Investir en capital humain, une mégatendance

Aymeric Gastaldi, Edmond de Rothschild Asset Management

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Dynamiques structurelles et diffusion accélérée du progrès technologique rendent cet investissement essentiel.

L’ÉDUCATION, LÀ OÙ TOUT COMMENCE

L’éducation est un puissant levier macroéconomique et micro-économique. Elle est considérée comme une priorité absolue par les pays émergents puisqu’elle leur permet de rattraper le niveau de vie des pays développés. Pour ces derniers, l’éducation est devenue essentielle dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Comme l’indique l’OCDE, la qualité de l’enseignement peut être «une variable prédictive très probante de la prospérité économique des Nations». C’est pourquoi, à nombre d’étudiants stable, les dépenses en éducation augmentent de 4% par an, de façon pérenne1.

Au sein de l’éducation, certaines niches progressent encore plus rapidement. Il s’agit notamment de la «EdTech» (les nouvelles technologies permettant de faciliter l’enseignement), dont la croissance est attendue à plus de 12% par an pour les années à venir2. Ce secteur voit émerger des entreprises innovantes, offrant de nouveaux outils aux enseignants comme aux étudiants et contribuant à l’amélioration de la qualité et de la diffusion des contenus éducatifs. C’est notamment le cas pour des sociétés telles que TAL Education, Chegg ou bien encore Sanoma.

Des études réalisées par l’OCDE permettent d’appréhender la valeur créée par l’éducation. Ainsi, le coût d’un diplôme du tertiaire est en moyenne de 53k$ et génère un retour net de 320k$, soit un taux de rentabilité interne (TRI) de 14%. Un autre calcul indique que pour l’État, la valeur actuelle nette d’un diplôme du tertiaire est de 135k$1. Ces chiffres sont remarquables car ils illustrent la logique économique de l’investissement dans l’éducation au niveau macroéconomique. Du côté micro-économique, ils démontrent la pertinence des offres de formation et mettent en lumière la solidité du business model des entreprises du secteur ainsi que leur pricing power, à savoir la capacité d’une entreprise à imposer ses prix au consommateur.

LA NATURE DES EMPLOIS ÉVOLUE

La transmission du savoir est indissociable des notions d’éducation et de formation. Cette approche constitue cependant une nouvelle tendance à part entière. Deux forces structurelles agissent de concert: vieillissement de la population et accélération de la diffusion des progrès technologiques. Ces deux tendances de fond accélèrent l’obsolescence du capital humain. L’investissement en éducation et en formation continue sont les réponses à ce défi. Une étude de Dell Technologies et de l’Institute for The Future conclut que 85% des emplois qui existeront en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. Ce chiffre peut être débattu, mais il traduit une implacable vérité: à la lumière des transformations technologiques actuelles, la nature des emplois évolue et engendre une demande croissante en formation et services éducatifs.

LA PROTECTION DES SALARIÉS AU SERVICE DE LA PRODUCTIVITÉ

La protection des salariés (et leur bien-être) s’inscrit également dans une trajectoire de long-terme. Il s’agit là de protéger le capital humain. La logique est d’ordre moral aussi bien que financier. Sur sa composante morale, la prise de conscience est récente. Elle est cependant appelée à s’amplifier, notamment dans les zones émergentes. On peut toutefois penser que ce réveil a vraisemblablement d’abord été catalysé par des considérations économiques.

Deux chercheurs de l’Université de Californie ont estimé que le coût des accidents du travail se chiffre à 200 milliards de dollars par an… et ce chiffre tient seulement compte des États-Unis. Selon l’OSHA (Agence Européenne pour la Sécurité au Travail), ce chiffre dépasse les 400 milliards d'euros pour l’Europe. Cette agence a calculé que pour chaque euro investi dans des mesures de protection du salarié, le retour sur investissement était de 2,2 euros.

En investissant dans la protection et le bien-être de ses salariés, l’entreprise va donc suivre une logique financière pertinente et éprouvée. En plus de cela, elle va générer des externalités positives très fortes. La première d’entre elles est la fidélisation de ses collaborateurs, ce qui se traduit par une meilleure productivité et un turnover plus faible.

Ces raisons expliquent les conclusions de KBV Research qui anticipe une croissance des budgets consacrés à la protection des salariés de plus 10% par an lors des années à venir. Il s’agit d’un rythme 3 fois plus élevé que celui de la croissance macro-économique attendue.

De nombreuses sociétés cotées telles que Rentokil, Epiroc ou Ecolab se distinguent particulièrement en la matière. L’investissement en capital humain apporte donc une réponse économique et sociale aux grands défis des années à venir. Les besoins en éducation, formation et protection s’inscrivent dans des tendances de long-terme, alimentés par des forces structurelles. Pour les entreprises, comme pour les États, valoriser le capital humain suit une logique aussi bien morale qu’économique.

 

1 Rapport OCDE «Regards sur l’Education 2018».
2 Barclays Equity Research (rapport du 21/01/2021 baptisé «Education Technology: Another A+ year ahead»).

 

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