La dette privée fait référence aux prêts accordés aux entreprises par des acteurs non bancaires, tels que des fonds privés. Bien qu’elle puisse offrir des rendements plus élevés que la dette cotée, il est généralement plus difficile pour les investisseurs non institutionnels d’accéder à ces stratégies de dette spécialisées. Cependant, le marché s’est considérablement ouvert au cours des dernières années: la classe d’actifs a continué de croître, de nouveaux véhicules d’investissement ont vu le jour, et la dette privée est devenue une source de financement essentielle pour un large éventail d’entreprises.
LE NOUVEAU VISAGE DU CRÉDIT
Avant la crise financière mondiale de 2008, les banques représentaient la principale source de prêts, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Elles offraient une large gamme de prêts, parfois avec des critères de crédit relativement souples. Cet environnement était alors soutenu par un cadre réglementaire qui permettait un effet de levier plus élevé et des exigences de capital moins strictes, permettant ainsi aux banques d’accorder des crédits avec plus de facilité. Dans le sillage de l’après 2008, les banques ont dû faire face à des règles plus strictes, affectant considérablement leur capacité à prêter. Les régulateurs ont introduit des mesures obligeant les établissements bancaires à maintenir des niveaux de capital plus élevés pour se protéger contre les pertes. Ils ont également imposé des limites d’endettement, restreignant la capacité des banques à prêter au-delà de certains niveaux. Finalement, ces contrôles ont rendu le prêt aux petites et moyennes entreprises moins attractif pour les institutions bancaires.
A mesure que les banques réduisaient leur activité de prêt, les fonds de dette privée sont intervenus pour combler le vide. Au début des années 2010, alors que les fonds de Private Equity accéléraient leur expansion et levaient des capitaux à un rythme plus rapide, ils avaient besoin de financements flexibles pour réaliser des acquisitions, restructurer des entreprises ou soutenir la croissance. Les banques étant fortement contraintes par les restrictions post-crise, la flexibilité de la dette privée s’est avérée particulièrement attractive, séduisant de nombreuses entreprises. A fin 2024, les gérants de Private Equity en Amérique du Nord disposaient de plus de 630 milliards de dollars de liquidités prêtes à être investies. En supposant qu’ils empruntent environ 55% de la valeur de chaque transaction, cela pourrait conduire à plus de 770 milliards de dollars de nouveaux prêts. La plupart de ces prêts devraient prendre la forme de dettes privées senior. Au cours de la dernière décennie, le crédit privé est devenu une source naturelle de financement pour les entreprises de toutes taille. Les résultats parlent d’eux-mêmes : depuis 2007, les encours mondiaux de dette privée ont augmenté à un taux moyen de 30% par an, atteignant 850 milliards de dollars en 2024.
DETTE PRIVÉE ET FLEXIBILITÉ
Une innovation majeure rendant la dette privée accessible aux investisseurs privés est le format de fonds semi-liquides. Les investissements traditionnels sur les marchés privés nécessitent souvent des engagements minimums élevés, des calendriers d’investissement complexes et immobilisent le capital pendant plusieurs années
Les fonds semi-liquides simplifient considérablement le processus d’investissement. Ils exigent un engagement initial plus faible et impliquent un paiement unique à l’avance, éliminant la nécessité de multiples contributions de capital. De plus, les investisseurs peuvent racheter leurs investissements périodiquement, sur une base trimestrielle ou annuelle, offrant une plus grande flexibilité et liquidité que les fonds privés traditionnels. La dette privée en tant que classe d’actifs s’adapte particulièrement bien à la structure semi-liquide car les prêts offrent des flux de trésorerie relativement prévisibles provenant des paiements d’intérêts réguliers. Les valorisations des prêts ont également tendance à être moins volatiles par rapport à d’autres classes d’actifs. En outre, les prêts sont répartis entre de nombreuses entreprises et secteurs d’activité, réduisant le risque et stabilisant les rendements. Enfin, la périodicité trimestrielle des intérêts de crédit autorise une distribution régulière de liquidités aux investisseurs. Celle-ci ajoute une couche de protection supplémentaire renforçant ainsi les fonds semi-liquides de dette privée comme une stratégie tout-terrain à travers les cycles.
ALLOCATION: TROUVER LE BON ÉQUILIBRE
Les investisseurs bien diversifiés ont tendance à répartir leurs investissements entre les marchés cotés (actions, obligations) et les marchés privés (Private Equity, dette privée, actifs réels), avec généralement 75% à 80% allant aux marchés cotés et 20% à 25% alloués aux marchés privés. Dans la partie d’un portefeuille investie dans les marchés privés, il est généralement recommandé d’allouer environ 20% à la dette privée, ce qui signifie que la dette privée constituerait environ 4% à 5% du portefeuille global. Même si elle constitue une portion relativement réduite d’un portefeuille, la dette privée se distingue par sa résilience historique à travers les cycles économiques. Les prêts connaissent généralement une volatilité inférieure à celle des obligations cotées, en particulier les obligations à haut rendement dites high yield, qui peuvent fluctuer considérablement en valeur. Pour les investisseurs cherchant une exposition au crédit, la dette privée offre un rapport risque-rendement globalement plus attractif par rapport aux obligations cotées. Une autre caractéristique attractive de la dette privée est l’existence des parts de distribution. Les fonds semi-liquides de dette privée offrent la plupart du temps ce type de parts, qui versent des revenus réguliers, généralement sur une base trimestrielle, au lieu de les réinvestir. Dans une structure semi-liquide, les parts de distribution offrent aux investisseurs des flux de trésorerie plus accessibles et prévisibles sans immobiliser leur capital pendant des années. La dette privée n’est plus réservée aux seuls investisseurs institutionnels. Grâce aux nombreux avantages des fonds semi-liquides, les investisseurs privés peuvent désormais accéder à cet actif stable générateur de revenus avec une plus grande flexibilité. Même une petite allocation a le potentiel d’améliorer la résilience globale d’un portefeuille.