/climate-plan
7 joebiden.com/clean-energy/
8 Source: European Commission, Eurostat.
9 Source: BofA Global Research, Thematic Investing, Climate wars. Février 2021.
10 ENMirovaAlpha5.pdf
11 www.state.gov/leaders-summit-on-climate/

 

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site Natixis Investment Managers.

 

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