Dix thèses pour 2022

Vincent Juvyns & Tilmann Galler, J.P. Morgan Asset Management

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La nouvelle année est placée sous le signe du retour à la normale.

kalhh@Pixabay

Après deux années de pandémie, les investisseurs abordent 2022 avec un mélange d’espoir et d’appréhension. En effet, l’année 2021 aura été le théâtre d’évolutions impressionnantes: avec une croissance du PIB mondial estimée à 5,8%, l’économie mondiale n’avait pas connu de tels chiffres depuis 1973. Malgré cela, les taux directeurs des pays développés sont restés faibles, aux alentours de 0,13% en moyenne. Doit-on dès lors s’attendre à un tournant dans la politique des taux en 2022? Vincent Juvyns et Tilmann Galler, stratégistes marché chez J.P. Morgan Asset Management, ont élaboré dix thèses sur ces questions afin de guider les investisseurs sur la voie à suivre en 2022.

1. Une croissance supérieure à la tendance, mais moins forte

Face à la pandémie, les marchés se sont d’abord effondrés avant de repartir en forte hausse. «Nous anticipons encore une  dynamique positive en 2022, même si les performances devraient revenir à la normale», déclare M. Juvyns. Alors que les indices des directeurs d’achat restent orientés à la hausse et que l’environnement d’investissement continue d’être favorable dans la plupart des pays développés, les effets des mesures de relance gouvernementales ne seront plus aussi sensibles qu’en 2021. En conséquence, la dynamique de croissance ralentit. Mais il ne faut pas non plus perdre de vue l’immense trésor de guerre que les ménages privés ont accumulé durant la pandémie tout en réduisant sensiblement leur endettement.

En revanche, le climat d’incertitude persistant en lien avec la pandémie modifie sans cesse les paramètres et a un impact sur la croissance. «Nous observons désormais une certaine saisonnalité caractérisée par une restriction des activités en hiver et des effets de rattrapage en période plus chaude», explique M. Galler. En conséquence, le coup de frein actuel pourrait céder la place à un rebond de la demande au deuxième ou au troisième trimestre.

2. L’Asie fait son grand retour

L’année dernière, l’Asie n’a pas été à la hauteur des attentes. La croissance a été relativement faible, surtout en Chine où Pékin a commencé à resserrer sa politique monétaire dès le début 2021, entre autres pour lutter contre spéculation immobilière. Mais l’ensemble de la région ASEAN a également souffert de la pandémie en 2021, notamment en raison de sa dépendance au tourisme. «En 2022, nous nous attendons à ce que l’Asie fasse son grand retour, au moins dans la zone du sud-est. Même si la Chine vise une croissance plus durable, Pékin devrait donner de nouveaux coups de pouce budgétaires à court terme afin d’éviter un «atterrissage brutal» de son économie. La situation devrait également s’améliorer en Asie du sud-est et dans la région ASEAN1. Les principaux facteurs fondamentaux qui sous-tendent la thèse de la «décennie asiatique» restent intacts en dépit des perturbations cycliques actuelles. En particulier, le Japon enregistre actuellement une accélération notable et une demande latente forte qui devraient avoir une incidence positive», estime Vincent Juvyns. L’heure est donc venue pour les investisseurs de se rapprocher de la région.

3. La flambée des prix s’atténue

La dynamique inflationniste devrait décélérer en 2022. Toutefois, même si les taux d’inflation baissent, ils devraient rester au-delà de la zone de confort des banques centrales. Par ailleurs, la détente des prix ne concernera pas toutes les composantes de l’inflation. Des risques d’inflation durables planent notamment sur le marché de l’emploi. «Les entreprises sont contraintes d’augmenter les salaires pour faire face à la pénurie de main d’œuvre et répercuteront la hausse des coûts sur les consommateurs dans la mesure du possible. Cette spirale salaires-prix attise l’inflation. La baisse du chômage et la hausse des salaires ont également une incidence sur l’augmentation des loyers», constate M. Galler.

