Enjeux climatiques: quel rôle pour le secteur financier?

DNCA Finance

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Après avoir publié en 2019 «8 clefs pour comprendre l’ISR», DNCA se penche sur les enjeux liés au changement climatique. 

Bien plus qu’une pandémie, le réchauffement climatique constitue une menace existentielle pour l’humanité. Les phénomènes météorologiques extrêmes vont se multiplier dans les prochaines années, preuves d’un profond dérèglement. Aujourd’hui, tous nous devons opérer des changements radicaux en matière d’énergie, d’habitat, de transports, d’alimentation…, tout en accélérant nos investissements dans les technologies vertes.

Après avoir publié en 2019 «8 clefs pour comprendre l’Investissement Socialement Responsable», DNCA se penche aujourd’hui sur les enjeux liés au changement climatique au travers d’un nouveau guide intitulé «8 clefs pour comprendre le défi climat».

Parmi les thèmes abordés figurent le rôle du secteur du financier comme acteur de la lutte contre le changement climatique. Le secteur financier intègre les enjeux du développement durable en se référant aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour analyser l’impact des activités de financements et d’investissements sur l’économie réelle. Les acteurs du secteur jouent un rôle moteur en rendant compatibles les flux financiers avec un développement à faible émission de gaz à effet de serre en cohérence avec l’Accord de Paris pour le climat et les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, c’est l’enjeu de la finance durable. Ce rôle de la finance s’est accompagné d’une prise de conscience des risques mais aussi des opportunités que le changement climatique fait apparaître sur les acteurs économiques et financiers. D’une ampleur mondiale, les chocs climatiques sont capables d’entraîner une dépréciation brutale des actifs et de déstabiliser nos systèmes économiques et politiques.

Reporting et stratégie climat des émetteurs

Pour contribuer à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris, le secteur financier ne doit pas simplement se contenter de désinvestir des secteurs intensifs en carbone mais bien de financier la transition des acteurs leaders de la décarbonation des secteurs de l’énergie, du bâtiment, du transport et de l’industrie. Leur stratégie climat doit, à partir de la mesure de l’empreinte carbone de ces acteurs, s’intéresser aux notions de risques climatiques, de trajectoire de décarbonation et de contribution positive à la décarbonation des activités les plus intensives. C’est à la fois un exercice d’analyse détaillée des activités des entreprises et de leurs actifs mais aussi une évaluation prospective d’intention et des moyens mis en oeuvre pour y arriver. La diversification des portefeuilles est également clé. Le risque de biais sectoriel peut être évité en menant une analyse différenciée des entreprises en fonction des risques et enjeux climatiques auxquels elles doivent faire face. On peut ainsi distinguer:

  • Les entreprises apportant des technologies bas-carbone ou de rupture;
  • Les entreprises offrant des solutions d’efficience;
  • Les entreprises à faible impact carbone par nature;
  • Les producteurs d’énergie.

Le cadre défini par la TCFD1 permet d’analyser les émetteurs et déterminer si la trajectoire de décarbonation d’une entreprise est compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. Il permet aussi de déterminer si l’entreprise contribue à la décarbonation d’autres secteurs via ses produits et services.

Stratégie climat et mesure d’impact

Les mesures d’alignement à une température permettent à l’investisseur de déterminer le positionnement d’un portefeuille par rapport à une trajectoire 2°C et ainsi mesurer l’impact positif ou non de son investissement. Un portefeuille aligné à un scénario 2°C comporte nécessairement une sélection d’entreprises en fonction de leur impact climatique et de leur trajectoire de décarbonation. La mesure de l’impact climat d’un portefeuille est réalisée en deux temps.

Evaluer l’impact sur le climat d’une entreprise: La mesure de l’impact climatique et de la trajectoire de décarbonation d’une entreprise est réalisée en mesurant différents indicateurs:

  • L’empreinte carbone permet d’évaluer l’impact d’une entité en matière d’émissions de gaz à effet de serre ainsi que sa dépendance aux émissions;
  • L’intensité carbone qui représente les émissions carbones de l’entreprise (généralement scope 1&2, rapporté au chiffre d’affaires en million d’euros);
  • L’alignement de l’entreprise sur un scénario 2°C. (exemple iSBT).

Ces indicateurs permettent d’évaluer son impact climatique mais ne renseignent pas sur la contribution de ses produits et services à la transition bas carbone.

Évaluer la contribution d’une entreprise à la transition bas carbone:

La contribution est réalisée en mesurant:

  • La part verte. C’est la part de chiffre d’affaires générée par des produits bas carbone. Cette part verte prend tout son sens dans le contexte de la mise en place de la taxonomie verte qui pousse les entreprises à devoir identifier leur part verte.
  • La part des investissements et innovations dédiée aux produits bas carbone. Cela permet d’évaluer si la contribution est pérenne et peut se renforcer dans le temps.
  • Les secteurs adressés. Elle est d’autant plus importante pour les secteurs les plus intenses en carbone (énergie, le transport, l’industrie et le bâtiment).
  • La mesure des émissions évitées. Une émission évitée est le fruit de produits et services dits «bas carbone2», qui permettent à l’utilisateur de réduire son impact environnemental. Celles-ci sont évaluées au regard d’un scénario de référence, qui traduit la situation dans laquelle le produit bas carbone n’aurait pas eu lieu.
La température d’un portefeuille est-elle pertinente?

Bien que la température d’un portefeuille soit simple, il n’existe, à ce jour, aucune méthodologie reconnue pour calculer cet indicateur. Une étude récente menée par l’Institut Louis Bachelier a identifié, sur le marché, 12 méthodologies différentes pour mesurer son alignement, dont 10 qui aboutissent à une température du portefeuille. Parmi ces initiatives, le CDP3 a récemment lancé un outil permettant de calculer la température d’un portefeuille. Cette méthodologie est basée sur un processus en 3 étapes:

  • Target protocol. Chaque objectif individuel mis en place par une société est évalué et converti en score de température à partir d’un modèle de régression linéaire basé sur un scénario climat.
  • Company protocol. Les scores des objectifs d’une entreprise sont regroupés pour former un score global.
  • Portfolio protocol. Les scores des entreprises sont pondérés pour évaluer un indice ou un portefeuille d’entreprises.

 

Pour en savoir plus sur les enjeux climatiques et l’approche de DNCA, rendez-vous sur le site Natixis Investment Managers.

 

Texte achevé de rédiger le 20/01/2021.

 

1 Taskforce on Climate-related Financial Disclosures.
2 Par «bas carbone», on regroupe l’ensemble des produits/services o.rant une fonctionnalité équivalente des produits/services classiques mais dont l’impact carbone, sur l’ensemble du cycle de vie de la solution, est moins important. ADEME 2020.
3 Carbon Disclosure Project.
 
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