En quête de valeur dans le crédit européen

Kirsten Bode, Muzinich & Co.

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Que ce soit dans les marchés cotés ou non cotés, le crédit européen offre des opportunités intéressantes.

À mesure que nous avançons dans l’année, les banques centrales semblent se diriger vers la fin de leurs cycles de hausse des taux. Cependant, alors que les pressions inflationnistes se sont atténuées, les données suggèrent une inflation plus résistante que prévu, alimentant toujours le spectre d’une récession.

Malgré l’incertitude ambiante, les marchés européens du crédit offrent des opportunités intéressantes, aussi bien dans le coté que dans le non-coté. Par rapport aux États-Unis, l’Europe, dont la politique monétaire ne se trouve pas au même stade de resserrement et dont le profil de risque est différent, affiche une prime.

Un système bancaire européen robuste

De manière générale, la qualité du crédit européen semble solide. Les entreprises se sont attelées à améliorer leur qualité de crédit, à réduire leur endettement et à renforcer leur couverture d’intérêts, en augmentant leurs liquidités au moyen de refinancements. Ainsi, une majorité des voyants étant au vert, ces entreprises ont toutes les cartes en main pour faire face au cycle économique. Dans le même temps, le marché «Investment Grade» renouant avec le rendement, la prise de risque, devenue moindre en termes de crédit, est surtout mieux récompensée.

Du côté du «High Yield», les défauts se font rares et devraient être relativement contenus pour le reste de 2023. En outre, le «High Yield» européen bénéficie d’une forte proportion d’obligations notées BB (environ 70%) qui affichent un faible taux de défaut historique et une large diversification sectorielle1.

Si le secteur financier a connu quelques turbulences, ce n’est pas le cas du système bancaire européen, bien plus solide que lors des précédentes périodes de tension. Les restrictions des conditions d’accès au crédit des banques et des marchés devraient donc davantage peser aux États-Unis, que sur le marché européen, plus robuste.

Une approche plus prudente

Toutefois, nous adoptons une vision plus prudente dans nos perspectives compte tenu du potentiel de risque. Il est donc recommandé de réduire le risque de crédit en s’orientant vers une meilleure qualité, ce qui devrait offrir une certaine protection en période de volatilité.

Dans le crédit non coté, les prêteurs ciblant le marché des PME sont en concurrence directe avec les banques. Toutefois, l’approche plus prudente des banques, en raison des craintes de récession et de la tendance à long terme au repli, continue d’offrir aux prêteurs privés des opportunités de crédit toujours plus nombreuses. En l’absence de concurrence, les prêteurs peuvent également se montrer de plus en plus sélectifs et préférer des structures plus prudentes et de meilleures conditions d’opération en termes de prix.

En Europe, la consolidation des banques est moins avancée, une aubaine pour les prêteurs directs en termes de volumes d’opérations, notamment sur le marché des PME où la concurrence est plus faible. En outre, les banques ayant tendance à alléger leur exposition aux sociétés majoritairement détenues par leurs fondateurs, ouvrent grand les portes du financement sponsorless, un marché naissant en Europe, mais voué à se développer à l’instar des États-Unis, avec à la clé de nouvelles opportunités de croissance pour les prêteurs.

Dans l’ensemble, face au regain d’incertitudes, la prudence reste plus que jamais de mise. Toutefois, les sociétés de bonne qualité, dotées de bilans solides et d’un potentiel de croissance, offrent toujours des perspectives de rendements intéressantes pour les investisseurs axés sur l’analyse fondamentale approfondie du crédit; cette dernière donnant une idée très précise des capacités d’une entreprise à rembourser sa dette.

 

1 Source: Moody’s Annual Default Study publié le 8 février 2022. Données disponibles les plus récentes utilisées,