4. Retrait des banques centrales: premier relèvement des taux aux Etats-Unis

Dans ce contexte inflationniste, les banques centrales devraient opérer une normalisation de leur politique monétaire. «Elles ont d’ores et déjà commencé à lever légèrement le pied et à réduire les injections de liquidités», explique M. Juvyns. La Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre devraient procéder à des relèvements de taux en cours d'année, mais le feront avec une grande prudence compte tenu de la situation sanitaire.

5. Désancrage des taux courts, hausse généralisée des rendements

La normalisation amorcée par les banques centrales aura un effet sur la courbe des taux qui devrait se «pentifier». «Nous continuons d’avoir de bonnes raisons de penser que la duration restera soumise à rude épreuve en 2022, mais que le mouvement sera généralisé et ne se limitera pas à seulement à l’extrémité longue de la courbe, mais touchera aussi les échéances courtes», souligne M. Galler.

6. Les emprunts d’entreprises feront mieux que les emprunts d’Etat

«Compte tenu des résultats solides des entreprises, nous continuons de penser que les emprunts d’entreprises battront les emprunts d’Etat et que cette dynamique se poursuivra tout au long de l’année», explique le stratégiste. La tendance à la baisse des défauts sur le segment du haut rendement en 2021 reflète cette évolution et devrait se maintenir en 2022.

7. Les bénéfices des entreprises augmentent, mais les marges diminuent

Vincent Juvyns en est certain: «Même si les meilleurs trimestres sont sans doute derrière nous, les bénéfices des entreprises devraient continuer d’augmenter. Toutefois, les coûts commencent à préoccuper les entreprises, qui observent des pressions sur les marges».

8. Les titres «value» l’emportent sur les valeurs de croissance, importance croissante du rendement des dividendes

Dans un environnement marqué par la hausse durable du prix des matières premières et l’augmentation des taux d’intérêt, les titres «value» pourraient mener le bal en 2022. Après trois années complètes de gains parfois impressionnants, la dynamique bénéficiaire en recul pourrait freiner le potentiel de rendement futur. Les stratégies axées sur les dividendes devraient donc revenir sur le devant de la scène en 2022.

9. Hausse de la volatilité par rapport à 2021

Face à la normalisation des politiques budgétaire et monétaire et au ralentissement de la croissance économique par rapport à 2021, Tilmann Galler s’attend à une augmentation de la volatilité en 2022. Les impondérables sur le front de la pandémie et de la géopolitique pourraient accroître la fébrilité des marchés. «Les stratégies macro constituent une source de diversification idéale pour les portefeuilles en période de hausse de la volatilité», souligne l’économiste.

10. La transition énergétique, moteur de la hausse des prix des matières premières

Les sociétés actives dans l’énergie et les matières premières sont-elles une partie du problème ou une partie de la solution? Il est établi que la transition énergétique a un prix: l’Agence internationale de l’énergie a en effet estimé que les investissements en énergies renouvelables devront atteindre 2300 milliards de dollars par an pour que l’énergie renouvelable puisse remplacer l’énergie fossile dans notre mix énergétique. La transition énergétique a également des répercussions sur les marchés. Le durcissement des réglementations applicables aux énergies fossiles a entraîné une diminution des investissements dans ce segment ainsi que dans l’extraction des matières premières. Mais la demande en matières premières augmente, notamment sous l’effet de la transition énergétique. Sans les matières premières nécessaires, il sera difficile d’atteindre la neutralité carbone. Pour faire partie de la solution au changement climatique, les sociétés actives dans les matières premières doivent donc être soutenues financièrement afin de couvrir leurs besoins croissants en matières premières tout en réduisant le plus possible l’impact environnemental de la production.

Les perspectives complètes de l’équipe Market Insights pour 2022 sont disponibles ici.

 

1 Association des nations de l'Asie du Sud-Est

 

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