De l’air frais s’il vous plait

Carole Millet, Syz

2 minutes de lecture

Le réchauffement climatique modifiera considérablement vos objectifs de rendement. Le jeu en vaut la chandelle.

Notre planète se réchauffe plus rapidement que prévu et nous devons dès lors nous préparer aux conséquences économiques. Devons-nous nous attendre à une réponse politique forte et inévitable? Probablement. Si tel est le cas, les énergies renouvelables, surtout les compagnies se concentrant sur l’efficience technologique, semblent donc prometteuses d’un bel avenir.

Revenons tout d’abord sur quelques faits. Si les conclusions apportées par la communauté scientifique quant aux effets du dérèglement climatique ne semblaient pas être prises trop au sérieux, le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est sans appel: oui nous sommes responsables de ce phénomène et oui les conséquences démographiques – donc économiques – seront sans précédents. Balayant d’un revers l’idée que nous pourrions nous limiter à une augmentation de 1.5 degrés d’ici 2050, la perspective d’atteindre ce scénario est pour demain.

6e rapport d’évaluation du GIEC1: données de base scientifiques 2021
Plus de problèmes que de solutions. Pour l’instant.

Nous avons observé ces derniers mois l’augmentation de bons nombres de mesures visant à ralentir le phénomène, que cela soit au travers d’allocations budgétaires, d’aides individuelles et encouragement au changement de type de (sur)consommation. Est-ce suffisant? La difficulté réside tant dans le besoin d’investissements massifs dans les énergies renouvelables, pour enfin sortir de la dépendance des énergies fossiles, que dans l’échéance critique du temps imparti pour le réaliser. Le succès de cette transition demande une planification minutieuse, une adhérence de toutes les parties prenantes et des engagements articulés de plans concrets et viables. Il serait donc naïf de penser que forcer de tels changements ne puissent pas poser plus de problèmes que de solutions. Pour preuve, le Royaume Uni dépend à 24% de l’énergie éolienne alors que le vent n’a que peu soufflé. La Norvège quant à elle valorise entre autres l’économie de l’eau, pour autant qu’il pleuve. La France, hier en discussion pour sortir du nucléaire, se retrouve aujourd’hui dans des plans d’urgences pour y revenir. Et puis, dans un climat d’investissement ponctué par la crainte inflationniste, il serait mortifère de reporter le coût de la transition énergétiques aux consommateurs.

Paris l’a promis, Glasgow doit délivrer

Après une semaine de débats sur la transition climatique, qu’en est-il de la COP26? Nous nous attendions à une réponse collective et unanimes de nos représentants. Si l’Europe s’est déjà fortement engagée au travers du plan EU Green Deal, les Etats-Unis ont quant à eux privilégié d’abord les infrastructures par le vote ce week-end, reportant la transition énergétique à plus tard. Quant à la Chine, absente, difficile de comprendre comment atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 si notre consommation en produits de tout genre continue d’augmenter. Le phénomène d’exportation des émissions carbones se poursuit, comme si nous n’avions rien retenu de 2020. Nous devons donc aussi régler le problème des inégalités.

La neutralité carbone n’est pas une fin en soi, encore moins si le projet ne se traduit pas en lois, en mesures claires. Promettre est une bonne chose, mais aboutir est tellement plus gratifiant.  

Les résultats passés ne sont pas un indicateur des performances futures

L’objectif de la finance, notre cœur de métier, est de produire un revenu qui pourra être consommé plus tard. En tant qu’investisseurs et représentants de nos clients, nous devons donc aligner nos portefeuilles par rapport aux résultats du rapport du GIEC. En premier lieu anticiper les risques de pertes en capital qui résultent de la disparition de l’écosystème de production des entreprises suite à des évènements climatiques, voire sociaux ou simplement à cause de désinvestissements. Ensuite reconnaitre les opportunités, répondre à l’appel d’entreprises engagées soit par leur capitaux (financiers ou humain), soit par leur vision à long terme. Oui bien sûr, certains secteurs tels que les services publics et de distribution de l’énergie continueront à souffrir de temps à autres de facteurs externes tels que hausses des taux, rotations sectorielles, valorisation, concurrence. Mais le couple rendement risque en vaut la peine. Les énergies fossiles représentent toujours plus de 80% de l’énergie produite dans le monde, le marché des renouvelables seulement 4%. A l’horizon 2050, ces dernières devraient atteindre 40%. Les progrès dans ce sens sont rapides et visibles, les coûts baissent et continueront de baisser. L’heure n’est plus aux débats de fin de soirée, mais à agir pour orienter les capitaux vers des solutions innovantes, pérennes et vouées à un bel avenir.

Alors nous pouvons ignorer les résultats de ce rapport, se dire que ma foi nous ne pouvons rien changer et garder la tête dans le sable. Ou bien choisir d’envisager le changement climatique comme une fantastique opportunité. Au-delà de notre responsabilité morale pour les générations futures, il en est aussi de celle en tant qu’acteurs de la finance. Un objectif collectif.