Est-il toujours pertinent d’investir dans un fonds daté?

Gérald Sinnasse, SILEX

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L’engouement des investisseurs pour les fonds datés se maintient grâce à des conditions toujours favorables. Explication.

L’environnement macro-économique est caractérisé par une forte incertitude sur les perspectives de croissance et d’inflation à court terme. Le débat en cours sur le type d’«atterrissage» éclipse l’essentiel: les obligations de qualité ont atteint des valorisations très attractives et compensent maintenant de façon très généreuse leurs investisseurs pour les risques d’inflation et de crédit sous-jacents. Cela est particulièrement prononcé pour les obligations de maturités intermédiaires (5+ ans) émises par des sociétés non-cycliques notées A à BB.

En effet, ce segment comporte le meilleur des obligations BB, celles qui ont pour vocation de (re)devenir «Investment Grade» et des obligations A à BBB, qui présentent une prime de risque intéressante tout en affichant une qualité de crédit très solide. Si l’on considère l’univers obligataire, ce segment présente le meilleur profil de rendement ajusté du risque à horizon 3 ans. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’investir dans des obligations moins bien notées (B ou CCC). En effet, le choc de taux de 2022 a engendré une compression des rendements, rendant les émetteurs risqués plus chers en valeur relative alors que leur risque de défaut augmente exponentiellement.

Pourquoi une maturité de 5-6 ans? En plus d’être un standard de maturité à l’émission pour les obligations d’entreprises, elle présente un ratio Sharpe ex-ante très attractif à horizon 3 ans. Par ailleurs, le nombre d’obligations actuellement disponibles expirant en 2027 ou 2028 est très élevé et continuera à croitre considérablement cette année avec de nouvelles émissions à 5 ans. L’univers d’investissement est donc très large et permet de construire un portefeuille très diversifié.

QUELS RISQUES DANS UN FONDS DATÉ?

Alors que les banques centrales occidentales approchent de leur taux terminal, la duration est un facteur qui présente des perspectives de performance future attractives. Cela étant dit, la duration n’est pas le principal risque dans un fonds daté – la maturité des obligations est faible et il n’y a pas d’actif perpétuel. En effet, si l’on n’investit que dans des obligations datées dont la maturité n’excède pas 2028, le risque de taux décroît pour converger tout simplement vers 0 à la maturité du fonds.

Les risques sectoriels et spécifiques (émetteur) méritent une attention particulière, surtout à ce stade du cycle économique. Une forte diversification reste le meilleur moyen de réduire au maximum la dépendance aux signatures individuelles. Mais de plus, un effort tout particulier doit être apporté pour ne choisir que des entreprises qui traverseront les cycles des 5 prochaines années de la meilleure manière. En effet, même si les risques de récession se sont atténués à court terme, les indicateurs économiques avancés anticipent un fort ralentissement de la croissance économique future. Dans cette optique, il est crucial de se focaliser sur des secteurs non cycliques. Enfin les valorisations sont à des niveaux tels qu’investir exclusivement dans les pays développés est largement suffisant.

UN BILAN POSITIF

6 mois après le lancement de Silex Horizon 2028, le résultat est au rendez-vous tout comme les perspectives de collecte future. L’encours du fonds a dépassé les 70 millions d’euros et la croissance des actifs sous gestion est ferme. Au-delà de ce début prometteur, l’intérêt des clients reste prononcé, le fonds répondant à un besoin de réinvestir dans l’obligataire de manière prudente. En effet, le fonds offre des rendements obligataires redevenus très attractifs dans un format simple, sans levier, avec une visibilité élevée sur les performances futures. Enfin, nous avons répondu à une demande soutenue pour une expertise crédit, afin d’accompagner nos clients dans un environnement de marché difficile.

LES QUESTIONS DES INVESTISSEURS

L’engouement pour cette stratégie a engendré de nombreuses discussions et a soulevé des questions et des commentaires dont un extrait nous parait intéressant de partager ici.

Quelle gestion des risques de crédit? Nous disposons d’une gestion des risques qui nous permet d’être réactifs quand un ou des évènements change(nt) la qualité de crédit d’une signature. Dans le cas extrême d’un «downgrade», comme le prospectus stipule que l’investissement ne peut pas se faire dans des obligations dont le rating et celui de l’émetteur sont en-dessous de BB-, le risque dans le cas d’un défaut est réduit drastiquement.

On se souvient des différentes crises de ces 15 dernières années lors desquelles la liquidité s’est parfois asséchée drastiquement. Nous avons fait le choix de n’investir que dans des actifs (obligations datées) dont la liquidité est élevée et dont les prix sont observables et traitables à tout moment d’une journée de trading classique.

Enfin, de nombreux clients souhaitaient pouvoir continuer d’aligner les portefeuilles de leurs clients après la période de souscription. Cela nous a amenés à la prolonger.