Et si l’urgence, c’était la biodiversité?

Adam El Cheikh, Kepler Cheuvreux Solutions

2 minutes de lecture

Lutter contre la perte de biodiversité: le nouveau grand défi de notre monde... et des investisseurs!

La crise de la biodiversité est souvent assimilée à la perte de certaines espèces emblématiques, mais elle est en réalité beaucoup plus profonde et inéluctable car elle se réfère à toute forme de vie sur Terre. Nos modes de vie, nos industries, nos comportements ont durablement détruit la nature et les écosystèmes: disparition d’espèces, pandémie mondiale, défi alimentaire, épuisement des réserves d’eau...

Et si la sixième extinction de masse avait déjà commencé?

L’Indice Planète Vivante (IPV), indicateur d’état de la nature mesuré par WWF, montre entre 1970 et 2016 un déclin de 68% de la taille des populations suivies de mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons. La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’équivalent du GIEC pour le climat, alerte face à cette perte de biodiversité, qualifiée comme la sixième extinction de masse.

Le Stockholm Resilience Center, un groupe d’experts dédiés à l’étude des systèmes socio-écologiques, a cartographié les limites planétaires qui définissent l’espace sûr dans lequel l’humanité peut continuer à se développer durablement. Au sujet de la biodiversité, les limites sont aujourd’hui largement dépassées, augmentant le risque de faire face à des chocs sociétaux de grande ampleur dans les prochaines années.

Source: Wang-Erlandsson et al. (2022) Stockholm Resilience Center. 28 scientifiques internationaux, réunis par le Stockholm Resilience Center, ont créé en 2009 la notion scientifique de « limites planétaires ». Il s’agit des limites dans lesquelles l’humanité peut continuer à se développer, sans remettre en question la résilience de l’écosystème de la Terre. L’érosion de la biodiversité, taux d’extinction d’espèces animales et végétales, fait aussi partie de ces limites franchies.

Si l’essentiel des politiques en place se concentre sur la réduction des émissions de CO2, la crise sur la biodiversité devient aussi urgente que celle sur le climat et demande un engagement fort du secteur privé et public. D’autant plus que ces deux crises sont interdépendantes. Tout comme l’atténuation du changement climatique exige de réduire les émissions de gaz à effet de serre, inverser la perte de biodiversité demande de réduire les pressions exercées sur nos écosystèmes: changement de l’usage des sols, surexploitation des ressources, changement climatique, pollution et espèces exotiques envahissantes.

La biodiversité, un rôle clé dans notre économie

Notre économie repose largement sur les avantages et services offerts par nos écosystèmes naturels. Selon le forum économique mondial, plus de 50% du PIB mondial dépend de la nature. De l’agroalimentaire, à la santé, à la construction jusqu’à la mode, tous ces secteurs sont directement ou indirectement liés à la biodiversité.

Cependant, la plupart des entreprises n’intègrent pas encore la biodiversité dans leurs priorités. En parallèle, elles dépendent fortement de ses services, et ont une incidence en retour sur la biodiversité. Cette double matérialité crée alors des risques et des opportunités pour les entreprises et les secteurs associés aux solutions de demain.

Ces derniers mois, nous avons assisté au développement de nouvelles données ESG pour tenter de mesurer la contribution positive ou négative d’une société sur la biodiversité. S’il n’existe pas aujourd’hui de consensus autour des méthodologies existantes, les investisseurs ne doivent pas attendre pour agir positivement et accompagner ces transitions dans leurs portefeuilles.

Une sensibilisation en hausse avec une mobilisation mondiale

La récente prise de conscience des Etats a donné naissance à une organisation au niveau international pour contrer cette tendance. La COP 15, qui devrait se tenir en septembre, permettra aux gouvernements de fixer d’ici 2030 une feuille de route et un cadre global afin de protéger la biodiversité et les écosystèmes. Un double levier sera alors engagé:  durcir le ton pour les entreprises ayant un impact négatif et favoriser les acteurs offrant des solutions positives.

La finance est un outil essentiel pour la transition vers une économie plus soucieuse de l’environnement à l’instar de ce que nous avons vécu au cours de ces dernières années sur la cause climatique. Concernant la biodiversité, il en est de même. De plus en plus d’institutions financières de premier plan, comme CNP Assurances, ont présenté récemment leur engagement sur la biodiversité en l’intégrant pleinement dans leur politique de gestion des risques financiers et d’investissements.

Kepler Cheuvreux Impact Biodiversité: une nouvelle solution dédiée à la biodiversité marine et terrestre

S’il est encore possible d’agir pour enrayer ce déclin, il reste difficile d’intégrer ces nouveaux indicateurs dans les politiques d’investissements et d’identifier les solutions dédiées avec une offre encore limitée.

Dans ce contexte, Kepler Cheuvreux Solutions se mobilise en lançant Kepler Cheuvreux Impact Biodiversité, qui vise à favoriser les entreprises agissant positivement sur la biodiversité au travers de produits et services qui préservent la nature et des écosystèmes. La stratégie vise à sélectionner en moyenne 40 entreprises ayant le meilleur potentiel de croissance à long terme pour bénéficier de ces nouvelles opportunités. La composition du portefeuille s’appuie sur les bases de données fournies par ISS ESG et de la recherche ESG de Kepler Cheuvreux.

Afin d’assurer un impact concret sur la biodiversité, Kepler Cheuvreux Solutions s’engage à reverser une partie des frais sur encours à des projets de terrain en lien avec des fondations et des associations: protection des océans, reforestation, agroécologie...

Pour mesurer l’impact concret de notre solution et de notre mécénat environnemental, des rapports seront publiés sur une base périodique.