Alors qu’il se trouve en pleine tempête – entre le Covid, l’inflation croissante, les tensions sur l'approvisionnement alimentaire, les événements climatiques extrêmes et les bouleversements géopolitiques – le monde est sur le point de vivre une nouvelle révolution industrielle.

L’ère de ‘l’industrie 4.0’, qui englobe entre autres les usines intelligentes, les systèmes autonomes, l'internet des objets, l'intelligence artificielle, l'impression en 3D et l'apprentissage automatique («machine learning»), offre une perspective d’avenir plus durable. La reconstitution de la biosphère, une meilleure sécurité énergétique et alimentaire, de même qu’une amélioration de la productivité, sont des éléments essentiels pour augmenter le niveau de vie et l’employabilité dans le monde entier.

Le caractère interconnecté de ces développements signifie que l’accès partagé en «open source» à l'information et à l'innovation peut accélérer cette évolution, en donnant à chacun les moyens d'y participer. Par exemple, la population possèdera de moins en moins son propre véhicule et fera de plus en plus appel à la location au cours des prochaines années.

De tels développements nécessitent un financement massif de la part des investisseurs. Il est cependant difficile de prédire quels seront les gagnants sur la durée, et il ne sera pas plus aisé d'éviter les phénomènes de mode éphémères. Mais l'une des façons de prévoir l'évolution de l'industrie 4.0 au cours des prochaines décennies est de tirer des enseignements des mutations précédentes.

La première révolution industrielle, qui s'est déroulée en Angleterre entre 1760 et 1860, a été nourrie par le progrès technique, l'éducation et un flux de capitaux croissant. Elle a fait du pays «l'usine du monde» et a engendré une augmentation continue du revenu individuel. La deuxième révolution industrielle, survenue aux États-Unis dans les années 1850, a été déclenchée par des facteurs tels que l'électrification, l’extraction de pétrole brut, la diffusion de la téléphonie et la production de véhicules à la chaîne.

Au début des années 2000, le potentiel de productivité de l'infrastructure sur laquelle s'appuyait la 2e révolution industrielle était arrivé à épuisement. Une nouvelle infrastructure technologique est alors apparue, fondée sur les ordinateurs, les réseaux informatiques et la robotique: la 3e révolution industrielle. Celle-ci constitue le point de départ du dernier bond en avant, l'industrie 4.0 (voir le graphique).

L'économiste américain Jeremy Rifkin estime que les progrès technologiques réduiront à pratiquement zéro les coûts de production et de livraison d'un éventail grandissant de biens et de services. Et il fait remarquer que c'est déjà le cas dans l'édition et les médias. Il avance que chaque révolution industrielle a créé une nouvelle architecture qui est à l'origine de la quasi-totalité des gains de productivité réalisés.

Au cours de la prochaine décennie, cette infrastructure devrait s'étendre aux véhicules autonomes, électriques ou munis de piles à combustible, alimentés par des énergies renouvelables d’un coût marginal, et circulant sur des réseaux routiers, ferroviaires, maritimes et aériens «intelligents». Cela devrait permettre de partager la communication, l'énergie et la mobilité, tant sur le marché capitaliste que dans l'économie de partage émergente.

Le grand défi auquel doivent faire face les investisseurs est qu'il est difficile d'identifier, aujourd’hui, les entreprises qui seront capables de survivre et de prospérer au cours des 10 à 20 prochaines années. L'histoire montre que l’essor potentiel des produits et services à caractère disruptif a toujours été sous-estimé. Le rythme de l'évolution technologique et la baisse des coûts ont souvent dépassé les prévisions, par exemple dans le secteur des énergies renouvelables. Les solutions environnementales basées sur des technologies telles que l'hydrogène vert, l'énergie solaire, les voitures électriques ou les bioplastiques, modifient les chaînes de fabrication et d'approvisionnement, tout en transformant le comportement des consommateurs à l'échelle mondiale.

Comprendre cette transformation accélérée de la consommation – et son impact sur les industries concernées – permet d'éclairer nos décisions d'investissement. Pour identifier les entreprises les plus prometteuses, il faut faire un travail de recherche, avoir l’esprit ouvert et être capable d'examiner les défis et toutes les possibilités sous plusieurs angles. Cela implique également d’avoir la conviction d'investir dans une démarche sans contrainte, avec une vision globale, et en visant des résultats environnementaux positifs. Nous sommes convaincus que la gestion active des investissements est la clé pour identifier les entreprises qui seront capables de faire mieux que les autres.