Des bâtiments plus «verts»

Andrea Biscia, DECALIA

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Des chauffages et climatiseurs plus efficaces sont essentiels face à l’urgence climatique.

Outre leurs ramifications géopolitiques, économiques et humaines, les événements dramatiques en Ukraine ont poussé le prix du pétrole au-delà des 100 dollars, un énième rappel de la nécessaire transition énergétique. Les bâtiments générant aujourd’hui quelque 40% des émissions de CO2, il devient impératif de recourir à des procédés/matériaux de construction plus écologiques.

Le chauffage et la climatisation représentent à eux seuls près de la moitié de l'énergie consommée par un bureau ou une habitation standard. L'industrie mondiale du CVC – acronyme pour chauffage, ventilation et climatisation – pèse plus de USD 240 milliards et devrait croître de 50% d'ici 2030. Aux États-Unis, plus de 75% des foyers (90% des nouveaux) sont équipés de climatiseurs. Une prévalence qui est bien sûr plus faible en Europe, quoique les pompes à chaleur aient changé la donne, entraînant une croissance annuelle de 7% sur la dernière décennie.

Chauffage, ventilation et climatisation en ligne de mire

Des chiffres importants qui font du CVC une industrie particulièrement propice à une transition – et à l’investissement dans cette transition. Une meilleure efficacité énergétique passe avant tout par des progrès technologiques. Les onduleurs, en particulier, en contrôlant la vitesse du moteur du compresseur d'un climatiseur, permettent désormais de réguler la température ambiante à un niveau confortable tout en réduisant de plus de moitié la consommation électrique. Sans parler du bruit atténué! Notons que c’est le Japonais Daikin Industries qui domine actuellement le marché des climatiseurs, avec 11% du marché mondial en 2020, suivi par les Chinois Midea Group et Gree Electric Appliances, puis les Américains Trane Technologies, Johnson Controls et Carrier Global.

L'autre moteur important d’une amélioration de l'efficacité énergétique est bien sûr étatique, via des dépenses infrastructurelles, American Rescue Plan ou EU Green Deal notamment, mais aussi une réglementation plus stricte. Au 1er janvier 2020, les États-Unis ont fini d’éliminer le réfrigérant R22 (ou fréon) couramment utilisé dans climatiseurs – une mesure décidée de longue date vu le fort impact du R22 sur la couche d'ozone. Et, en 2023, le SEER (coefficient d'efficacité frigorifique énergétique) minimum imposé par le ministère américain de l'énergie passera de 13 à 14 – pour toute nouvelle installation de climatisation, mais aussi le remplacement d’un modèle ancien.

Cela étant, le chemin vers des bâtiments plus écologiques sera semé d’embûches. L’industrie du CVC, à l'instar de l'économie plus largement, connaît actuellement des soucis d’inflation et de pénuries – conséquences du Covid. Après le compresseur (30% du coût), le cuivre et l'aluminium figurent parmi les principaux composants d'un climatiseur résidentiel. Quant aux pénuries, elles concernent non seulement les équipements, mais aussi les installateurs qualifiés.

A terme, dès lors que l'efficacité opérationnelle des bâtiments aura été améliorée, il faudra aussi agir sur les émissions de carbone induites par leur construction. Selon certaines estimations, le «carbone incorporé» devrait en effet dépasser le «carbone opérationnel» d'ici 2035. Partant, les promoteurs devront se tourner vers des matériaux de construction alternatifs, tels que les substituts du ciment – malheureusement encore peu aboutis et coûteux. Du point de vue des investisseurs, une chose est cependant claire: un portefeuille ESG ne peut être construit sans quelques briques vertes…