En chemin vers une route de la soie plus «verte»

Fabien Bulliard, Fidelity International

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Dans l’ère post-COVID-19, la reprise chinoise pourrait être plus écologique grâce au soutien du gouvernement.

La remarquable croissance économique de la Chine renferme cependant un paradoxe. Depuis des années, le pays est le plus gros émetteur au monde de gaz à effet de serre et le premier producteur d’énergie renouvelable. Maintenant que la crise du COVID-19 pousse les grandes économies mondiales à lancer d’énormes programmes de relance, quel côté de la ligne de partage environnementale la Chine va-t-elle privilégier? La réponse est complexe.

Une lecture attentive de la politique du gouvernement, des engagements des entreprises et des pressions des investisseurs sur les enjeux ESG laisse à penser que la reprise de la Chine après l’épreuve du COVID-19 pourrait être nettement plus verte que son rebond après la crise financière mondiale d’il y a dix ans.

Nous avons bon espoir que la Chine saura saisir l’opportunité de s’orienter vers une croissance plus respectueuse de l’environnement que par le passé, tout en cherchant à réparer les troubles sociaux et économiques.

Rebondir avec quelques caractéristiques vertes

Comme d’autres pays, les priorités de la Chine sont d’abord de veiller à la santé et au bien-être de ses habitants, puis de relancer son économie. Une économie chinoise qui s’est contractée de 6,8% au premier trimestre et dont le gouvernement a promis d’importants investissements dans les infrastructures et d’autres projets afin de donner un coup de fouet à sa machine industrielle en perte de vitesse.

Toutefois, des entreprises, des marchés financiers, des consommateurs, des ONG, des groupes de réflexion, des universitaires et des planificateurs économiques exercent des pressions de plus en plus vives afin d’intégrer des aspects écologiques dans la reprise économique.

Afin de pérenniser un impact environnemental positif pendant les décennies à venir, des conseillers du gouvernement Chinois recommandent d’augmenter la proportion de projets verts, tels que des bâtiments durables et des technologies renouvelables, dans le cadre d’initiatives d’infrastructure financées par le gouvernement. Le Conseil des affaires de l’Etat de la République populaire de Chine s’est engagé à soutenir une «route de la soie verte» assortie de normes environnementales élevées pour les projets s’inscrivant dans son initiative internationale «Belt and Road». Il existe également une dynamique en faveur de l’imposition de références écologiques minimales pour les projets qui ne sont pas explicitement étiquetés comme étant verts.

Un changement positif via la politique

L’action des pouvoirs publics donne des raisons supplémentaires d’être optimiste quant à la capacité de la Chine à jouer progressivement un rôle de leader mondial dans le domaine du climat. Un exemple est la décision de la Banque populaire de Chine d’exclure le «charbon propre» (les projets qui rendent l’utilisation des combustibles fossiles plus efficace) de sa liste de projets éligibles aux obligations vertes.

La Chine s’aligne ainsi plus étroitement sur les normes internationales, même si elle n’a pas encore fixé de seuils d’émissions de carbone pour les émetteurs. Néanmoins, les ventes d’obligations vertes ont fortement rebondi après la correction du mois de mars, démontrant ainsi un regain d’appétit pour ce type de financement qui n’a cessé de gagner en popularité depuis 2015.

Un autre exemple est celui de la mise en place de subventions à l’achat de véhicules électriques pour les concessionnaires automobiles dans certaines villes.

La communication ESG est également une pièce importante du puzzle. Beaucoup s’attendaient à ce que 2020 soit l’année où la publication des facteurs ESG par les sociétés cotées et les émetteurs sur le marché obligataire primaire serait rendue obligatoire. Une telle décision permettrait aux investisseurs internationaux d’évaluer plus précisément le degré d’écologisation des entreprises chinoises.

Des obligations accrues en matière de publication pourraient désormais être retardées en raison du coronavirus, mais il existe des raisons de croire que l’engagement de la Chine en faveur d’une plus grande transparence et d’une application plus stricte de la législation environnementale va continuer de se renforcer. Son ministère de l’Environnement est aujourd’hui investi d’une bien plus grande autorité qu’auparavant.

Le secteur privé s’engage davantage

Les entreprises privées prennent également part à la relance de la Chine grâce à l’innovation et à une sensibilisation aux critères ESG en évolution et qui pourrait, à terme, se concrétiser par des industries plus vertes. Les entreprises chinoises opèrent déjà dans une société où leur valeur sociale est importante. Mais aujourd’hui, de plus en plus de grands investisseurs, tels que le géant de l’assurance Ping An, adhèrent aux Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies (dont Fidelity est également signataire) et mettent en place des équipes ESG internes et leur propre système de notation dans la mesure où de plus en plus de clients se soucient de l’environnement, de la sécurité alimentaire et de la pollution.

Dans le même temps, des géants technologiques tels que Alibaba et Baidu mettent en œuvre leur talent en matière d’IA (Intelligence Artificielle) pour développer des outils de diagnostic et d’analyse du COVID-19, et mettent cette technologie à la disposition de chercheurs. De nombreuses autres entreprises chinoises ont agi pour le bien de la société dans le sillage de la maladie et un exemple de dialogue des parties prenantes provient d’une plateforme de VTC. L’entreprise a pris soin de ses chauffeurs en mettant en place des centaines de stations de désinfection pendant la pandémie, en leur donnant deux masques gratuits par jour et en leur offrant une aide financière.

Ce type de responsabilité sociale des entreprises va être une force de changement. Même si les contours d’un monde post-COVID-19 demeurent flous, une convergence de facteurs - depuis les initiatives des pouvoirs publics jusqu’aux actions de sensibilisation des investisseurs internationaux, en passant par un nouvel engagement des entreprises en faveur du concept de «business-for-good», d’un modèle économique d’entreprise qui concilie rentabilité et développement durable - entretient l’espoir d’une croissance verte en Chine qui pourrait se faire ressentir bien au-delà de ses frontières.

 

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