Des plans de prévoyance LPP individualisés pour les cadres

Edric Speckert, PensExpert SA

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Dans la compétition pour attirer les meilleurs talents sur le marché du travail, les solutions de prévoyance proposées par les employeurs sont déterminantes.

Le salaire et les prestations salariales annexes jouent un rôle toujours plus grand dans le choix d’un emploi. En outre, les salariés – de plus en plus souvent aussi les jeunes cadres – sont également attentifs à la structure de la caisse de pension de leur employeur. Ceci est d'autant plus vrai lorsqu'ils prévoient de changer d'emploi, car ils peuvent dès lors comparer la solution de prévoyance de leur employeur actuel avec celle de leur nouvel employeur. Si ces derniers constatent que la solution de prévoyance du nouvel employeur est moins attractive, ils peuvent même parfois décider de renoncer à une nouvelle opportunité d’emploi pour ce motif.

Les réflexions dans le domaine du deuxième pilier sont particulièrement pertinentes au vu des développements politiques actuels. «Réforme des retraites», «relèvement de l'âge de la retraite», «baisse du taux de conversion» et autres mots clés dans ce contexte sont depuis plusieurs années omniprésents dans les médias. A cet effet, il n’est pas étonnant de constater que la prévoyance vieillesse demeure actuellement l'un des principaux sujets de préoccupation des Suisses. De nombreux sondages représentatifs l’illustrent chaque année. Dans le «Baromètre des préoccupations»1 du Credit Suisse, par exemple, le point «AVS/prévoyance vieillesse» était toujours en première position ces dernières années jusqu'en 2019. En 2021 – sans surprise – la pandémie du COVID-19 est devenue la principale source de préoccupation de nos concitoyens, suivie toutefois de près par la prévoyance vieillesse et le changement climatique.

Les chantiers du deuxième pilier

Les problèmes actuels sont bien connus: moins d'actifs financent toujours plus de retraités, les gens vivent plus longtemps, l'âge de la retraite, le taux d'intérêt minimal ainsi que le taux de conversion dans le deuxième pilier ne correspondent plus à la réalité sociale. Cela induit un effet perturbateur dans le deuxième pilier, à savoir la redistribution des assurés actifs vers les retraités. En moyenne, sur le long terme, les avoirs de vieillesse sont moins bien rémunérés en raison des diverses réserves qui sont constituées par les caisses de pension et qui réduisent de ce fait drastiquement la performance versée aux assurés.

Solution possible: un plan de prévoyance 1e

Il existe toutefois une solution attractive dans le domaine de la prévoyance des cadres pour répondre à la problématique de la redistribution: il est possible d'exclure de cette dernière les éléments de salaire supérieurs à 129’060 CHF et allant jusqu’à 860'400 CHF. Grâce à cette solution, chaque assuré peut décider librement de la manière dont son capital de prévoyance peut être investi dans le cadre des directives de placement de l’OPP 2.

Les employeurs qui se veulent attractifs assurent aujourd'hui de plus en plus souvent les salaires de leurs cadres dans des fondations collectives dites «1e», qui présentent divers avantages pour les deux parties. Les employés peuvent choisir une stratégie de placement personnelle dans le cadre des plans 1e et placer ainsi leurs avoirs de prévoyance en fonction de leur capacité de risque et de leur horizon de placement individuels. Le rendement obtenu à titre personnel appartient entièrement à l'assuré concerné et à lui seul (il en va logiquement de même pour une éventuelle perte); il n’y a donc aucune redistribution avec ce système.

En règle générale, ces plans 1e permettent de choisir parmi 10 stratégies de placement, dont l'une au moins doit être peu risquée (stratégie dite «low risk»). Si la capacité et la tolérance au risque de l'assuré sont élevées, de même que l'horizon de placement long, il est possible pour ce dernier d'investir dans une solution comprenant jusqu'à 85% d'actions et 40% de placements alternatifs. Ceci permet pour l'assuré un rendement plus proche de celui qu'il peut atteindre dans le cadre de ses investissements privés.

Par ailleurs, le capital de retraite placé dans un plan de prévoyance 1e est exonéré de tout impôt sur la fortune, de tout impôt sur le revenu, et de tout impôt anticipé jusqu’au moment de son retrait (au plus tard à l’âge de 70 ans). La combinaison de ces deux effets rend l'investissement dans ces solutions de prévoyance particulièrement intéressant.

Il en résulte que les plans de prévoyance 1e augmentent nettement l'attractivité d’un employeur. De plus, les collaborateurs qui ont été assurés dans le cadre d'une telle solution réfléchiront à deux fois avant de transférer leur capital de prévoyance dans une autre caisse de pension. Les employeurs modernes devraient véritablement considérer le potentiel lié aux solutions des plans de prévoyance 1e.

 

1 Source: Baromètre des préoccupations du Credit Suisse 2021: Les 10 principales préoccupations des Suisses en 2021.